Rechercher
Rechercher

Société - crise

Le Liban offre un abri à 35 employées de maison éthiopiennes dans la rue

"Ces femmes font partie des personnes les plus marginalisées de la société et subissent de plein fouet la crise économique qui a été exacerbée par le Covid-19, a déploré Habe Morayef, directeur régional d'Amnesty. Le gouvernement libanais ne peut ignorer leur sort".

Photo tirée du compte Twitter de la ministre libanaise du Travail @lamiayammine

Le Liban a fourni un abri temporaire à 35 travailleuses domestiques éthiopiennes sans abri ni travail, qui campaient devant le consulat éthiopien afin de contester leur licenciement de la part de leurs employeurs, sur fond de crise sociale et économique au Liban qui touche de plein fouet ces personnes. "Nous avons fourni cet abri pour les faire sortir de la rue et nous sommes désormais en contact avec les agences internationales et le consulat éthiopien pour rechercher une solution", a affirmé à l'AFP Hussein Zalghout, un porte-parole du ministère du Travail.

Ces dernières semaines, des dizaines d'Ethiopiennes ont campé devant le consulat de leur pays à Hazmieh. Parmi elles, certaines avaient été renvoyées par leurs employeurs sans salaire ni passeport, d'autres sont des sans-papiers ou des journalières ayant perdu leur emploi, selon Amnesty International. Des images montrant ces femmes sans abri ont suscité la réaction de la ministre du Travail, Lamia Yammine Douaihy, qui a déploré mercredi sur Twitter une "scène malheureuse", avant de décider, en coordination avec le Premier ministre et le ministère du Tourisme, de leur offrir un abri.

Lire aussi

Quel avenir pour la main-d’œuvre domestique étrangère au Liban ?

Le soir même, deux bus ont transporté les 35 employées du consulat à un hôtel de Beyrouth où elles y resteront temporairement, a indiqué M. Zalghout. Les employeurs ayant abandonné arbitrairement celles liées par un contrat "seront punis par la loi et seront inscrits sur une liste noire qui les empêchera d'embaucher à nouveau des domestiques étrangers", a-t-il ajouté. Le ministère du Travail va également les exhorter à régler tous les arriérés de salaires dus aux employées avant leur rapatriement, faute de quoi ils seront punis par la loi.


"Le ministère du Travail a suivi, en présence du consul éthiopien, l'hébergement dans un hôtel des employées éthiopiennes qui campaient devant leur consulat".

Un mécanisme de rapatriement
Dans un communiqué, le ministère du Travail précise avoir effectué une série d'appels qui ont permis d'assurer deux bus pour transporter les ressortissantes éthiopiennes vers l'hôtel situé à Aïn el-Mraissé à Beyrouth, où elles ont été logées dans 30 chambres.  Le ministère souligne avoir réalisé des tests de dépistage pour ces 35 employées ce matin, avant d'assurer leur transfert de l'hôtel vers des locaux de Caritas. Il indique qu'une enquête sera menée pour déterminer si les employeurs de ces travailleuses ont manqué à leurs obligations, et les poursuivra en justice, le cas échéant.

La ministre du Travail a également contacté les ambassades et consulats concernés par les employées étrangères au Liban, ainsi que le ministère des Affaires étrangères, leur demandant de prendre "les mesures nécessaires pour faciliter le retour de celles qui souhaitent rentrer chez elles, et d'informer le ministère du Travail des listes de ces personnes afin qu'elles puissent être aidées dans leurs démarches et que les conditions requises pour cela leurs soient assurées, compte tenu de la fermeture de l'aéroport de Beyrouth".  Lamia Yammine Doueihy a également coordonné son action avec la Sûreté générale et la direction de l'Aviation civile afin de mettre en place un mécanisme de rapatriement pour les employés étrangers désireux de quitter le Liban. Elle a en outre informé les ambassades concernées de la nécessité d'assurer des tests de dépistage PCR pour le coronavirus, afin qu'ils soient effectués avant le départ, pour un prix "raisonnable". Le communiqué du ministère appelle enfin les ambassades, la Sûreté générale, les associations et les organisations internationales à "assumer leurs responsabilités" en la matière, rappelant que de nombreuses employées étrangères se trouvent en situation irrégulière au Liban et doivent régulariser cette situation avant leur départ.

Le Liban traverse depuis l'été dernier une grave crise économique, marquée notamment par une dégringolade de la livre libanaise, ayant ébranlé le pouvoir d'achat de nombreuses familles. Face à cette débâcle, aggravée par la pandémie du nouveau coronavirus, de nombreux Libanais payent désormais les employés de maison en livres, contre des dollars auparavant. Certains employeurs ont même arrêté de verser leurs salaires ou les ont mis à la porte. Certains travailleurs étaient payés 150 dollars par mois avant la crise monétaire qui secoue le pays. Quelque 250.000 travailleurs immigrés sont employés au Liban selon un système de parrainage appelé "kafala", qui les prive des dispositions du droit de travail.

Lire aussi

Une immigrée philippine se suicide dans un centre de son ambassade au Liban

Le 21 mai, des dizaines de travailleurs éthiopiens ont regagné leur pays, dans des vols organisés pour leur rapatriement, selon l'Agence nationale d'information. "Ces femmes font partie des personnes les plus marginalisées de la société et subissent de plein fouet la crise économique qui a été exacerbée par le Covid-19, a déploré Habe Morayef, directeur régional d'Amnesty. Le gouvernement libanais ne peut ignorer leur sort".

Le Liban a fourni un abri temporaire à 35 travailleuses domestiques éthiopiennes sans abri ni travail, qui campaient devant le consulat éthiopien afin de contester leur licenciement de la part de leurs employeurs, sur fond de crise sociale et économique au Liban qui touche de plein fouet ces personnes. "Nous avons fourni cet abri pour les faire sortir de la rue et nous sommes désormais...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut