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Campus - TÉMOIGNAGE

« J’ai été obligée d’abandonner mes rêves... »

Étudiante à la LAU depuis 2017, Mirna* obtiendra bientôt sa licence en biologie, avec un GPA élevé, lui permettant d’entreprendre des études de médecine et d’accéder au métier qui la passionne : la pédiatrie. Malheureusement, la conjoncture libanaise en a voulu autrement. Elle raconte.

« J’ai toujours voulu étudier la médecine et devenir pédiatre. Depuis que je suis toute petite. Mais la situation actuelle a totalement changé mes rêves et altéré ma vision de mon avenir.

Aujourd’hui, avec tout ce qui se passe dans le pays, je me trouve obligée de poursuivre un autre chemin moins exigeant financièrement.

Mon père est avocat. Son revenu dépend de ses clients et n’est donc pas stable. Ses difficultés à payer mes frais de scolarité sont apparues lorsque l’économie libanaise a commencé à se détériorer, ce qui a déclenché la révolution du 17 octobre. Ses journées de travail ont été interrompues, son revenu a diminué. Et comme la pandémie a forcé toutes les institutions gouvernementales à fermer, il n’a pas été en mesure de poursuivre ses tâches professionnelles. Au cours des deux derniers mois, l’argent a cessé de rentrer. Aujourd’hui, nos dépenses proviennent de ses économies qu’il réservait à sa retraite.

En tant qu’étudiante, ma principale préoccupation est de pouvoir payer mes études. C’est nécessaire pour que je puisse obtenir mon diplôme. L’université nous a aidés en maintenant le taux de change du dollar à 1 500 LL. C’est l’unique raison pour laquelle mon père a pu s’acquitter du dernier versement.

Toutefois, poursuivre des études en médecine épuiserait toutes les économies de mon père et plus encore. Ce que je ne peux pas accepter. Et avec la crise financière qui touche tout le monde, je ne peux pas compter sur l’aide financière de l’université… J’ai donc changé de plan : je me lance dans un programme d’études beaucoup moins cher et qui exige moins d’investissement en temps. Je pourrai ainsi travailler parallèlement à mes études et faire ce qu’il faut pour survivre à cette crise qui nous prive de droits humains fondamentaux : la nourriture et le logement, dont les prix augmentent rapidement et de façon incontrôlable.

Voir mon rêve m’échapper a constitué une grande déception pour moi. Au début, lorsque la réalité m’a frappée, il m’a été difficile d’accepter le fait que je devais abandonner mes rêves ; que certaines réalités me dépassent et que je devais faire des concessions sur ce qui est censé accompagner chaque jour de ma vie, à savoir mon éducation et ma carrière.

Aujourd’hui, cela ne me dérange plus. Je suis convaincue qu’il faut essayer toujours de trouver des alternatives et continuer d’avancer. Je suis heureuse de choisir un parcours qui aidera ma famille et me permettra de commencer à travailler plus tôt que l’aurait permis la médecine.

Si je raconte mon histoire, c’est parce qu’elle n’est pas uniquement la mienne, c’est celle de toute une génération de jeunes étudiants qui se trouvent contraints d’abandonner leurs rêves et de se contenter de carrières en deçà de leur véritable potentiel. Je me sens obligée de partager mon histoire, et à travers elle, un million d’autres histoires, parce que les rêves sont censés se concrétiser, certes, mais aussi pour dénoncer la triste réalité de notre pays où seules les personnes ayant du pouvoir sont en mesure de réaliser leur plein potentiel, alors que nous autres devons traiter nos rêves en matière d’éducation comme un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre.

Le plan B que j’ai choisi consiste en une maîtrise en physiologie ou en neurosciences. Un diplôme qui coûte beaucoup moins cher que des études en médecine et que je pourrai payer en partie en assistant des professeurs, une possibilité offerte par de nombreuses universités. L’Université libanaise serait également un bon choix car elle est gratuite. De plus, un master me donnerait le temps de travailler en parallèle à mes études, et je compte m’y mettre bientôt, afin de subvenir à mes besoins et participer aux dépenses de ma famille. »

*Le nom a été modifié à la demande de la personne pour préserver son anonymat.

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Étudiante à la LAU depuis 2017, Mirna* obtiendra bientôt sa licence en biologie, avec un GPA élevé, lui permettant d’entreprendre des études de médecine et d’accéder au métier qui la passionne : la pédiatrie. Malheureusement, la conjoncture libanaise en a voulu autrement. Elle raconte. « J’ai toujours voulu étudier la médecine et devenir pédiatre. Depuis que je suis...

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