Mikati n'assistera pas à la réunion de Baabda

Le député et ancien Premier ministre libanais Nagib Mikati a annoncé mardi qu'il n'assistera pas à la réunion politique qui se tient mercredi au palais de Baabda, sous l'égide du chef de l'Etat, Michel Aoun, faisant savoir toutefois qu'il était disposé à s'y faire représenter par l'un des députés de son groupe parlementaire.

Le président Aoun a convoqué les groupes parlementaires à une réunion à Baabda demain afin de discuter du plan de redressement économique adopté par le gouvernement de Hassane Diab, sur fond de grave crise économique et financière, la pire en trente ans. Dans ses grandes lignes, ce plan sur cinq ans vise notamment à réduire le déficit public et prévoit une restructuration de la dette et du secteur bancaire. Il table également sur une dévaluation de la livre libanaise qui continue de s'effondrer actuellement sur le marché parallèle.

"Nous avons reçu une invitation de la part du président Aoun pour assister à la réunion des blocs parlementaires, demain, afin d'être informés du plan de réformes gouvernemental", explique M. Mikati dans un communiqué publié sur son site web. "Sachant que la période par laquelle passe le Liban est dangereuse sur les plans économique et financier, cela nécessite une coopération entre tout le monde pour trouver des solutions. (...) Nous avons donc décidé que notre groupe parlementaire participerait à la réunion de Baabda, par le biais du Trésorier de la commission parlementaire des Finances, le député Nicolas Nahas, afin que nous puissions exposer nos remarques sur le plan en question. J'ai informé les bureaux de la présidence de cette décision, mais on m'a précisé aujourd'hui que l'invitation était personnelle, et j'ai donc décliné cette invitation", explique Nagib Mikati. "Nous aurions souhaité que l'Etat (...) convie les groupes politiques à une réunion cruciale pour se mettre d'accord sur la vision du plan de redressement et de réformes (...). Mais une réunion qui a pour but d'informer les groupes parlementaires du plan qui a déjà été adopté équivaut à nous mettre devant le fait accompli", estime M. Mikati. "Nous craignons que le plan approuvé par le gouvernement ne constitue un coup contre les principes économiques sur lesquels le Liban a été fondé", ajoute-t-il. Et Nagib Mikati de conclure : "Nous restons persuadés que ce gouvernement n'est pas capable d'appliquer ce plan ou quelconque autre plan, car il souffre d'un handicap structurel".

Le courant du Futur de Saad Hariri, qui critique avec virulence Gebran Bassil, le chef du Courant patriotique libre (CPL) fondé par le président Aoun, a annoncé qu'il boycottera cette réunion. Le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, reçu par le chef de l'Etat lundi, a annoncé qu'il ne serait pas présent personnellement demain mais qu'il enverrait ses remarques sur le plan Diab par écrit. Les Forces libanaises de Samir Geagea, qui avaient noué une alliance en 2016 avec le CPL mais qui s'opposent aujourd'hui à la formation aouniste, n'ont toujours pas décidé si elles participeraient à la réunion.