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Société - Travailleuses migrantes

Caritas héberge 37 ressortissantes éthiopiennes vulnérables, jusqu’à leur rapatriement

Une trentaine d’employées de maison migrantes sont, depuis hier, à leur tour à la rue.

Le Centre Caritas pour migrants a affrété un bus pour transférer les ressortissantes éthiopiennes vers le refuge de l’association. Photo Ani

Leur détresse a ému l’opinion publique. Trente-sept travailleuses éthiopiennes en situation de grande vulnérabilité sont aujourd’hui en sécurité au refuge de Caritas, où elles sont nourries, blanchies et soignées, jusqu’à leur retour dans leur pays. Hier matin, après avoir été testées négatives au coronavirus, 35 y ont été transférées en bus depuis l’hôtel de Beyrouth où elles avaient été provisoirement installées par le ministère du Travail, et deux autres les ont rejointes dans l’après-midi. Une prise en charge qui a fait l’objet d’une coopération entre le ministère du Travail, l’association caritative Amel, l’association humanitaire Caritas et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Depuis plusieurs jours, ces employées de maison migrantes vivaient sur le trottoir devant l’ambassade d’Éthiopie à Hazmieh, attendant en vain que leur consulat veuille bien les héberger, avant de les rapatrier. Certaines abandonnées par des employeurs incapables de leur payer un salaire, sous prétexte qu’ils sont touchés par la crise financière et la dépréciation de la livre libanaise. D’autres venues de leur plein gré dans l’espoir de rentrer chez elles. Payées en livres libanaises depuis le début de la pénurie de dollars américains à un taux qui leur est défavorable, souvent sans salaire depuis plusieurs mois, elles ne trouvent plus aucun bénéfice à travailler au Liban. Il y a enfin les travailleuses en situation irrégulière qui, après avoir fui des employeurs abusifs et trouvé des travaux domestiques journaliers, n’arrivent ni à envoyer de devises à leurs familles ni à joindre les deux bouts.

Une prise en charge sanitaire, sociale, légale…

« Nous avons affrété un bus, vendredi matin, qui a conduit les ressortissantes éthiopiennes de l’hôtel au refuge du Centre Caritas pour migrants », confirme à L’Orient-Le Jour la responsable de la communication auprès de l’association, Rouba Dirany. « Ces femmes sont désespérées. Elles ont passé plusieurs jours dans la rue, sans repas chaud, sans hygiène. Certaines présentent des maladies chroniques ou des troubles mentaux, confie-t-elle. Nous allons les prendre en charge, les soigner et leur assurer des formations en attendant leur rapatriement en Éthiopie. Nous allons aussi traiter leurs dossiers légaux, au cas par cas. » Car avant tout rapatriement, « la situation de chaque travailleur migrant doit être régularisée ». Et parmi ces ressortissantes éthiopiennes, nombreuses sont celles qui n’ont pas leur passeport, confisqué par leur employeur. Certaines se plaignent aussi de n’avoir pas été payées depuis plusieurs mois, d’autres, encore, ont possiblement commis des délits. D’où « la nécessité de reconstituer chaque dossier » avec l’aide du ministère du Travail et de la Sûreté générale. « Tout le soutien que nous assurons aux travailleurs migrants se fait par le biais de donateurs internationaux », insiste Mme Dirany, rappelant que l’association humanitaire apporte son aide aussi bien à la population libanaise qu’aux migrants.

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Selon certaines estimations, un tiers au moins des 250 000 travailleurs domestiques migrants pourraient quitter le pays du Cèdre car leur revenu a été divisé de moitié, ou même plus, depuis que sévit la crise. Sauf que la pandémie de coronavirus hypothèque grandement leur volonté de retour. D’un côté, l’aéroport de Beyrouth n’ouvrira pas ses portes avant la fin juin. D’autre part, le rapatriement représente un véritable casse-tête organisationnel pour les pays d’origine de la main-d’œuvre, qui tardent à coopérer avec les autorités libanaises. Sans oublier que ces pays ne voient pas toujours d’un bon œil le retour de leurs travailleurs expatriés qui faisaient entrer des devises étrangères. Selon les informations disponibles, le rapatriement d’une employée de maison éthiopienne coûterait 680 USD pour le billet d’avion (retour simple) et quelque 800 USD pour les frais de quatorzaine en Éthiopie. Une somme exorbitante pour les travailleuses et leurs employeurs, sachant que le billet de retour est à la charge de l’employeur.

Des coûts de quatorzaine que nul ne veut assumer

C’est dans ce cadre que la ministre du Travail, Lamia Yammine, tente de trouver une issue au problème, en collaboration avec les organisations internationales, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Organisation internationale du travail (OIT) notamment. N’ayant pas trouvé de répondant au consulat d’Éthiopie à Beyrouth, elle a contacté son homologue éthiopienne, Ergoge Tesfaye. « J’ai expliqué à la ministre éthiopienne du Travail la phase difficile par laquelle passe le Liban, qui fait que nous ne pouvons pas être considérés comme les autres pays », dit-elle à L’OLJ. « J’ai évoqué le taux de change, l’argent des déposants confisqué, la situation difficile des travailleuses irrégulières, la dégradation de la relation entre employeurs et travailleuses étrangères, vu la pression importante que subissent les Libanais », ajoute-t-elle. Mme Yammine a aussi expliqué « les capacités limitées de l’État libanais » face à ce défi, « le manque de place dans les refuges » pour héberger les candidates au départ, « le coût élevé du rapatriement et de la quarantaine » imposée en Éthiopie. « La ministre (Tesfaye) m’a appris que près d’un million de ressortissants éthiopiens cherchaient à rentrer dans leur pays et que l’organisation de leur quatorzaine représentait un véritable casse-tête, par manque de places disponibles, sans parler des coûts », révèle-t-elle.

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Le coût de la quatorzaine imposée aux travailleuses éthiopiennes à leur arrivée dans leur pays semble effectivement poser problème. Ni l’Éthiopie ou le Liban, ni les employeurs ou les travailleuses ne veulent l’assumer. Et cette incertitude retarde leur départ du Liban. Mais pour l’association Amel, le rapatriement des travailleuses domestiques en situation vulnérable est une nécessité humanitaire, à la condition, certes, que ce retour soit volontaire. « La dignité humaine de ces femmes est aujourd’hui en péril. C’est la raison pour laquelle nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ouvrir les refuges du Liban et leur permettre ensuite de rentrer chez elles, à moins qu’elles ne trouvent un autre emploi », martèle l’avocate Zeina Mohanna, qui gère le dossier.

Face à la détresse des ressortissantes éthiopiennes livrées à elles-mêmes, Amel leur a assuré des repas chauds et les a soumises à des tests PCR, indispensables pour leur accès au refuge de Caritas. Et si « les autorités locales coopèrent pour compléter les dossiers des travailleuses, il reste encore à baisser le prix des billets d’avion », insiste l’ONG, laissant entendre que l’OIM pourrait fort bien assumer les frais de quatorzaine, en Éthiopie. Entre-temps, une trentaine de ressortissantes éthiopiennes se sont regroupées hier devant l’hôtel où étaient hébergées leurs compatriotes, demandant elles aussi de l’aide. Fort heureusement, elles ont été prises en charge par un groupe d’activistes. Mais le problème promet de s’aggraver.

Leur détresse a ému l’opinion publique. Trente-sept travailleuses éthiopiennes en situation de grande vulnérabilité sont aujourd’hui en sécurité au refuge de Caritas, où elles sont nourries, blanchies et soignées, jusqu’à leur retour dans leur pays. Hier matin, après avoir été testées négatives au coronavirus, 35 y ont été transférées en bus depuis l’hôtel de Beyrouth...

commentaires (1)

Aujourd'hui dimanche, c'est la Fête des Mères. Bonne Fête à toutes les mères Libanaises. Bonne Fête les mamans Ethiopiennes, Malgaches, Cingalaises, Seychelloises..... du Liban. Hier, des Ethiopiennes jetées sur le trottoir de Hazmieh après avoir été pressées comme des citrons jusqu'à la dernière goutte de leur front au service de "nouveaux riches" et de parvenus. Des mères parmi elles venues au Liban pour chercher de quoi nourrir leurs enfants laissés là-bas. L'amour d'une mère est toujours le plus grand.

Un Libanais

12 h 11, le 07 juin 2020

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Commentaires (1)

  • Aujourd'hui dimanche, c'est la Fête des Mères. Bonne Fête à toutes les mères Libanaises. Bonne Fête les mamans Ethiopiennes, Malgaches, Cingalaises, Seychelloises..... du Liban. Hier, des Ethiopiennes jetées sur le trottoir de Hazmieh après avoir été pressées comme des citrons jusqu'à la dernière goutte de leur front au service de "nouveaux riches" et de parvenus. Des mères parmi elles venues au Liban pour chercher de quoi nourrir leurs enfants laissés là-bas. L'amour d'une mère est toujours le plus grand.

    Un Libanais

    12 h 11, le 07 juin 2020

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