Coronavirus : Aoun appelle à "revoir et renforcer les mesures en place"

Le président libanais, Michel Aoun, a appelé mardi à revoir et renforcer les mesures mises en places par les autorités pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus, alors que le pays connaît ces derniers jours une nouvelle hausse des contaminations au Covid-19, en raison d'un certain relâchement au sein de la population et de couacs dans les opérations de rapatriements.

Au début du Conseil des ministres qu'il préside au palais de Baabda en présence du chef du gouvernement, Hassane Diab, le président Aoun a souligné "la nécessité de revoir les mesures prises et de renforcer ces mesures de protection contre le coronavirus, sachant que le nombre de contaminations est reparti à la hausse durant les derniers jours". Le chef de l'Etat a en outre demandé "aux Libanais qui observent une quarantaine à domicile à respecter les consignes qui leurs sont transmises, afin d'éviter des poursuites devant la justice".

Le président Aoun a également profité de la Journée internationale des infirmières pour leur exprimer son soutien. "Un hommage aux anges de la miséricorde que nous saluons tous les jours pour leur fidélité à leur mission humanitaire. Nous vivons avec eux leur lutte aux côtés des patients atteints du coronavirus, malgré tous les dangers auxquels ils font face", a dit le chef de l'Etat.

Au lendemain du début de la troisième phase du déconfinement malgré une nette hausse des cas de coronavirus déclarés ces derniers jours, et selon le dernier bilan du ministère de la Santé publié lundi, le Liban enregistre un total de 859 cas dans le pays depuis le 21 février, dont 26 décès.

Le ministre de la Santé, Hamad Hassan, avait évoqué plusieurs fois au cours du week-end l'éventualité d'une fermeture totale du pays pendant plusieurs jours si les Libanais ne respectaient pas davantage les mesures de prévention du virus.

Le gouvernement avait décidé le 5 mai de prolonger jusqu'au 24 mai la mobilisation générale qui devait prendre fin le 10 mai, conformément à une recommandation du Conseil supérieur de la défense. Depuis plusieurs jours toutefois, bars et restaurants, ainsi que salons de coiffure et agences de vente de voitures avaient commencé à rouvrir en respectant un certain nombre de règles dans le cadre de la deuxième phase du plan de déconfinement progressif avalisé il y a deux semaines. La troisième phase du déconfinement entamée lundi autorise notamment la réouverture des grandes surfaces commerciales à l'exception des malls, la reprise du travail sur les chantiers de construction et permet aux restaurants et cafés d'accueillir la clientèle à 50% de leur capacité. La quatrième phase débutera le 25 et la cinquième le 8 juin, date à laquelle le secteur de l’enseignement et les centres de loisirs pourront notamment rouvrir leurs portes, sous certaines conditions cependant.

Le contrôle de la pandémie de Covid-19 semble échapper ces derniers jours aux autorités. Le comité national d’experts en maladies transmissibles avait fait part de "sa vive inquiétude" au ministère de la Santé, comme l'a souligné à L’OLJ le Dr Abdel-Rahman Bizri, spécialiste en maladies infectieuses et également membre de la commission nationale de suivi du Covid-19. Selon lui, le comité estime que le gouvernement doit revoir sa copie à deux niveaux. Il doit, d’une part, réorganiser le rapatriement des Libanais dans le cadre de la troisième phase qui commence dans les prochains jours, pour qu’il soit mieux contrôlé, comme c’était le cas durant la première phase. Le gouvernement doit, d’autre part, mieux contrôler la situation sur le territoire. Pour faire face à la hausse des contaminations locales, survenue après plusieurs jours de bilans minimes voire négatifs, les Forces de sécurité intérieure libanaises ont annoncé lundi qu'elles allaient "renforcer les mesures contre les contrevenants" à la mobilisation générale proclamée pour tenter de freiner la propagation de l'épidémie.