Pour Washington, les talibans respectent leurs engagements

Les talibans respectent leurs engagements qui conditionnent le retrait des troupes américaines d'Afghanistan, même si le niveau de violence "viole l'esprit" de leur accord avec les Etats-Unis, a déclaré vendredi l'émissaire américain Zalmay Khalilzad.

Cet artisan de l'accord signé le 29 février par les insurgés et Washington après plus de 18 années de guerre a estimé que le groupe jihadiste Etat islamique (EI) était responsable de l'attaque meurtrière de mardi contre une maternité de Kaboul, et non pas les talibans. Ce bain de sang a pourtant poussé le président afghan Ashraf Ghani a ordonner la reprise des opérations offensives contre les talibans, au risque de faire dérailler encore un peu plus un processus de paix déjà mal engagé.

"Les talibans ont respecté leur engagement à ne pas attaquer les forces de la coalition" internationale, a estimé Zalmay Khalilzad dans un échange téléphonique avec des journalistes. Il a relevé que les rebelles, qui ont revendiqué une attaque au camion piégé menée jeudi contre un bâtiment de l'armée afghane dans l'est du pays, n'avaient pas encore promis de cesser la violence contre les forces de sécurité de Kaboul. "Ils se sont engagés à ne pas perpétrer d'attaques dans 34 villes majeures, et ils ne l'ont pas fait", a poursuivi le diplomate américain.

Pour autant, il a estimé que les talibans violaient "l'esprit, sinon la lettre" de l'accord avec Washington, car ils s'étaient selon lui engagés à une réduction globale de la violence qui n'est pas reflétée par "le nombre des attaques et le nombre d'Afghans tués dans ces attaques". Il a jugé à cet égard l'attaque de jeudi "très négative".

Malgré cette violence, l'émissaire a assuré que les Etats-Unis continuaient à mettre en oeuvre le retrait de leurs troupes, qui prévoit un départ total d'ici mi-2021. "La condition-clé, pour les Etats-Unis, c'est que les talibans tiennent leur engagement sur l'antiterrorisme", en contrant des groupes comme el-Qaëda ou l'EI sur leur territoire, a-t-il fait valoir. "C'est le numéro un."

Le démarrage de négociations de paix directes inédites entre Kaboul et les talibans, qui devait avoir lieu le 10 mars mais ne cesse d'être repoussé, ne semble pas être une condition absolue à la poursuite du retrait américain. z"Ce serait mieux si les négociations interafghanes commençaient quand nous avons encore des forces substantielles en Afghanistan", a seulement glissé Zalmay Khalilzad.