Le député Jamil Sayyed, lors d'une conférence de presse au Parlement, le 3 juin 2020. Photo Ani
Le député Jamil Sayyed, connu pour ses propos controversés et ses positions favorables au régime syrien de Bachar el-Assad, a justifié mercredi la possibilité de pouvoir tirer sur des contestataires, une semaine après qu'une poignée de manifestants anti-pouvoir se soient rassemblés sous le domicile du député.
Les manifestations devant les domiciles des dirigeants se sont multipliées ces derniers mois, dans le cadre de la révolte populaire qui secoue le pays depuis octobre et s'en prend à la classe dirigeante accusée de corruption et d'incompétence, au moment où le Liban fait face à sa pire crise économique en trente ans et doit lutter contre la propagation du nouveau coronavirus.
"Je vous le dis dès à présent. Si vous n'avez pas de gardes, et j'assume la responsabilité de mes propos, tirez depuis la fenêtre, si votre fils ou votre fille se trouvent à la maison et que l'on s'en prend à vous verbalement", a déclaré M. Sayyed lors d'une conférence de presse au Parlement. "Ceux qui veulent mener la révolution ou exprimer leurs revendications doivent savoir faire la part des choses et savoir les exprimer. Ils ne doivent pas se cacher dans les recoins et aller devant les maisons des gens et insulter leur famille. Vous n'avez rien à faire devant les domiciles", a-t-il déclaré. "Qu'est-ce que vous voulez ? Où est votre programme ? Nous voulons vous voir, vous, pas les bandits qui déambulent dans les rues avec leurs haut-parleurs. Cela n'est pas une révolution. La véritable révolution est celle qui a un programme, des visages et des personnes qui jouent leur rôle. La révolution, ce n'est pas se rendre devant les maisons. Cela est un manque de respect", a-t-il lancé selon des propos relayés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Ces propos interviennent alors qu'une grosse journée d'action du mouvement de contestation est prévue samedi dans le centre-ville de Beyrouth.
A la suite de la manifestation devant son domicile, la semaine dernière, le député s'était déjà montré menaçant. "Que le plus fort d'entre eux ou le parti auquel ils appartiennent ose se manifester. Il aura des comptes à nous rendre", avait alors écrit sur Twitter l'ancien directeur de la Sûreté générale libanaise à l'époque de la tutelle syrienne sur le pays.
