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Moyen-Orient - Éclairage

La chasse aux criminels syriens s’accélère en Allemagne

Trois nouveaux réfugiés sont soupçonnés d’avoir arrêté, battu, torturé ou tué des opposants.

Anouar Raslan, ancien colonel de l’armée syrienne, est accusé de crimes contre l’humanité. Photo d’archives AFP

Ils sont médecins, membres des services secrets, gradés de l’armée ou miliciens. Ils ont fui la Syrie pour se refaire une vie sur le continent européen. Mais leur passé les rattrape. Parce qu’ils ont collaboré avec le régime syrien, parce qu’ils se sont parfois rendus coupables de crimes contre l’humanité, ces personnes-là sont traquées depuis des années par leurs victimes, les familles de ces dernières ou des associations d’activistes et d’avocats des droits de l’homme. Le procès du plus haut gradé de l’appareil répressif syrien jamais appréhendé, le colonel Anouar Raslan, qui a démarré le 23 avril à Coblence en Allemagne, a clairement mis un coup de pied dans la fourmilière et constitue un véritable tournant vers la fin de l’impunité des criminels syriens. Les militants et les survivants espèrent que le procès d’Anouar Raslan, un ancien colonel qui dirigeait à Damas le service enquête dans la « branche intérieure » dépendant des renseignements généraux dite « sécurité de l’État », et de l’un de ses subordonnés, Iyad el-Gharib, qui opérait sur des barrages routiers pour arrêter les manifestants antirégime, donnera naissance à des processus similaires dans d’autres pays européens tels que la Norvège, qui ont des lois de compétence universelle similaires et où d’anciens membres des services de sécurité syriens vivraient.

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Selon les enquêtes menées notamment par l’avocat syrien Anouar al-Bounni, des milliers d’assassins du régime baassiste vivent libres à travers l’Europe. En Allemagne, où résident plus de 700 000 réfugiés syriens, la chasse aux tortionnaires s’accélère. Selon des médias de l’opposition syrienne, trois nouvelles personnes ont ainsi été identifiées par des compatriotes. Le dernier en date serait Ahmad al-Arsali, qui, selon le journal pro-opposition syrienne Zaman al-Wasl, aurait été membre de la branche sécuritaire de l’armée de l’air, l’une des plus redoutées par la population. Avant d’obtenir le droit d’asile en Allemagne en 2015, il aurait participé activement à des enlèvements, des actes de torture et des assassinats de civils dans plusieurs quartiers de Damas. Comment l’homme a-t-il pu passer incognito, en se présentant comme un civil lors de sa demande auprès des autorités allemandes ? Sur une photo visiblement prise en Europe, il apparaît comme un simple touriste en short et sac à dos. Des activistes ont constaté que son compte Facebook regorgeait en revanche de photos de lui en uniforme militaire de l’armée syrienne, arme à la main, qui le compromettent clairement. Ahmad al-Arsali a pu avoir bénéficié de l’aide des réseaux du Hezbollah, à Leipzig, où le Syrien résidait. Le 30 avril dernier, Berlin s’est rallié à Washington en décidant d’interdire totalement sur son territoire les activités de « l’organisation terroriste chiite » Hezbollah. Une décision qui aurait pu entraîner avec elle le débusquement d’anciens moukhabarats ou officiers syriens, d’autant que des militants soupçonnent le fait qu’Ahmad al-Arsali aurait été envoyé par le gouvernement syrien en Allemagne dans le but d’espionner des réfugiés et de recueillir des informations sur les principales figures de l’opposition actives en Europe.

« Chabiha »

Il arrive parfois que des victimes tombent nez à nez avec leurs bourreaux à des milliers de kilomètres de la Syrie. Comme cela a été le cas pour Anouar al-Bounni qui avait croisé Anouar Raslan dans un grand magasin de Berlin en 2015. Un autre ancien détenu affirme avoir reconnu un chabiha qui aurait participé à la répression et à l’arrestation de manifestants à Alep en 2011. Une photo de l’homme présenté comme Anouar Sultan, en simple civil en Allemagne, et une autre extraite d’une vidéo où il tabasse des révolutionnaires à l’intérieur de la mosquée du quartier de Seif al-Dawla, ont fait le tour des réseaux sociaux et des groupes d’activistes sur WhatsApp.

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Le long chemin vers la fin de l’impunité des criminels syriens

« Nous sommes en train d’avancer sur les dossiers d’Anouar Sultan et Ahmad al-Arsali afin de collecter le plus de témoignages possible avant de présenter notre demande au procureur général », explique à L’OLJ Anouar al-Bounni, fondateur du Centre syrien d’études légales. Il y a quelques semaines, une enquête menée conjointement par le magazine Spiegel et al-Jazeera a, par ailleurs, dévoilé l’histoire de Hafez A., un médecin originaire de Homs visé, en Allemagne, par une enquête pour crimes contre l’humanité. Des médias pro-opposition ont révélé la vraie identité du tortionnaire, présenté comme Alaa al-Moussa. Arrivé en Allemagne en mai 2015, il travaille actuellement dans l’hôpital d’une station thermale en tant qu’orthopédiste. Deux témoins, qui ont chacun perdu un membre de leur famille victime de torture, ont formellement reconnu sur une photo cet homme soupçonné d’avoir battu, infligé de mauvais traitements et torturé des opposants au régime blessés dans un hôpital militaire de Homs. Son avocat a catégoriquement démenti ces accusations, assurant que son client, de confession chrétienne, était victime de « calomnies émanant des milieux islamistes radicaux ». L’homme serait connu pour avoir infligé des sévices à des opposants transférés dans son hôpital pour y être soignés, afin de témoigner de sa loyauté au régime. En octobre 2011, il aurait infligé des coups à un jeune homme atteint d’épilepsie avant de le forcer à mettre une chaussure dans sa bouche, selon le témoignage de son frère. Deux témoins et anciens médecins du même hôpital ont raconté que l’homme avait également intentionnellement opéré un opposant sans anesthésie. Il aurait également versé de l’alcool sur les parties génitales d’un autre manifestant avant d’y mettre le feu. « Une enquête concernant Alaa al-Moussa est déjà en cours », confirme Anouar al-Bounni.

Ils sont médecins, membres des services secrets, gradés de l’armée ou miliciens. Ils ont fui la Syrie pour se refaire une vie sur le continent européen. Mais leur passé les rattrape. Parce qu’ils ont collaboré avec le régime syrien, parce qu’ils se sont parfois rendus coupables de crimes contre l’humanité, ces personnes-là sont traquées depuis des années par leurs victimes, les...

commentaires (1)

LE JUGEMENT INTERNATIONAL CONTRE LES VRAIS BOUCHERS DE LA SCENE SYRIENNE RETARDE ET N,A PAS COMMENCE.

JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

09 h 16, le 03 juin 2020

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Commentaires (1)

  • LE JUGEMENT INTERNATIONAL CONTRE LES VRAIS BOUCHERS DE LA SCENE SYRIENNE RETARDE ET N,A PAS COMMENCE.

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    09 h 16, le 03 juin 2020

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