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Monde - Éclairage

Les rivaux de Washington s’en donnent à cœur joie pour critiquer le « racisme » américain

Un protestataire portant une pancarte « Black Lives Matter » à Washington le 1er juin 2020. Lindsey Wasson/Reuters

« Maladie chronique », « oppression » : de Pékin à Téhéran, les pays régulièrement épinglés par les États-Unis profitent des troubles qui secouent l’Amérique pour critiquer Washington en appuyant sur la question raciale, point faible d’une exemplarité américaine une nouvelle fois mise à mal en matière de droits humains. « Nos adversaires étrangers vont utiliser cette crise pour semer la discorde et tenter d’affaiblir notre démocratie », a prévenu dimanche le conseiller de Donald Trump pour la Sécurité nationale, Robert O’Brien. Il a désigné la Chine, l’Iran, dans une moindre mesure la Russie, mais aussi, de manière plus surprenante, le Zimbabwe. L’élu républicain Marco Rubio, un allié du président américain actuellement à la tête de la commission du Renseignement du Sénat, a lui évoqué une « activité très intense sur les réseaux sociaux » de la part de « comptes liés à au moins trois de nos adversaires étrangers ». « Ils mettent de l’huile sur le feu et font la promotion de la violence », a-t-il ajouté.

La technique du « genou sur le cou »

Au-delà de ces interférences présumées, certaines capitales ont publiquement condamné la mort de George Floyd, un homme noir tué par un policier blanc à Minneapolis alors qu’il était non armé. Et mis l’accent sur les troubles qui se répandent depuis une semaine dans de nombreuses villes américaines.

Téhéran, ennemi juré de Washington, a comparé la « technique du genou sur le cou » pratiquée par ce policier à la « pression maximale » que l’administration Trump « emploie contre 80 millions d’Iraniens depuis deux ans ». « Cela ne nous a pas mis à genoux » et cela « n’abaissera pas les Afro-Américains », a affirmé le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, tandis que son porte-parole évoquait un « état d’oppression » en vigueur selon lui en Amérique.

En réponse à un tweet du département d’État américain appelant « les pays épris de liberté » à s’unir face à la Chine, accusée d’avoir « rompu ses promesses » d’autonomie à Hong Kong, la porte-parole de la diplomatie chinoise Hua Chunying a répondu : « Je ne peux pas respirer », en référence à la phrase que répétait George Floyd avant de mourir. Pékin a dénoncé le racisme aux États-Unis comme une « maladie chronique ». Les dirigeants chinois « s’en donnent à cœur joie », a déploré Robert O’Brien. Mais le conseiller de la Maison-Blanche leur a répondu : « La différence entre vous et nous, c’est que l’officier qui a tué George Floyd fera l’objet d’une enquête, sera poursuivi et aura droit à un procès équitable. » « Les Américains qui veulent manifester pacifiquement y seront autorisés et ne seront pas jetés en prison », a-t-il poursuivi sur la chaîne ABC. La Chine, comme l’Iran, sont régulièrement accusés par Washington, mais aussi par les organisations internationales, de violations massives des droits humains.

Crédibilité malmenée

Ces gouvernements « se moquent bien de l’injustice raciale ou de la brutalité policière », estime Rob Berschinski, de l’organisation non gouvernementale Human Rights First. « Ils critiquent clairement les États-Unis pour leurs propres motifs cyniques », « pour détourner l’attention de leur propre bilan », dit-il. Pour autant, ils appuient là où ça fait mal. « La plus grande force des États-Unis a toujours été l’exemple qu’ils donnent au monde », relève cet ex-responsable du département d’État sous l’administration démocrate de Barack Obama. Du coup, « quand des Américains sont brutalisés par notre police ou des dirigeants comme le président Trump font la promotion de la violence, la crédibilité de l’Amérique dans la défense des droits humains à l’étranger est malmenée », ajoute-t-il.

Selon lui, la question raciale est présente aux États-Unis quel que soit le parti au pouvoir dans ce « pays fondé à la fois sur des idéaux démocratiques élevés et sur un esclavage barbare ». « Mais le président Trump n’a rien fait pour montrer qu’il comprend la douleur des manifestants pacifiques ou qu’il tentera de résorber les inégalités raciales en Amérique », estime-t-il. Dès lors, les critiques n’émanent pas uniquement des rivaux de Washington. La Commission de l’Union africaine s’est ainsi permise d’exhorter les autorités américaines à « éliminer toutes les formes de discrimination », tandis que l’ONU a égratigné en creux le déficit de « formation » des policiers américains. Et les manifestations à la mémoire de George Floyd se sont multipliées jusque dans les pays occidentaux alliés des États-Unis. « Les USA sont et apparaissent divisés, diminués et distraits aux yeux du monde », a souligné sur Twitter Richard Haass, voix respectée de la diplomatie américaine aujourd’hui président du cercle de réflexion Council on Foreign Relations. « Difficile de croire que nous ne serons pas défiés quelque part, par quelqu’un qui voudra surfer sur ces circonstances. »

Francesco FONTEMAGGI/AFP

« Maladie chronique », « oppression » : de Pékin à Téhéran, les pays régulièrement épinglés par les États-Unis profitent des troubles qui secouent l’Amérique pour critiquer Washington en appuyant sur la question raciale, point faible d’une exemplarité américaine une nouvelle fois mise à mal en matière de droits humains. « Nos adversaires...

commentaires (1)

Quoiqu'on en dise sur le déclin de l'Amérique de ce clown déséquilibré mental, il se trouvera toujours des benêts qui vous diront que c'est le pays exemplaire par excellence . Donneur de leçons, moralisateurs mais gangrené jusqu'à la moelle.

FRIK-A-FRAK

17 h 38, le 03 juin 2020

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Commentaires (1)

  • Quoiqu'on en dise sur le déclin de l'Amérique de ce clown déséquilibré mental, il se trouvera toujours des benêts qui vous diront que c'est le pays exemplaire par excellence . Donneur de leçons, moralisateurs mais gangrené jusqu'à la moelle.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 38, le 03 juin 2020

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