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Lifestyle - Confinement à Beyrouth

XX- Couronnés de branches

Photo Christophe Gernigon Studio

Voici le dernier épisode de cette série, minuscule contribution pour vous tenir compagnie dans le plus grand confinement de l’histoire de l’humanité. Si grand d’ailleurs qu’il est loin d’être, malgré la lassitude, près de se terminer. Déjà des questions se posent sur l’utilité d’enfermer les gens chez eux et de restreindre la vie à ce point. À ce stade, je devrais vous présenter le générique, A et M, et Mochi le chat, l’arbre qui danse et le colibri intermittent, à la fois ma cellule et mes compagnons de cellule. Mais ils disent qu’ils ne sont pas « présentables ». Qui de nous l’est en ce moment ? Les masques sanitaires ont fait tomber les masques sociaux. L’absence de contraintes et la limitation de l’activité des coiffeurs ont donné libre cours à notre hirsutisme naturel, tant et si bien que s’il nous arrive de sortir de chez nous, nous avons l’impression de sortir des bois. C’est à peine si nous n’avons pas la tignasse piquetée de paille et couronnée de branches. Le son de notre propre voix commence à nous devenir étranger. Combien de temps cela peut-il encore durer? Au lieu de jeter le bébé avec l’eau du bain en enfermant les gens pour contenir la propagation du virus, osons la solution asiatique : reprise des activités avec port de masque obligatoire, salles publiques – restaurants, salles de classe et autres – équipées de panneaux de séparation. Tôt ou tard, la vie doit reprendre ses droits, quitte à, comme on l’a vu dans un projet du designer français Christophe Gernigon, placer les clients à table sous des cloches en plexiglas.

Comme beaucoup d’entre vous, j’ai vu ce documentaire douloureux filmé par les volontaires du Centre social jésuite. Nos compatriotes sont de plus en plus nombreux à se nourrir à même les poubelles. Ont-ils à ce point perdu espoir qu’ils n’attendent plus de leurs frères humains que les reliefs décomposés de leurs repas ? La détresse devient insoutenable et les gens de bonne volonté n’arrivent plus à faire face à la misère qui augmente avec le prix des denrées. L’oligarchie doit rendre gorge. Eh non, nous ne les laisserons pas exploiter le désarroi de ce bon peuple pour se remettre en selle. Nous sommes responsables les uns des autres, et l’esprit de la thaoura commence à même ces trottoirs où s’entassent les ordures, à même la puanteur qui, de tout temps, n’émane que de la corruption à tous les niveaux de ce semblant d’État. Oh, le dégoût, oh, le mépris et la haine qui vont un jour prochain noyer les urnes et balayer cette classe pourrie et sa sinistre arrogance !

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XVIII- L’art de s’adapter

Boulette de l’épouse du Premier ministre qui prêche la réappropriation des petits métiers par les Libanais pour éviter la fuite des devises (quelles devises ?). Une Marie-Antoinette de plus, comme il en existe déjà tant au masculin d’ailleurs, qui nous sert son « y a qu’à » avec la componction d’une Morticia dans La Famille Addams. Il n’est pas de sot métier, certes, surtout pas pour une génération qui ferait tout pour recouvrer sa dignité volée. Mais offrir pour ultime perspective à tous ces jeunes bardés de diplômes de se convertir éboueurs et femmes de ménage nécessitait un peu plus de délicatesse et de doigté. D’autant plus que les responsables de la crise ainsi que leurs enfants sont les derniers à en souffrir. Ce pays ne connaîtra pas de répit tant qu’ils ne seront pas jugés. Et nous n’accepterons pas la répétition de l’amnistie et de la table rase de l’après-guerre. Dieu pardonne peut-être. Mais nous n’oublions pas.

Voici le dernier épisode de cette série, minuscule contribution pour vous tenir compagnie dans le plus grand confinement de l’histoire de l’humanité. Si grand d’ailleurs qu’il est loin d’être, malgré la lassitude, près de se terminer. Déjà des questions se posent sur l’utilité d’enfermer les gens chez eux et de restreindre la vie à ce point. À ce stade, je devrais vous...

commentaires (1)

mais oui ,le Liban st un état de DROIT J.P

Petmezakis Jacqueline

10 h 45, le 18 mai 2020

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Commentaires (1)

  • mais oui ,le Liban st un état de DROIT J.P

    Petmezakis Jacqueline

    10 h 45, le 18 mai 2020

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