Le ministre libanais de l'Industrie, Imad Hoballah (Hezbollah), a mis en garde lundi contre une loi sur le contrôle des capitaux devant à terme réglementer les restrictions bancaires adoptées de façon informelle et illégale par les établissements du pays depuis que les premiers signes flagrants de la crise économique et financière ont commencé à se manifester, à la fin du mois d'août dernier.
"Avertissement : un projet de loi sur le 'capital control' fera perdre le contrôle. Un tel texte ouvrirait la voie à une légitimation de l'évaporation du reste des capitaux de notre système bancaire à la vitesse de la lumière", peut-on lire sur le compte Twitter du ministre. "Quels sont les comptes qui pourront échapper à cela ? Nous avons besoin de ces liquidités. Nous ne voulons pas que nous nous demandions plus tard où l'argent a disparu", a-t-il ajouté.
Le sixième round des discussions entre les négociateurs libanais désignés par l’exécutif et les cadres du Fonds monétaire international (FMI), à qui le pays du Cèdre a demandé une aide financière, s'est focalisé sur les contours d’un texte de loi sur le "capital control".
Dans un entretien à l'AFP publié il y a 10 jours, le ministre des Finances, Ghazi Wazni, avait affirmé qu'un texte devrait être approuvé par le Parlement "dans les semaines à venir". Il y a quelques semaines, le gouvernement de Hassane Diab avait fait fuiter la possibilité d'une telle loi, avant de retirer son projet devant la levée de boucliers qu’il a soulevée.
D’abord limitées par certains établissements à un plafonnement des retraits d’espèces en dollars, ces restrictions se sont progressivement durcies au fil des mois, accélérant de fait la crise de liquidités dans le pays et la dépréciation de la livre sur le marché de change (4 000 à 4 100 livres hier, alors que la parité officielle de 1 507,5 livres est maintenue pour certaines opérations bancaires). En novembre, après environ un mois de fermeture discontinue dans le sillage des imposantes manifestations dirigées contre la classe politique et qui ont éclaté à partir du 17 octobre 2019, l’Association des banques du Liban (ABL) a tenté d’harmoniser ces restrictions – toujours illégales en l’absence d’une loi du Parlement ou au moins une intervention limitée dans le temps de la banque centrale, qui avait un temps appelé les autorités à intervenir.
C’est à partir de là que les établissements du pays ont notamment consacré la distinction entre les "dollars libanais" et les "fonds frais". Les "dollars libanais" désignent les devises issues des comptes sur lesquels les banques ont appliqué le plus de restrictions – transferts à l’étranger, conversions, retraits d’espèces – souvent parce qu’elles n’ont plus assez de réserves pour les honorer. Ils se distinguent des "fonds frais" en devises qui sont en principe déposés sur des comptes spéciaux et dont la BDL a fini par garantir des mois plus tard le droit d’en disposer librement.
commentaires (8)
Je me permets de vous proposer une correction : Affidé au Hezbollah (et affilié par exemple au Bloc National ou à Greenpeace)
M.E
20 h 19, le 26 mai 2020