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Politique - Disparition

Mohsen Ibrahim, l’une des dernières figures historiques de la gauche libanaise, n’est plus

L’ancien chef de l’OACL avait effectué une rare autocritique de la participation de la gauche à la guerre civile au Liban.

Le chef de l’OACL Mohsen Ibrahim recevant la citoyenneté palestinienne des mains du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Photo d’archives L’OLJ

L’une des figures historiques de la gauche libanaise, Mohsen Ibrahim, secrétaire général du Mouvement national (MN) pendant la guerre civile et chef de l’Organisation de l’action communiste au Liban (OACL), est décédé mercredi chez lui à l’âge de 85 ans, des suites d’une longue maladie.

Démarche rare au Liban, il avait volontairement renoncé à tout rôle politique depuis la fin des années 80, refusant en particulier la mainmise syrienne sur le pays. Il avait aussi fait l’autocritique du rôle de la gauche libanaise, estimant notamment qu’elle s’était embarquée dans la guerre civile aux côtés de la résistance palestinienne sans réaliser l’impact de cette décision sur le sort du pays tout entier.

Mohsen Ibrahim a joué un rôle important dans la guerre civile libanaise en tant que chef d’une des organisations combattant dans les rangs des « forces palestino-progressistes », comme en sa qualité de secrétaire général du Mouvement national fondé par Kamal Joumblatt.

Lors de l’invasion israélienne en septembre 1982, il avait fondé, aux côtés du secrétaire général du Parti communiste libanais Georges Haoui, le Front de la résistance nationale libanaise, qui avait initié la lutte contre l’armée israélienne, avant d’être progressivement marginalisé par le Hezbollah et ses alliés au profit d’une résistance à connotation islamique.

Un fils du Liban-Sud

Né en 1935 à Ansar (Liban-Sud), Mohsen Ibrahim s’était rallié dès sa jeunesse à la cause du nationalisme arabe et avait rejoint le Mouvement des nationalistes arabes, proche de l’Égypte de Gamal Abdel Nasser. Mais l’organisation panarabe s’était autodissoute dans le sillage de la défaite de la guerre israélo-arabe de juin 1967 et du choc qu’elle a provoqué, ses membres se convertissant alors au marxisme. Il fonde ainsi l’Organisation des socialistes libanais, qui fusionne en 1970 avec le groupe Liban socialiste pour donner naissance à l’OACL, une formation qui a attiré beaucoup d’intellectuels avant la guerre civile.

Engagé résolument dans les combats au sein des « forces palestino-progressistes », il fut, aux côtés de Kamal Joumblatt, puis de son fils Walid et de Georges Haoui, l’une des plus influentes figures du Mouvement national. Mohsen Ibrahim était surtout très proche de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et il est resté jusqu’au bout d’une fidélité sans faille à son chef historique Yasser Arafat. Vers la fin des années 80, il a volontairement abandonné tout rôle sur la scène libanaise, notamment en raison de son opposition à la mainmise du régime de Damas, alors à couteaux tirés avec Arafat.

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Il était cependant sorti de son silence lors de l’assassinat de Georges Haoui en 2005, faisant une rare autocritique du rôle de la gauche libanaise pendant la guerre civile. Il avait notamment reconnu que le Mouvement national avait, avec son engagement aux côtés de la résistance palestinienne, « fait assumer au Liban le poids trop lourd de la cause palestinienne ». Il avait également estimé que les partis de gauche s’étaient engagés dans la guerre civile en pensant pouvoir changer le système confessionnel, sans réaliser les conséquences profondes qu’aurait ce conflit.

Hommages de Joumblatt et Hariri

Plusieurs personnalités libanaises ont rendu hommage hier à « Abou Khaled », à commencer par le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, qui a salué le « meilleur ami et allié de Kamal Joumblatt ». Le chef du courant du Futur et ancien Premier ministre Saad Hariri a également salué « une figure de la lutte arabe et nationale » qui a « consacré sa vie à la cause palestinienne ». Nombre d’hommes politiques, allant du chef de l’Organisation populaire nassérienne Oussama Saad à l’ancien chef de gouvernement Fouad Siniora, lui ont également rendu hommage.

Mais c’est de Palestine qu’est venu le plus grand hommage à Mohsen Ibrahim, puisque le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a décidé de le décorer de la plus haute distinction palestinienne et que les drapeaux ont été mis en berne en signe de deuil. Il avait été fait de son vivant citoyen d’honneur de la Palestine.

L’une des figures historiques de la gauche libanaise, Mohsen Ibrahim, secrétaire général du Mouvement national (MN) pendant la guerre civile et chef de l’Organisation de l’action communiste au Liban (OACL), est décédé mercredi chez lui à l’âge de 85 ans, des suites d’une longue maladie.Démarche rare au Liban, il avait volontairement renoncé à tout rôle politique depuis la...

commentaires (3)

Je le croyais palestinien. C'est l'une des figures sombres et assez detestées de la sale guerre à cause de son engagement palestinien contre les libanais. Qu'il repose en paix et que Dieu lui pardonne.

LE FRANCOPHONE

10 h 11, le 05 juin 2020

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Commentaires (3)

  • Je le croyais palestinien. C'est l'une des figures sombres et assez detestées de la sale guerre à cause de son engagement palestinien contre les libanais. Qu'il repose en paix et que Dieu lui pardonne.

    LE FRANCOPHONE

    10 h 11, le 05 juin 2020

  • Dieu lui pardonnera peut etre sa trahison, mais surement pas le peuple libanais.

    Gaby SIOUFI

    09 h 38, le 05 juin 2020

  • Un homme qui a vendu son âme a l OLP. Pour avoir du pouvoir et chasser les chretiens du Liban .... MR Ibrahim savez vous la différence entre Arafat et E.T., E.T. Went home........

    Robert Moumdjian

    03 h 34, le 05 juin 2020

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