Air France reprendra ses vols Paris-Beyrouth en juin

Air France a annoncé mardi la reprise de ses vols au Liban à partir du 12 juin prochain, soit quatre jours après l’ouverture programmée de l’Aéroport international de Beyrouth (AIB) dans le cadre de la dernière phase du déconfinement progressif, en plein contexte d’épidémie de Covid-19.

La compagnie aérienne française assurera à partir de la date indiquée deux liaisons Beyrouth – Paris par semaine tous les vendredis et dimanches, pour lesquelles elle opérera un Boeing 777. Les billets sont en vente depuis hier après-midi sur le site airfrance.com.lb « Ils pourront également être achetés auprès de notre agence située au centre-ville de Beyrouth qui rouvrira mardi prochain 26 mai. Nous sommes enfin en discussions avec les agences de voyages locales pour fixer les modalités de revente des billets », explique à L’Orient-Le Jour Matthieu Tétaud, directeur général d’Air France pour le Proche-Orient.

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Le président de l’Association des agences de voyages et de tourisme au Liban (ATTAL), Jean Abboud, précise pour sa part que les acteurs de la filière, à l’arrêt depuis la mise en place de l’état d’urgence sanitaire le 15 mars dernier, devraient en principe rouvrir leurs portes début juin. Il affirme en outre que plusieurs autres compagnies aériennes se préparent à reprendre leurs vols à Beyrouth, dont Emirates, Qatar Airways ou encore Turkish Airlines. La compagnie nationale Middle East Airlines, qui a recommencé à vendre des billets, affirme qu’elle va reprendre ses vols au départ de l’AIB dès que ce dernier aura rouvert ses portes.

Programme squelette
Pour en revenir à Air France, les horaires pour chacun des deux vols déjà prévus seront les suivants : le vol aller (AF 566) décollera de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle à 9h06 pour arriver à Beyrouth à 14h15 heure locale, le vol retour (AF 565) en partance de l’AIB est programmé à 15h55 pour un atterrissage dans la capitale française à 19h35 heure locale. « C’est notre "programme squelette, "qui doit en principe être aménagé avec une troisième liaison hebdomadaire planifiée à partir de juillet si la situation évolue comme nous l’espérons », indique encore Matthieu Tétaud.

Air France assurait plusieurs liaisons quotidiennes entre Beyrouth et Paris avant que l’épidémie mondiale de Covid-19 ne provoque l’arrêt quasi total de l’activité du transport aérien dans le monde. « Air France a fonctionné à 5 % de ses capacités ces derniers mois avec seulement quelques liaisons internes et certains vols long-courriers », explique le responsable. Il ajoute que le Liban fait en outre partie des « rares escales », une vingtaine environ, que la compagnie aérienne française a entrepris de réactiver en premier lieu.

Covid-19 oblige, Air France a également communiqué sur les mesures de sécurité sanitaire mises en place pour la reprise de ses vols en général. Selon le communiqué de la compagnie : le port du masque est obligatoire pour l’ensemble des membres d’équipage et des agents en contact avec les voyageurs ; les parcours des passagers au sol sont aménagés pour garantir la distanciation physique tout au long du cheminement en aéroport ; des protections en plexiglas sont installées dans les aéroports chaque fois que cela sera est possible ; les procédures quotidiennes de nettoyage des avions sont renforcées et comprendront la désinfection de toutes les surfaces en contact avec les voyageurs ainsi que la mise en place d’une « procédure spécifique de désinfection des avions périodique par pulvérisation d’un produit virucide homologué dont la durée d’efficacité est établie pour dix jours ».

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Le service à bord a de fait été adapté aux circonstances pour notamment limiter les interactions entre les passagers et les membres d’équipage, poursuit la compagnie. Pour les vols long-courriers, le service en cabine est limité et les produits sous film ou emballés individuellement sont privilégiés. Air France assure enfin que « l’air en cabine est renouvelé toutes les 3 minutes » dans ses appareils, qui sont équipés de filtres High Efficiency Particulate Air, ou filtres HEPA, identiques à ceux utilisés dans les blocs opératoires et qui extraient « plus de 99,99 % des virus les plus microscopiques ». La compagnie ne garantit pas cependant la distanciation sociale à bord de l’appareil. « Air France n’a pas limité le nombre de places en vente par appareil, mais prévoit d’espacer les passagers à chaque fois que cela sera possible. Le port du masque sera en outre obligatoire pour tous pour les vols pleins ou presque pleins. Cela dit, nous nous attendons à ce que les taux de remplissage soient plutôt faibles », argumente Matthieu Tétaud.

« Dollars frais »
En ce qui concerne les prix des billets, ils démarreront à 296 dollars pour un aller simple et 614 dollars pour un aller-retour. « Air France a tenu compte du nombre potentiellement élevé de passagers qui ne seront pas en mesure de fixer une date retour compte tenu de la situation exceptionnelle actuelle et a donc ajusté le prix des billets en aller simple par rapport à leur niveau habituel, où ils représentaient généralement 70 % du prix d’un aller-retour (contre 50 % actuellement) », souligne Matthieu Tétaud.

Il concède toutefois que la compagnie a dû également adapter ses procédures de paiement aux restrictions illégales mises en place par les banques libanaises depuis des mois en marge de la grave crise économique et financière que traverse le pays et qui s’est accompagnée d’une brutale dépréciation de la livre par rapport au dollar. De fait, les paiements effectués pour les réservations via le site internet d’Air France pourront se faire par carte, mais uniquement en devises issues de comptes alimentés en « fonds frais » lorsqu’ils sont ouverts dans des banques libanaises. La Banque du Liban garantit en effet explicitement le droit de disposer librement de ces « fonds frais » (circulaire n° 150 du 9 avril), à l’opposé des autres comptes sur lesquels les banques ont appliqué le plus de restrictions – retraits, conversions, transferts.

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Air France prévoit néanmoins d’accepter les paiements en espèces et en dollars pour les achats effectués directement auprès de son agence, ou en livres, mais au taux « effectivement appliqué » sur le marché secondaire. Pour l’heure, le taux attribué au marché noir (4 000 à 4 100 livres pour un dollar hier, selon nos sources) est le seul appliqué par l’ensemble des agents informels qui vendent des devises au Liban, les agents de change agréés étant en grève depuis le 23 avril. Le 28 avril, la BDL avait plafonné le taux de change applicable par la profession à 3 200 livres pour un dollar, un plafond qui n’a pas été respecté jusqu’à présent.

La compagnie assure de plus ne pas avoir pris de décision concernant l’évolution des prix en fonction des saisons habituelles comme c’était le cas avant la pandémie. « Tout le monde navigue à vue », conclut Matthieu Tétaud. Jean Abboud rapporte, de son côté, que l’Association internationale du transport aérien s’attend à une hausse du tarif des vols pour les compagnies aériennes en raison du faible taux de remplissage attendu.