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Culture - Web-Culture

In the mood for littérature, yoga et fettucine ?

Depuis plus d’un an, la Franco-Libanaise Mirna Hélou renouvelle chaque semaine sa page Instagram, en proposant une chronique littéraire, accompagnée d’une posture de yoga et d’une recette. Un projet original qui a déjà séduit de nombreux lecteurs.


Mirna Hélou, blogueuse littéraire sur Instagram. Photo DR

La lecture a le vent en poupe, surtout depuis que l’on est tous contraints de rester chez nous. In the mood for books est une mine d’or pour tous ceux qui cherchent des idées originales de lecture.

Après des classes préparatoires littéraires et une école de commerce, Mirna Hélou travaille à Paris dans le marketing, dans le monde des parfums. « Parallèlement, j’ai deux passions, l’une qui m’accompagne depuis toujours, le monde des livres et de la littérature, et l’autre qui est plus récente, le yoga, que je peux maintenant enseigner car je me suis formée pour cela. Depuis très longtemps, j’écris mes impressions de lectures. Et il y a un an et demi, mon mari m’a encouragée à les partager et à les publier sur Instagram », précise celle dont la famille paternelle est originaire de Wadi Jezzine.

La rencontre avec les auteurs lui semble fondamentale dans sa démarche. « J’apprécie de pouvoir échanger sur leurs modalités créatrices, leurs habitudes d’écriture, les sujets qu’ils aiment aborder. Trop souvent on parle de l’œuvre elle-même, sans aborder le rapport entre l’auteur et son texte », ajoute la jeune femme de 34 ans. Le choix des livres présentés se fait au gré des humeurs littéraires de Mirna Hélou. « Parfois j’ai un coup de cœur absolu sur des livres qui viennent de sortir, comme pour le roman que je suis en train de lire en ce moment, Tant qu’il y aura des cèdres de Pierre Jawaran (Héloïse d’Ormesson, 2020). Plusieurs maisons d’édition m’envoient leurs dernières parutions et je peux choisir en fonction de l’actualité, des prix littéraires, ou par rapport à une thématique qui m’intéresse. J’ai le souci de mettre en valeur certains ouvrages que je considère comme étant sous-estimés. Mes choix dépendent beaucoup du moment et de mes envies. Je n’écris jamais sur des livres qui m’ont déplu car il y a trop de belles lectures pour évoquer celles qui m’ont déçue. »

La page Instagram In the mood for books se compose de plusieurs carrés, qui apparaissent en trois temps chaque semaine. « Le premier carré est comme un post-it, c’est un extrait du livre qui m’a plu, pour donner un avant-goût de l’écriture de l’auteur. La chronique littéraire constitue le deuxième carré, je fais toujours un bref résumé, sans dévoiler les éléments-clés de l’histoire. J’explique ce que j’ai aimé dans la construction, dans le rythme, dans le ton... Enfin, le dimanche matin, je propose une posture de yoga qui est en lien avec le livre que j’ai présenté dans la semaine : cet élément fonde l’unicité de ma démarche et il fait sens pour moi », explique Mirna Hélou.


Capture d’écran du compte « In the mood for books ».

Critiques trilingues

Autre spécificité de cette page insolite : elle propose parfois des recettes culinaires tout aussi inhabituelles, comme celle des fettucini à l’encre de seiche et curry à la persane.

Les chroniques sont par ailleurs multilingues. « Étant trilingue, je lis également en anglais et en italien, et je rédige des chroniques dans ces deux langues. Parfois, je profite de la sortie de la traduction en français d’un livre qui m’a beaucoup plu et je le mets en avant sur ma page. C’était le cas la semaine passée pour le jeune romancier italien Dario Levantino, dont le premier ouvrage vient de sortir en France, De rien ni de personne (Payot et rivages, 2020). C’est un roman d’apprentissage très intéressant sur fond de fresque sociale. On partage des émotions très dures, dans un contexte de mafia italienne, le récit est très fort, et je trouve qu’on n’en a pas assez parlé au moment de sa parution. Auparavant, j’ai parlé du roman Le Rouge n’est plus une couleur, de Rosie Price (Grasset, 2020), autour de la question du viol et de son impact dans l’environnement proche de la victime », confie celle qui apprécie particulièrement l’écriture d’Alexandre Najjar. « Il me relie au Liban ; dans ses textes, je retrouve une forme de nostalgie et de poésie, avec quelque chose de lumineux, ça me touche beaucoup. »

Différents échos semblent exister entre littérature et confinement. « Dans plusieurs polars, on retrouve l’idée d’une épidémie qui se propage. Bien sûr, on pense à Anne Franck, qui est restée si longtemps enfermée dans un espace réduit et qui a su garder son humour et son humanité. Et puis, je me demande si c’est normal que les gens paniquent parce qu’on est en confinement. Ce qui me semble éclairant, c’est que tous mes amis qui sont de grands lecteurs ne sont pas gagnés par cette angoisse, ils ont l’habitude d’être à l’intérieur d’eux-mêmes », conclut celle dont le compte Instagram compte actuellement près de 1 330 abonnés, sans compter tous les lecteurs qui consultent ses chroniques par le jeu des hashtags et des croisements thématiques.

Suggestions de lecture de Mirna Hélou

– 2 policiers : Le Passé est une terre étrangère (Payot et rivages, 2009) de Gianrico Carofiglio.

La Police des fleurs des arbres et des forêts (Albin Michel, 2019), de Romain Puertolas.

– 2 sagas familiales : L’Amie prodigieuse (Gallimard, 2014), Elena Ferrante.

La Maison au bord de la nuit (Presses de la cité, 2017), Catherine Branner.

– 2 romans d’apprentissage : De rien ni de personne (Payot et rivages, 2020), Dario Levantino.

Arrête avec tes mensonges (Julliard, 2017), Philippe Besson.

– 2 romans historiques : La Goûteuse d’Hitler (Albin Michel, 2019), Rosella Postorino.

Petit Pays (Grasset, 2016), Gaël Faye.

– 2 romans sociaux : Né d’aucune femme (La Manufacture des livres, 2019), Franck Bouysse.

Chacun sa vérité (Actes Sud, 2017), Sara Lövestam.

– 2 romans pour rire : Einstein, le sexe et moi (Points, 2019), Olivier Liron.

Le Discours (Gallimard, 2018 ), Fabrice Caro.

– 2 romans pour voyager dans les sons et les couleurs : San Perdido (Calmann-Lévy, 2019), David Zukerkman.

Où bat le cœur du monde (Calmann-Lévy, 2019), Philippe Hayao.

La lecture a le vent en poupe, surtout depuis que l’on est tous contraints de rester chez nous. In the mood for books est une mine d’or pour tous ceux qui cherchent des idées originales de lecture.Après des classes préparatoires littéraires et une école de commerce, Mirna Hélou travaille à Paris dans le marketing, dans le monde des parfums. « Parallèlement, j’ai deux passions,...

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