L’Association des consommateurs réclame la fin du « monopole des grands importateurs »

L’Association des consommateurs libanais a appelé hier dans un communiqué le ministre de l’Économie et du Commerce Raoul Nehmé à mettre un terme au « monopole » des grands importateurs de biens de consommation, responsables selon elle de « l’augmentation folle » des prix dans le pays. Ces grands importateurs sont définis par l’association comme ceux qui importent « plus de 85 % des produits dont ont besoin les Libanais ». Celle-ci regrette que le ministère « coure après les petits commerçants depuis des mois mais oublie » les plus grands. Depuis plusieurs mois, une centaine d’inspecteurs de la Direction de la protection des consommateurs multiplient les tournées pour vérifier les marges des commerçants. En manque de personnel, le ministère a également commencé à la même période à former des volontaires pour épauler ces inspecteurs, une mesure annoncée en février dernier. L’Association des consommateurs libanais pointe aussi du doigt le fait que les importateurs paient les frais de douanes, de transports et de taxes en livres, alors que dans le calcul de leurs coûts, ils considèrent ces paiements en dollars. L’association a évoqué une « ruse » qui leur permet « d’augmenter leur marge de profit à 30 % au lieu de 10 % ». Le collectif demande ainsi la suppression de ce « monopole » et « l’adoption d’une loi sur la concurrence ». En mars dernier, le ministre Raoul Nehmé avait annoncé l’élaboration d’un projet de loi sur la concurrence qui vise justement le pouvoir des cartels et un second qui permette au ministère d’étendre ses prérogatives pour la protection du consommateur. Actuellement, le ministère vérifie uniquement les marges entre le commerçant et le consommateur et n’agit pas en amont de la chaîne de distribution. Si un membre de cette chaîne augmente ses marges, la facture finale présentée au consommateur va augmenter alors que la marge du commerçant reste la même. Une source du ministère contactée par L’Orient-Le Jour a confirmé que cette loi, préparée avec le ministère de la Justice, se trouve à présent sur le bureau des Finances et espère qu’elle sera discutée cette semaine durant le Conseil des ministres.

Le Liban traverse depuis plusieurs mois une crise économique et monétaire doublée d’une dépréciation de la livre, qui a été amplifiée par les mesures de confinement mises en place depuis le 15 mars dernier pour enrayer la propagation du Covid-19.