Le 6 juin 2020 sera sans doute la page la plus noire de l’histoire du Liban moderne. Ce jour-là, le soulèvement a prouvé encore une fois que l’on vit une vraie catastrophe marquée par le démantèlement moderne du Liban, au niveau social, culturel et spirituel. Les lignes de démarcation, comme par miracle, ont ressurgi, les armes automatiques ont réapparu et chacun la main sur la gâchette s’est dit prêt à défendre son microterritoire, sa religion et sa minirépublique. Et si, selon certains psychologues, la haine est ancrée toujours dans chaque âme libanaise, certains la vivent et lui font face, alors que d’autres la laissent les envahir ou ne l’écoutent pas. Une chose est certaine, la formule de ce système tribal confessionnel, où quatre ou cinq chefs de chaque rite ou religion continuent de nous gouverner, a bien échoué.
Pires aussi sont les propositions scandaleuses de cette caste qui vous propose, pour sortir de cette impasse, tantôt de bâtir des stations pour fournir l’électricité à chaque religion, et tantôt de vous confisquer l’argent dans les banques et de ne le rembourser qu’après avoir créé une caisse virtuelle, ou avec des îlots paradisiaques qu’ils vont bâtir puis vendre. Vous serez alors récompensés. Et ici on se demande si le peuple libanais est tellement bête pour les croire surtout qu’avec la famine qui frappe aux portes, on vivra bientôt la pire catastrophe enregistrée depuis 1918 et qui avait touché le Mont-Liban, entraînant la disparition d’environ le tiers de sa population. Ne faudrait-il pas tirer les leçons du passé et se rappeler qu il est temps de bâtir une nation forte et non plus trouver des solutions provisoires, comme celle de créer une province autonome, la « moutassarifiya », gouvernée selon une base communautaire après la guerre civile de 1840-1860, ou aussi l’accord de Taëf en 1989, après la guerre civile de 1975, aussi sur base communautaire.? La solution enfin, vous diront certains? La réponse est simple : rebâtir le Liban comme il l’était durant un certain temps, la Suisse d’Orient, un État laïc et tout à fait indépendant des conflits régionaux et ayant de bonnes relations sans ingérences avec les pays voisins.
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.
A SE RE-DEMANDER POURQUOI ON A FAIT TANT DE CHICHI APRES QUE CHEIKH KABALAN LE JEUNE AVAIT ENONCE LA MEME SYNTHESE, CELLE DE L,ECHEC DE L'EXPERIENCE DU MODE OPERATOIRE DE NOTRE SYSTEME !
11 h 17, le 17 juin 2020