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Nos Lecteurs ont la Parole

Corriger les mentalités

Les débats d’idées et les controverses fusent de toutes parts, les prophètes de malheurs rivalisent avec les Cassandres. Les modèles de société varient en fonction des rêves ou des idéologies de chaque auteur.

Tous les projets paraissent vertueux. On a l’impression que nous vivons une accélération de changement des idées. Chacun étale sa recette, pensant qu’elle est la meilleure !

Notre système politico-social paraissait bien fonctionner !

Une course effrénée où tous les profiteurs, les grands joueurs et les rêveurs d’un jour meilleur se bousculaient continuellement. Nos grands principes se limitaient à la notion de « rendement », « compétition », gain à outrance, « la performance en biens et en notoriété ». L’ensemble guidé par une lutte de pouvoir et la recherche du « pouvoir » pour faire aboutir ses intérêts.

La surconsommation devenait la seule dynamique sur laquelle se basaient tous les paramètres de nos sociétés.

Des besoins toujours poussés à l’extrême dans tous les domaines. Des besoins accrus ou exagérés, même dans la demande médicale.

Dans ce cadre le moi-plaisir ne peut que désirer, travailler à un plus de plaisir et surtout éviter le déplaisir. De plus, le moi-réalité n’a pas d’autres buts que de rechercher ce qui est profitable, loin des problèmes et dommages. Ici se pose la notion du manque, le sujet comme marqué d’un manque, organisé autour d’un vide. Chacun paraît guidé par ses « idéaux » se rapportant à sa structure intra-subjective.

À noter à ce niveau qu’il existe toujours un grand fossé entre nos besoins, nos fantasmes et nos rêves. Nos capacités sont limitées et nos rêves sont infinis.

Des religions, des philosophies appellent à un renoncement absolu aux plaisirs dans la vie, en échange de la promesse d’une récompense dans un au-delà mal délimité.

En attendant, la science arrive à satisfaire beaucoup de nos besoins quotidiens. Mais le manque reste impossible à colmater.

En fait, « prospérité », « progrès scientifiques », « révolution numérique » répondent à une large demande de nos besoins.

Le Liban subit comme ailleurs les dévoiements de l’être humain, la pandémie du Covid-19 nous donne à réfléchir et nous enfonce davantage.

Notre planète Terre ressemble à un bateau ivre. Tous les responsables politiques devraient s’atteler à trouver des solutions. Et il y en a. Nos décideurs, loin de s’en occuper, se préoccupent de leurs intérêts par-dessus tout. Ou bien de leurs mesquineries contradictoires. Depuis des décennies, nous sommes victimes d’irresponsables et de profiteurs. Des faux cols blancs ou des mafieux déguisés en gestionnaires du pays. Ici il faut tomber les masques. Le monde entier doit se corriger.

Les grandes puissances ne peuvent à tout prix chercher à écraser ou à profiter des autres groupes sociaux. Cet égoïsme des responsables nous entraîne inévitablement vers une tragédie humaine… Toute escalade entre les « grands » retombe sur l’humanité entière.

Que faut-il espérer ?

Richelieu disait : « Il ne faut pas tout craindre, mais tout préparer. » Notre monde retombe dans les luttes du « virus de la guerre froide », l’humain est toujours à la recherche du pouvoir, du gain, de la domination. On n’est pas dans la raison mais dans les pulsions. Comment changer de logiciel diplomatique entre les pays. Edgar Morin nous rappelle que « la compréhension mutuelle entre humains aussi bien proches qu’étrangers est désormais vitale pour que les relations humaines sortent de leur état barbare d’incompréhensions ». Cette crise nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins « masqués » de notre quotidien.

Un « new deal culturel » est indispensable. Il y a à raviver, et avec audace et détermination, un certain ordre mondial. Apprendre et pratiquer chez les responsables l’altruisme, la transparence, la solidarité, la lutte contre les inégalités, la liberté et à investir dans la santé et l’environnement. Mais l’humain est défaillant, il est guidé par la haine, l’appât du gain, la lutte pour le pouvoir. Sous couvert du bien commun, l’amour propre, l’amour de posséder, le virus de la corruption est un fléau mondial. Nous sommes au Liban en très bonne position, aux premières loges. La corruption n’est pas un qualificatif vague et impersonnel (comme si l’on : disait il pleut… Il fait froid ce matin). C’est une perversion structurelle, un vrai « virus » qui envahit les responsables de façon chronique…

Un responsable politique ou administratif se doit de respecter les lois, et surtout un code d’éthique et de transparence.

D’ailleurs, le Liban cherche à mettre en place un « centre d’échange et de dialogue » entre les cultures et les religions. Pour cela, des chercheurs, intellectuels, sociologues, penseurs, des philosophes et des personnes libres se doivent d’établir des échanges ou dialogues et définir les grands principes d’un tel centre pour pouvoir dialoguer librement. Pour cela, ils doivent d’ailleurs se défaire de leurs opinions, de leur parti pris et de leur esprit partisan. Cela n’est pas impossible, mais difficile. Nous savons malgré tout que l’humain est conflictuel, perturbé, tiraillé par ses pulsions, et confiné dans ses « certitudes ». Emmuré dans ses convictions et ses vices identitaires. Pour changer le monde, il faut changer les mentalités. Cultivons un espoir, un rêve qu’un monde meilleur est possible…

C’est l’objectif de nos jeunes qui assurent la révolution. Travail difficile car nous leur laissons un pays déchiqueté et endetté.

Le monde de nos jeunes est un monde de culture, de paix, de poésie, d’art et de créativité. Chacun devrait se réinventer, redessiner ses pulsions positives et éloigner les pulsions négatives (selon Spinoza) et tout transformer en désir de vie. Agissons ! Mission possible.

Dr Adel AKL

Psychiatre/psychanalyse

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Les débats d’idées et les controverses fusent de toutes parts, les prophètes de malheurs rivalisent avec les Cassandres. Les modèles de société varient en fonction des rêves ou des idéologies de chaque auteur. Tous les projets paraissent vertueux. On a l’impression que nous vivons une accélération de changement des idées. Chacun étale sa recette, pensant qu’elle est la meilleure...

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