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Lifestyle - La Mode

La maison fashion brûle-t-elle ?

Jusqu’à la pandémie, l’industrie de la mode comptait non seulement parmi les plus polluantes, mais aussi parmi les plus inéquitables et destructrices de la planète, avec un rythme de production qui a battu tous les records ces dernières années. Il était presque naturel qu’elle subisse la première, et de plein fouet, l’impact du Covid-19. Voici les premiers indicateurs des changements à venir.

Condé Nast pastel, Gucci préautomne 2020. Photo DR

Pour commencer, comme un gros pavé dans la mare, les éditions Condé Nast, spécialisées dans la mode et l’art de vivre, détenant notamment des titres tels que Vogue, Vanity Fair, Condé Nast Traveller, GQ ou Architectural Digest, viennent de publier un manifeste sous forme de glossaire, intitulé The Sustainable Fashion Glossary (Index de la mode durable). Résultat d’une étude réalisée en partenariat avec le Centre pour la mode durable du London College of Fashion, cet abécédaire souligne les comportements contraires à l’éthique pratiqués à ce jour par une industrie brillante au dehors et bien sombre en coulisses. Cet index de plus de 250 entrées se divise en quatre thèmes : l’urgence climatique ; les impacts environnementaux de la mode ; les impacts sociaux, culturels et économiques de la mode et, enfin, les éléments-clés de la mode et de la durabilité, ainsi que 10 sous-thèmes qui couvrent l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur la mode et la durabilité. Loin d’être fermée, cette liste est régulièrement rafraîchie avec de nouvelles données.


Alessandro Michele avec le chanteur Harry Styles au dernier événement du Met. Photo tirée du compte Instagram AlessandroMichele


Un index qui pointe ce qu’on refusait de voir

On y trouve notamment, sous l’entrée Animal Welfare, une dénonciation documentée de la cruauté et des mauvais traitements infligés par l’industrie de la mode aux animaux. Sous l’entrée « Artisan » est soulignée la dévaluation du savoir-faire des artisans par la globalisation et la concurrence qui s’ensuit, permettant aux économies riches de profiter du coût dérisoire de la main-d’œuvre des pays pauvres ainsi que des lacunes dans les protections juridiques assurées aux artisans par leurs États respectifs. Sous l’entrée « Cash Crops » est révélée l’absence d’éthique dans l’agriculture intensive, notamment à destination textile, comme les plantations de coton qui recourent au travail des enfants, les exposant à des intoxications chimiques. Les prix de ces productions sont déterminés par les demandes du marché global, ce qui met les fermiers dans l’insécurité et aggrave la précarité des plantations. Sous « Craft Clusters » est relevé le danger de disparition qu’encourent les communautés d’artisans face à la manufacture de masse bon marché qui dévaluent leur talent et leur culture.

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Dans « Globalisation », on est invité à prendre conscience de la domination des économies riches et de l’occidentalisation subies par les artisanats locaux qui y perdent leur identité et la transmission de leur savoir-faire au profit d’une identité homogénéisée. Sous « Greenwashing », on est alerté par les publicités mensongères qui achètent à peu de frais la bonne conscience du consommateur en prétendant offrir des articles confectionnés de manière écologique et durable alors qu’ils ne représentent qu’une infime partie de certaines pratiques polluantes à souhait. On s’arrêtera aussi, sous l’entrée consacrée à la pauvreté, sur le contraste entre, justement, la précarité des artisans dédiés à la confection et à la production d’articles pour les grandes marques de mode, et la richesse du public destiné à les acquérir. La suite est de la même eau, et rarement Index aura autant pointé et dénoncé tout ce sur quoi l’industrie la plus glamour de la planète a toujours préféré jeter un voile pudique.

Mode contre nature, illustration du glossaire de Condé Nast. Photo DR


Chez Gucci, Alessandro Michele ne joue plus le jeu

Dans le même ordre d’idées, tandis que les prochaines semaines de la mode, habituellement théâtres de ballets d’avions, de réunions et d’événements drainant des publics des quatre coins du monde, s’annoncent, en raison de la pandémie, strictement numériques, Alessandro Michele, le directeur artistique de Gucci, fait une annonce fracassante : il retire la célèbre maison du calendrier de la mode et annonce se limiter à deux collections annuelles réalisées au rythme qui lui conviendra. On ne peut que saluer, ici, l’initiative visionnaire du couturier libanais Rabih Kayrouz qui avait, avant l’heure, adopté cette attitude minimaliste destinée, d’une part, à réduire les invendus, mais, d’autre part, surtout, à préserver qualité et créativité. Michele, qui a publié sur Instagram quelques pages de son propre journal de confinement écrit en Italie entre le 29 mars et le 5 mai sous le titre Appunti dal silenzio (ou Notes du silence), livre dans un style lyrique un mea culpa retentissant : « Nous avons ravagé la sacralité de la vie, négligeant le fait que nous n’étions nous-mêmes qu’une espèce parmi d’autres. Au final, nous voilà essoufflés. »

Pour commencer, comme un gros pavé dans la mare, les éditions Condé Nast, spécialisées dans la mode et l’art de vivre, détenant notamment des titres tels que Vogue, Vanity Fair, Condé Nast Traveller, GQ ou Architectural Digest, viennent de publier un manifeste sous forme de glossaire, intitulé The Sustainable Fashion Glossary (Index de la mode durable). Résultat d’une étude...

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