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Lifestyle - Un peu plus

Al-chaab el-lebnéné

Al-chaab el-lebnéné

Capture d’écran.

Ce qui fait et défait le Liban, c’est définitivement son peuple. La richesse de notre pays, c’est son peuple. La gangrène de notre pays, c’est son peuple. Allez gérer ce sentiment schizophrène envers nos compatriotes. Tour à tour on les aime et on les déteste ; on les admire et on les méprise. C’est exactement ce que nous avons pu ressentir samedi lors de la renaissance de la thawra. Il y a tout d’abord ceux qui sont descendus. À 15h, sous un soleil écrasant, leur masque collé au visage et la peur au ventre. Il y a ceux qui ont pris des risques, bravant, comme d’habitude, cette espèce de combo malsain forces de sécurité/petites frappes, entre gaz lacrymogène et jets de pierres, insultes de part et d’autre, pneus qui brûlent et casseurs en chaleur. Il y a ceux qui ont (re)brandi leur drapeau en berne depuis le début de l’année. Le drapeau libanais, parce que n’appartenant à aucun parti, n’ayant pas fait allégeance à un de ces connards de zaïms et ne se vantant pas d’appartenir à telle ou telle confession. Ceux-là, celles-là sont le peuple que l’on aime. Qu’ils soient bourgeois ou pas, jeunes ou d’âge plus mûr, ce sont eux les Libanais.

Et il y a les autres. Tout d’abord ceux qui ne sont pas descendus, préférant la verdure du jardin de leur chalet à la montagne (Faqra en tête), le rivage d’une plage (Batroun en tête), l’entrecôte beurre maître d’hôtel (la cuisine française en tête) ou le confort de leur canapé dans lequel ils s’écrasent depuis de longues semaines… sans aucun scrupule. Mais alors aucun. Il suffisait de scroller sur les réseaux sociaux pour voir l’alternance absurde des photos des tirs de bombes lacrymogènes encore plus fortes que les précédentes et le coucher de soleil au Montagnou, prises par ces mêmes gens qui se plaignent durant la semaine de l’état du pays, de l’économie ou de leurs finances ; ou par des pseudo-aristocrates qui vivent dans leur bulle. On prend les mêmes et on recommence. Un jour. Un samedi. Un 6 juin. C’est tout ce qu’on leur demandait. Un jour à consacrer à leur pays. Celui qu’ils aiment détester quand cela leur convient. Et qu’ils détestent aimer parce que ça leur rappelle leur ingratitude.

Il y a ceux qui ne trouvaient pas utile de descendre, parce que comme d’habitude, la chou ? Effectivement, la chou ? Comme si les choses avaient changé depuis le 17 octobre 2019, que les banques s’étaient remises à nous donner des dollars, que la livre était bi alf kheir, que le chômage avait baissé, que le gouvernement était devenu clean, que la corruption avait disparu, que l’argent volé nous avait été rendu et que les déchets étaient proprement incinérés. Ceux-là, au lieu de (se) manifester, ont inondé les réseaux sociaux de leur solidarité avec #blacklivesmatter, alors que la jeune fille qui travaille chez eux n’a pas le droit de sortir et qu’ils détiennent son passeport.

Et puis il y a ceux qui sont descendus, descendus pour tout casser, au nom de leur parti à la tête duquel se trouvent encore les mêmes chefs de guerre ou leur progéniture. Kellon yaané kellon bass mich… et la liste est longue. Mich Nasrallah, mich Berry, mich Geagea, mich Gemayel, mich Joumblatt, mich Saad et maintenant mich Baha’. Plus cons tu meurs. Et voilà revenue la peur d’une guerre fratricide. D’une nouvelle guerre civile. Comme si la précédente ne leur avait rien appris. Comme si, depuis 1975, aucune leçon n’avait été tirée. Que même si Michel Aoun et Samir Geagea s’étaient entretués, emportant avec eux des centaines de morts, puis réconciliés, puis re-haïs, ils les adulent encore. Idem pour tous les autres. Et les revoilà, se tirant dessus à Mazraa ou à Chiyah parce que l’un est sunnite et l’autre chiite; se jetant des pierres à côté du Parlement parce que le crétin d’en face a insulté son chef de clan. On n’est plus dans le Hela, hela, hela, hela ho bon enfant.

Heureusement que l’Histoire nous a montré que rien n’est éternel. Que la vie est faite de cycles. Qu’une minorité peut soulever des montagnes et faire tomber les plus puissants. Heureusement que l’Histoire nous a montré que rien n’est éternel, sauf peut-être la bêtise humaine.

Ce qui fait et défait le Liban, c’est définitivement son peuple. La richesse de notre pays, c’est son peuple. La gangrène de notre pays, c’est son peuple. Allez gérer ce sentiment schizophrène envers nos compatriotes. Tour à tour on les aime et on les déteste ; on les admire et on les méprise. C’est exactement ce que nous avons pu ressentir samedi lors de la renaissance de la...

commentaires (4)

on a prit l habitude d affamer le peuple pour mieux le dominer et lui donner à manger ca toujours était le cas au liban mais cette fois il n y aura rien à manger les donateurs étrangers ont bien comprit le manège de ceux qui gouvernent. la majorité des libanais commencent à comprendre pour cette raison ils doivent s unir et agir ensemble et chasser toute la racaille et tous les voleurs et decréter un etat civil laic non confessionnel sinon que dieu protège le liban et le peule libanais .

youssef barada

15 h 30, le 12 juin 2020

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Commentaires (4)

  • on a prit l habitude d affamer le peuple pour mieux le dominer et lui donner à manger ca toujours était le cas au liban mais cette fois il n y aura rien à manger les donateurs étrangers ont bien comprit le manège de ceux qui gouvernent. la majorité des libanais commencent à comprendre pour cette raison ils doivent s unir et agir ensemble et chasser toute la racaille et tous les voleurs et decréter un etat civil laic non confessionnel sinon que dieu protège le liban et le peule libanais .

    youssef barada

    15 h 30, le 12 juin 2020

  • Cet article décrit parfaitement la mentalité libanaise qui consiste à se plaindre mais ne veut en aucun cas déroger à ses habitudes. On critique le gouvernement, les gens qui sont dans la rue, les manquements quotidiens dans leur vie mais on regarde les choses pourrir sans lever le petit doigt. Les 4 millions de libanais aurait du être dans la rue depuis le le premier jour de cette révolte pour peser , mais non on préfère regarder à la télé ce qui se passe et commenter sur les réseaux sociaux. Un peuple qui ne se soulève pas est un peuple mort et voilà ce qui nous attend. Je le dit la mort dans l’âme mais si le peuple continue à espérer une solution venue d’ailleurs ils peuvent attendre car la fin n’est pas pour demain et elle sera dramatique pour nous tous.

    Sissi zayyat

    12 h 09, le 08 juin 2020

  • MA FI CHAAB LEBNENE, FI SOURI-LEBNEBNE FI IRANI-LEBNENE FI S3OUDI-LEBNENE FI MEN KEL MA3AMER RABNA-LEBNENE BASS MA FI LEBNENE-LEBNENE... QUEL DOMMAGE ! ET MALHEUREUSEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 09, le 08 juin 2020

  • pourquoi le mouvement ne forme -t -il pas un parti politique citoyen? organisé ,financé par ses partisans ,reconnu par les siens (ne revons pas ,l'officiel le niera! ) ceint de son drapeau libanais et oeuvrant pour les libanais ? cela changerait des dissensions habituelles et donnerait la force et le reconnaissance qui lui manquent ;et SURTOUT le mettrait à l'abri des débordements et peut etre des manipulations; je propose MCL (mouvement citoyen libanais) avec mon profond attachement ;J.P

    Petmezakis Jacqueline

    09 h 32, le 08 juin 2020

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