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Nos Lecteurs ont la Parole

Entre le cèdre et l’érable...

Catastrophes en apostrophes, accusés, relaxés, et économie exsangue… Une pause détente pour un pays longtemps ravagé par les intérêts personnels et les conflits d’intérêts. Une période cruciale pour un Liban zébré de cicatrices héritées d’un essaim de politiciens véreux et malhonnêtes. Un peuple « dépri-gai » dans un Liban déglingué.

Cela fait des années que le peuple suture et résuture les blessures puantes de son sentiment d’impuissance. Cela fait une éternité que les Libanais mènent une lutte acharnée contre l’injustice et la corruption, et pourtant, sans en tirer aucune leçon.

Cinq ans déjà à l’extérieur de mon pays natal. Cinq ans dans un pays hôte qui m’a accueillie à bras ouverts, par pure coïncidence. Le Canada n’était pas du tout prévu dans mon plan de vie, mais « qui prend mari prend pays ».

En cette année climatérique, j’ai pu valoriser la chance qui m’a souri en 2015 et qui m’a ouvert les portes de ce pays stable et tranquille, car malheureusement, vivre au Liban est devenu carrément impossible, du moins pour l’instant.

À chaque fois qu’un incident survient, on tend à penser que c’est le maximum. Or on est toujours surpris par la réalité qui dépasse la fiction. L’enchaînement dramatique des événements transcende toujours nos prévisions empoignantes qui laissent échapper un soupir à fendre l’âme.

Entre le Liban dans lequel j’ai grandi et le Liban que je survole à travers les médias sociaux existe une forte dichotomie. Mon Liban chante aux gazouillements des perdrix ; danse aux rythmes vivifiants de sa dabké ; et glorifie la voix de Feyrouz, Sabah et Wadih el-Safi. Dans le Liban d’aujourd’hui, on entend résonner le bruit agaçant des klaxons ; on bouge à bout de nerfs sur la mélodie politique ; et on se vante des voix physiquement charmeuses et embaumées de senteurs plastiques.

Au Liban, c’est normal de voir les barrages de l’armée, d’être témoins d’un déploiement soudain de soldats, ou même de prendre l’autobus à n’importe quel point. C’est normal que les gens conduisent à contre sens et qu’on paie des fortunes pour aller se baigner.

Figurez-vous aussi que la mémoire à court terme gouverne au pays. Les politiciens élus sont toujours les mêmes, malgré leur image brouillée aux yeux des Libanais. Certains sont malheureusement trempés jusqu’aux os dans la soupe désagréable des gouverneurs.

Au Liban, aucun plan ne peut survivre.

Tu comptes ouvrir un resto ? Tout est fermé : guerre 2006 contre Israël.

Tu envisages d’acheter une maison ? Suspension des prêts au logement.

Tu voudrais retirer ton argent de la banque ? Aucun sou ! C’est bien la dernière crise révolutionnaire au pays.

Là-bas, on se spécialise sans décrocher aucun emploi, on passe la vie à travailler sans avoir droit à une retraite décente, on épargne et soudain, on est à court d’argent…

Eh oui, il fait très « frette » parfois à Montréal avec -45 degrés, mais « ce n’est pas si pire », on s’habitue. La stabilité et les nouveaux liens tissés avec un beau réseau de personnes rend la vie plus paisible.

Oui, j’aime le Canada, mais j’ai encore le cœur greffé aux vieux édifices de mon quartier, aux rassemblements chez mes grands-mères, à mon école aux pierres jaunes et à mon village qui protège dans ses arbres l’innocence de mon enfance et de mon adolescence…

Oui, je suis chanceuse d’être ici, dans un pays d’accueil qui m’a offert territoire et citoyenneté ; de pouvoir bâtir un futur sécuritaire ; de planifier et d’atteindre le but.

Pourtant, je ne peux qu’exprimer ma profonde tristesse mêlée à la colère accrue devant la situation délicate et préoccupante au Liban qui reste, malgré tout, une histoire d’amour aveugle et fou !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Catastrophes en apostrophes, accusés, relaxés, et économie exsangue… Une pause détente pour un pays longtemps ravagé par les intérêts personnels et les conflits d’intérêts. Une période cruciale pour un Liban zébré de cicatrices héritées d’un essaim de politiciens véreux et malhonnêtes. Un peuple « dépri-gai » dans un Liban déglingué.Cela fait des années que le peuple suture et résuture les blessures puantes de son sentiment d’impuissance. Cela fait une éternité que les Libanais mènent une lutte acharnée contre l’injustice et la corruption, et pourtant, sans en tirer aucune leçon.Cinq ans déjà à l’extérieur de mon pays natal. Cinq ans dans un pays hôte qui m’a accueillie à bras ouverts, par pure coïncidence. Le Canada n’était pas du tout prévu dans mon plan de vie, mais...
commentaires (1)

Je vous laisse à votre naïveté ou je vous rappelle le racisme qu on a subi au Québec? Il n y a aucune joie de vivre au Canada , ici c est boulot , dodo et remplir interminablement des papiers . Il n y’a pas d amour au Canada , il n y’a pas de foi au Canada , il n y a pas d amitié au Canada , alors pour l amour du ciel qu ´aimez -vous donc ici dans ce pays de froideur ? C est l anti- culture personnifiée ....

Robert Moumdjian

02 h 53, le 18 juin 2020

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Commentaires (1)

  • Je vous laisse à votre naïveté ou je vous rappelle le racisme qu on a subi au Québec? Il n y a aucune joie de vivre au Canada , ici c est boulot , dodo et remplir interminablement des papiers . Il n y’a pas d amour au Canada , il n y’a pas de foi au Canada , il n y a pas d amitié au Canada , alors pour l amour du ciel qu ´aimez -vous donc ici dans ce pays de froideur ? C est l anti- culture personnifiée ....

    Robert Moumdjian

    02 h 53, le 18 juin 2020

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