Un jour, un fort, s’adressant à un faible d’un ton hautain et humiliant,
L’accusant d’impuissance et d’incompétence : « Tu es niais et jamais gai. Moi, j’ai à la fois la force et l’alacrité !
Mon frère est l’Orgueil et ma sœur la Fierté!
Je suis né de notre mère l’Intrépidité !
Toi, tu es le fils d’Embarras et de Honte.
Nom de famille sans adresse et sans noblesse.
Le fruit de cette imperfection jusqu’à la malédiction.
Quelle pitié ! »
Le cœur serré, le faible, pareil à un sourd-muet, n’ose protester que sa pensée
Si grande et forte demeure non révélée. « Fort que tu es, pense-t-il, tu ne le demeures point à jamais.
Tu es la cible de ton pouvoir, lequel est parent d’Ignorance et d’Obscurantisme.
Dont le père n’est autre que Sadisme, et Violence son seul synonyme.
Le Silence est ma défense et la paix sa conséquence.
Le secret demeure un mystère et la cause ta méconnaissance.
Loin de la vérité, tes jours finiront dans l’obscurité.
Toi, tu serais l’incompétent, et moi, le puissant.
Et pitié !
Et prière!
Que ta pensée soit claire.
Et que la clarté du présent efface la nébulosité d’hier ! »
Hélas !
Le fort ne s’en lasse guère.
Et les mains austères de son père l’enlacent et le serrent.
Pour ne lâcher prise qu’aux enfers.
Entre les enfers et les cieux, les deux trouvent lieux et se séparent chacun d’une part.
L’un dénué de toute puissance.
L’autre béni par le Tout-Puissant.
Là-haut, les rôles s’inversent. Les théories se bouleversent.
Et grande, la Vérité se redresse.
« Pitié, pitié », font écho des cris de détresse
D’un surnommé fort qui se déclare faux et maître de paresse.
« J’ai le cœur lourd autant que les chaînes qui m’entourent.
Le malheur m’accable, et toi, je le vois,
le bonheur te caresse et t’embrasse de tendresse.
Tu es sauvé et moi damné.
Adieu, je cède mon âme ou plutôt je dirais : Ah démon... ! »
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