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Société - Coronavirus

Concilier reconfinement et rapatriements à risque, un casse-tête pour les autorités

Le gouvernement a décrété quatre jours de fermeture, alors que le retour de milliers d’expatriés est imminent et que le nombre de cas est en hausse. Cette période sera-t-elle l’occasion de revoir la stratégie gouvernementale ?

Des rassemblements imprudents ont été constatés un peu partout dans le pays. Dès aujourd’hui, ce sera à nouveau le confinement. Ici, à Sabra. Aziz Taher/Reuters

Avec un compteur de contaminations par le coronavirus qui repart à la hausse et un rapatriement des expatriés qui doit s’intensifier, le gouvernement a décrété un reconfinement total de quatre jours à partir d’aujourd’hui et jusqu’à lundi matin après avoir amorcé un plan de déconfinement progressif fin avril. Le Liban a jusqu’ici officiellement recensé 878 infections dont 26 décès (huit cas enregistrés hier, cinq résidents et trois expatriés). Parmi ces contaminations, « 109 nouveaux cas ont été enregistrés en quatre jours », a indiqué le Premier ministre, Hassane Diab.

Où résident les lacunes et comment les éviter à l’aune d’une nouvelle phase de rapatriement qui sera entamée aujourd’hui, sachant que ce rapatriement est un droit des Libanais bloqués à l’étranger, comme l’a rappelé hier le ministre des Affaires étrangères Nassif Hitti ? Comment le gouvernement compte-t-il tirer parti de ces quatre jours de fermeture pour rediriger son action de lutte contre la propagation du virus ?

Interrogé sur le suivi des personnes rapatriées, le Dr Abdel Rahman Bizri, membre du Comité national des maladies transmissibles, se montre critique. « Le gouvernement et certains médias veulent faire assumer la responsabilité à la population, ce qui est partiellement vrai, mais la principale responsabilité dans l’application des mesures de quarantaine incombe à l’État, affirme-t-il. Le bilan de la première phase de rapatriements était acceptable, nous l’avions reconnu et avions espéré que les deuxième et troisième phases seraient encore plus réussies. Or ce n’est pas le cas. »

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À la veille d’une nouvelle phase de rapatriements qui doit concerner plus de 11 000 personnes, le médecin mentionne les avions bondés, les quarantaines non surveillées, les voyageurs qui se présentent avec des tests effectués dans les pays où les laboratoires ne sont pas crédibles… « Le ministère de l’Intérieur a confié la surveillance des voyageurs en quarantaine aux municipalités, qui n’ont ni l’autorité morale ni les outils pour suivre les cas de voyageurs rapatriés, souligne-t-il. Le gouvernement se repose sur les lauriers de ses réalisations, s’appuyant sur le fait que le coronavirus n’a pas frappé très fort chez nous. Cela est vrai, mais les raisons sont multiples. Les fonctionnaires du ministère de la Santé ont agi avec sérieux et le ministre s’est conformé à l’avis des experts, mais le rapatriement de Libanais et les mesures de confinement et de déconfinement ne dépendent pas de ce ministère. » « Le déconfinement est incontournable, en pareille situation de crise économique, estime le Dr Bizri.

Toutefois, ces quatre jours de fermeture ne seront utiles que si le gouvernement en profite pour élaborer un plan d’action exécutif et précis qui lui permette de reprendre le contrôle de la situation. » Par ailleurs, à la question de savoir s’il craint une deuxième vague de contaminations, il répond simplement : « Nous ne sommes pas encore sortis de la première ! »

Un bilan en fin de semaine

Pour sa part, Petra Khoury, conseillère du Premier ministre, Hassane Diab, affirme à L’OLJ que « les nouveaux cas ne résultent pas tous de contacts avec des personnes rapatriées, loin de là, mais du non-respect des règles de déconfinement, notamment la distanciation sociale, l’interdiction des rassemblements, etc. ». « Il est devenu plus difficile de garder chez elle une population excédée par des semaines de confinement, note-t-elle. Et il fallait s’attendre à une résurgence des cas. Toutefois, ce qui nous a inquiétés et poussés à prendre des mesures de reconfinement, c’est l’apparition de plusieurs foyers de contamination à la fois. » « Ces quatre jours permettront au ministère de la Santé de freiner la propagation du virus, tout en analysant la situation dans les régions où ces foyers se sont manifestés. Le gouvernement effectuera un bilan à la fin de la semaine, afin de repenser les mesures de déconfinement par secteur, à la lumière du bilan sanitaire », affirme-t-elle. Pour ce qui est du suivi des voyageurs rapatriés, Mme Khoury rappelle que le ministère de l’Intérieur a renforcé les mesures et a dressé de nombreux procès-verbaux contre des contrevenants, sachant que le parquet a déjà engagé des poursuites contre plusieurs d’entre eux. « Pour être équitable, il faut rappeler que la plupart des voyageurs se sont correctement comportés, poursuit-elle. Et les problèmes ne résultaient pas d’un manque de suivi, mais des mensonges proférés par certains, qui donnaient de fausses informations, parfois de fausses coordonnées. »

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Confirmant ses dires, une source du ministère de la Santé précise à L’OLJ que « la principale responsabilité incombe aux voyageurs eux-mêmes, preuve en est la première phase de rapatriements qui s’était très bien passée ». Interrogée sur la fiabilité des résultats de tests effectués dans d’autres pays, cette source précise : « Généralement, si le résultat est négatif et que le voyageur ne présente aucun symptôme, il n’y a pas de raison de renouveler le test avant 72 heures. Toutefois, les médecins sur place peuvent estimer que les tests provenant de certaines destinations ne sont pas fiables, et décider de faire subir aux voyageurs des tests PCR à l’aéroport. »

Ce qu’on peut faire ou non durant ces quatre jours

Le Liban entame aujourd’hui une nouvelle phase de confinement total durant quatre jours, qui exclut les hôpitaux et établissements de santé, ainsi que les secteurs alimentaire, agricole et industriel. En dehors de ces exemptions, a précisé le ministère de l’Intérieur, le couvre-feu imposé sera renforcé pendant ces quatre jours, de 18h à 5h. La circulation alternée des véhicules, pour les personnes devant sortir en cas d’extrême nécessité uniquement (alimentation, achat de médicaments, essence, etc.), reste en vigueur. Les voitures aux plaques d’immatriculation se terminant par un chiffre impair pourront circuler vendredi, tandis que les véhicules dont la plaque se termine par un chiffre pair ne pourront circuler que jeudi et samedi. La circulation sera à nouveau interdite dimanche prochain pour toutes les voitures.

Dans le secteur alimentaire, les enseignes de vente au détail (supermarchés, pâtisseries, fromageries, vendeurs de quatre-saisons, poissonneries, boucheries), ainsi que les vendeurs de produits alimentaires en gros (fruits et légumes, poissons, viande, volailles) pourront ouvrir de 5h à 18h. Les stations-service et stations de distribution de gaz pourront également ouvrir de 5h à 18h.

Dans le secteur industriel, les usines de fabrication de médicaments et de matériel médical, de détergents et désinfectants, de production de masques et de combinaisons de protection, de produits alimentaires et de mise en bouteille d’eau potable, et de fabrication de produits destinés à l’agriculture pourront fonctionner de 5h à 18h. Les minotiers et les boulangers pourront ouvrir 24h/24.

Dans le secteur sanitaire, les laboratoires et cliniques ainsi que les entrepôts et entreprises de distribution de médicaments pourront ouvrir de 5h à 18h. Les hôpitaux et pharmacies resteront ouverts 24h/24.

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Les employés du port, de l’aéroport, de la Croix-Rouge, de la Défense civile, les pompiers, les diplomates, les journalistes, les employés de la présidence de la République, du Conseil des ministres et du Parlement, ceux d’Ogero et d’Électricité du Liban, des offices des eaux, des sociétés de sécurité et de nettoyage, les camions transportant de l’eau, du matériel médical, des denrées alimentaires, du carburant et des déchets seront tous autorisés à circuler pendant ces quatre jours, mais pourront être tenus de présenter leur carte professionnelle à la demande des forces de l’ordre.

Quant aux banques, elles seront fermées, a annoncé l’Association des banques du Liban. Les restaurants, snacks, bars, cafés, salons de thé et toutes les installations touristiques, ainsi que les stations balnéaires et de vacances seront également fermés, a confirmé le ministère du Tourisme. Les services de livraison à domicile seront autorisés jusqu’à 18 heures, a annoncé le ministère du Tourisme hier soir, revenant sur une première décision interdisant les « delivery » rendue publique plus tôt. Enfin, la prière du vendredi est suspendue dans toutes les mosquées du pays, ainsi que l’a annoncé la direction générale des waqf islamiques au Liban.


Avec un compteur de contaminations par le coronavirus qui repart à la hausse et un rapatriement des expatriés qui doit s’intensifier, le gouvernement a décrété un reconfinement total de quatre jours à partir d’aujourd’hui et jusqu’à lundi matin après avoir amorcé un plan de déconfinement progressif fin avril. Le Liban a jusqu’ici officiellement recensé 878 infections dont 26...

commentaires (2)

TRES SIMPLE. A L,ARRIVEE TOUT LE MONDE EN QUARANTAINE D,AU MOINS DEUX SEMAINES DANS DES HOTELS RESERVES A CET EFFET ET SOUS CONTROLE. NE PAS LES LACHER DANS LA NATURE POUR QU,ILS AILLENT INFECTER PARENTS ET AMIS. L,ETAT EN EST RESPONSABLE.

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 05, le 14 mai 2020

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Commentaires (2)

  • TRES SIMPLE. A L,ARRIVEE TOUT LE MONDE EN QUARANTAINE D,AU MOINS DEUX SEMAINES DANS DES HOTELS RESERVES A CET EFFET ET SOUS CONTROLE. NE PAS LES LACHER DANS LA NATURE POUR QU,ILS AILLENT INFECTER PARENTS ET AMIS. L,ETAT EN EST RESPONSABLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 05, le 14 mai 2020

  • Et bien stoppons ces rapatriements pour l'instant. La 1ère vague a été un échec à cause de l'incivisme écœurant d'un certain nombre d'individus. Que ça serve de leçon. Car nous les "locaux" nous subissons la double peine. Enfermés. Re enfermés. Et pour beaucoup perte sèche de revenus. Dû à l'interdiction d'exercer.

    Sybille S. Hneine

    09 h 05, le 14 mai 2020

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