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Politique - Liban

Emeutes : Aoun craint "de dangereuses répercussions"

"Des voyous dans la rue qui détruisent le pays et ses institutions, alors que l'Etat observe cela ? Pourquoi ?", se demande le Premier ministre Hassane Diab, lors d'une réunion du Conseil supérieur de défense au palais de Baabda.

Emeutes : Aoun craint

Le président libanais, Michel Aoun (c), présidant à Baabda une réunion du Conseil supérieur de la défense, le 15 juin 2020. Photo Dalati et Nohra

Le président libanais, Michel Aoun, qui a présidé lundi une réunion du Conseil supérieur de  défense au palais de Baabda, a dit craindre "de dangereuses répercussions" aux violentes émeutes qui se sont produites ces derniers jours à Beyrouth et à Tripoli, dans le contexte de manifestations anti-pouvoir déclenchées par une forte dépréciation de la livre libanaise à l'ombre de la grave crise économique qui ébranle le pays.

"Les actes de vandalisme qui ont eu lieu dernièrement et qui ont revêtu, dans certains cas, un caractère confessionnel et communautaire, sont devenus inacceptables, tout comme les attaques systématiques contre les forces de sécurité et les forces armées. Cela présage de dangereuses répercussions", a mis en garde le président Aoun, lors de la réunion à laquelle ont pris part le Premier ministre, Hassane Diab, ainsi que les ministres concernés et les chefs des services de sécurité et hauts gradés de l'armée. Le chef de l'Etat a en outre insisté sur "la nécessité de prévoir des opérations préventives pour arrêter les instigateurs et les planificateurs de ces actes de vandalisme, afin de limiter de tels actes et de les empêcher de se reproduire".

A la fin de la réunion, le Conseil supérieur de la défense a décidé de "renforcer la coopération entre les services sécuritaires pour éviter les actes de vandalisme et se montrer intraitables avec les fauteurs de troubles", a affirmé le général Mahmoud el-Asmar, secrétaire général du Conseil en question. Il a toutefois rappelé que les décisions du Conseil supérieur de défense restent secrètes en vertu de la loi.

Dans ce contexte, l'armée menait des perquisitions à Tripoli, à la recherche des fauteurs de troubles de ces derniers jours. Le ministre de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, a pour sa part imposé un couvre-feu aux motos, entre 17h et 6h, dans le centre-ville de Beyrouth.

"Anormal"

Le pays connaissait lundi un calme relatif après plusieurs jours de manifestations tendues. Dimanche soir, un rassemblement s'est tenu dans le calme dans le centre de la capitale Beyrouth, tandis que plusieurs dizaines de manifestants ont rallié une place centrale de Tripoli (nord), deuxième ville du pays. De jeudi soir à samedi soir, plusieurs manifestations et blocages de routes ont eu lieu à travers le pays, notamment à Beyrouth et Tripoli, où les forces de sécurité ont parfois eu recours à des tirs de gaz lacrymogènes voire des balles en caoutchouc, contre des manifestants qui ont lancé des pierres et saccagé banques et commerces. Plusieurs dizaines de blessés ont été rapportés. Ces rassemblements ont été déclenchés par une forte dépréciation de la livre libanaise qui a atteint jeudi le seuil historique des 5.000 livres pour un dollar, les médias évoquant même les 6.000 livres. Indexée sur le dollar depuis 1997 au taux fixe de 1.507 livres pour un dollar, la monnaie nationale a dévissé la semaine dernière sur la marché parallèle, frôlant les 6.000 livres. Les autorités ont annoncé l'injection de dollars sur le marché pour faire baisser le taux de change et enrayer l'envolée des prix. Vendredi le taux avait baissé et, lundi, le dollar s'échangeait à 4.200 livres, selon un changeur de Beyrouth contacté par l'AFP.

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"Ce qui se passe dans le pays est anormal. Il est clair qu'il y a une décision, quelque part, sur le plan interne ou externe, ou peut-être les deux à la fois, afin de miner la paix civile et menacer la stabilité sécuritaire. Ce qui se passe comporte de nombreux messages dangereux. Il est inacceptable que les responsables de cette action ne soient pas identifiés", a pour sa part martelé Hassane Diab lors de la réunion du Conseil supérieur de défense. "Des voyous dans la rue qui détruisent le pays et ses institutions, alors que l'Etat observe cela ? Pourquoi ? Il ne s'agit pas de manifestations contre la faim et la situation économique. Il s'agit d'une opération de sabotage planifiée. Il faut qu'il y ait une décision ferme pour faire face à cette situation qui s'aggrave. Il faut arrêter ceux qui incitent, ceux qui financent et ceux qui dirigent" ces émeutiers, a insisté le Premier ministre.

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Plus tôt dans la matinée, Hassane Diab avait présidé au Grand Sérail une réunion sécuritaire et financière axée sur la dépréciation de la livre. Après avoir qualifié les actes de vandalisme de "catastrophe", il a affirmé que "les voyous sont là pour détruire, et leur place est en prison, un point c'est tout !". Il a ainsi demandé aux services de sécurité et la justice d'enquêter et de traduire en justice les fauteurs de troubles.

La crise économique sans précédent du Liban a été un des catalyseurs du soulèvement inédit déclenché en octobre pour dénoncer une classe politique quasi-inchangée depuis des décennies, accusée de corruption et d'incompétence. Le gouvernement a mis sur pied un plan de réformes pour tenter de relancer l'économie, et entamé des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir des aides permettant au pays de se relever. Les autorités prévoient une inflation de plus de 50% pour 2020, dans un pays où 45% de la population vit déjà sous le seuil de la pauvreté et plus de 35% de la population active est au chômage.

Illustrant les tensions, des manifestants se sont opposés samedi à Tripoli au passage de camions qu'ils soupçonnent de contrebande vers la Syrie voisine. Il s'agit toutefois d'un convoi d'aides alimentaires affrété par l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge. Les 39 camions sont toujours au Liban.

Le président libanais, Michel Aoun, qui a présidé lundi une réunion du Conseil supérieur de  défense au palais de Baabda, a dit craindre "de dangereuses répercussions" aux violentes émeutes qui se sont produites ces derniers jours à Beyrouth et à Tripoli, dans le contexte de manifestations anti-pouvoir déclenchées par une forte dépréciation de la livre libanaise à l'ombre de...

commentaires (8)

L'homme "fort" ne doit rien craindre.

Esber

08 h 00, le 16 juin 2020

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Commentaires (8)

  • L'homme "fort" ne doit rien craindre.

    Esber

    08 h 00, le 16 juin 2020

  • Dangereuses répercussions...wow ! Donc avec la banqueroute complète, le gouvernement qui ne sait que débiter des discours dignes des mou'aalaqat aassr al jahilia, le dollars a des sommets himalayiens, le hezb qui rend Beyrouth tout entier un canton de la dahieh, les syriens qui raflent notre mazout, notre farine, nos dollars et notre liberté et l'on vient juste de réaliser que les repercussions sont dangereuses... on nous prend pour des vrais c..s...........

    Wlek Sanferlou

    00 h 39, le 16 juin 2020

  • Fier d’avoir connu le "Liban Fort"...

    Gros Gnon

    22 h 00, le 15 juin 2020

  • C,EST PAR LA TETE QUE LE POISSON POURRI SE RECONNAIT COMME TEL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 55, le 15 juin 2020

  • qu'y a-t-il de plus dangereux pour le citoyen libanais que la situation dans laquelle il se trouve? J.P

    Petmezakis Jacqueline

    16 h 37, le 15 juin 2020

  • Le gouvernement a mis sur pied un plan de réformes pour tenter de relancer l' économie , et entamé des négociations avec le Fonds monétaire ou sont les reformes ? les voyoux sont toujours là , parler de reformes économiques vous vous trompez de cible ce sont les reformes de l état que demande le peuple l abolition du confessionnalisme ,dissoudre l assemblé , provoquer des nouvelles éléctions poursuivre les corrompus , les voleurs qui ont désossé le peuple et ruiner l état qu est ce que vous attendez pour agir une guerre civile ? vous l aurez si vous ne faites rien c est pas en arretant quelques uns vous calmez la faim des gens.

    youssef barada

    16 h 31, le 15 juin 2020

  • Ah, il se reveille, les voyous à scooter détruisent et les appareils sécuritaires observent, vous avez dit 100 jours?

    Christine KHALIL

    15 h 29, le 15 juin 2020

  • C’est honteux que le premier ministre se moque de l’intelligence des gens comme celà, alors que le jeu de dupes en cours, se déroule à ciel ouvert ! Lui même ayant annoncé , il n’y a pas longtemps de celà, que l’Etat n’était pas en mesure de protéger les citoyens.. Mais de qui ? De ceux-là même qui continuent de piller le pays, de l’entraîner contre son gré sur un terrain qu’une poignée de miliciens a choisi ? La violence est le dernier recours contre le désespoir, et l’impuissance, il ne faut pas l’oublier !

    LeRougeEtLeNoir

    15 h 25, le 15 juin 2020

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