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Société - contestation

"C'est la révolution de la faim" : nouvelle journée de mobilisation sur les routes du Liban

Tensions entre contestataires et forces armées à Zouk Mosbeh et dans le centre-ville de Beyrouth. 

Un garçon courant devant des conteneurs incendiés, dans le centre-ville de Beyrouth, le 27 avril 2020. Photo Joao Sousa

Des dizaines de Libanais se sont à nouveau mobilisés lundi dans la rue alors que la grogne continue d'enfler dans le pays contre la dégradation galopante de la situation socioéconomique, et ce malgré la pandémie de coronavirus et les mesures de prévention imposées par le gouvernement.

Dans plusieurs régions du pays, comme à Beyrouth, à Zouk Mosbeh et Jbeil, Naamé, Nabatiyé, ou dans le Akkar, les contestataires ont tenté par tous les moyens de fermer les axes routiers devant les automobilistes, ce qui a par moments provoqué des tensions avec les forces de l'ordre déployées en nombre. En soirée, l'Ani a rapporté que des bousculades ont eu lieu entre l'armée et les manifestants qui ont coupé la route en direction de Beyrouth, au niveau du Christ-Roi.

A Zouk, quelques dizaines de personnes, drapeaux libanais en main, se sont mobilisées sur les différentes voies de l'autoroute pour empêcher la circulation, fermant à plusieurs reprises la route, selon notre journaliste sur place Suzanne Baaklini. Des manifestants sont venus de Jal el-Dib et Beyrouth pour grossir les rangs des contestataires de Jounieh et Zouk, localités côtières qui avaient connu une très forte mobilisation lors des premières semaines de la mobilisation du 17 octobre. L'appel à fermer l'autoroute avait été lancé peu avant par les groupes de révolutionnaires locaux sur les réseaux sociaux. Sur place, l'ambiance était au début de la mobilisation très similaire à celle des premières semaines du mouvement de contestation, une camionnette diffusant notamment des chants révolutionnaires. "Que voulez que l'on fasse ? Le kilo de tomates a atteint 4.000 livres libanaises, qu'attendons-nous pour réagir", a déclaré un protestataires à L'OLJ. Une autre personne qui fait partie des organisateurs du mouvement de révolte à Zouk estime "inévitable" cette reprise du soulèvement, la majorité des jeunes de la région étant sans travail. "C'est la révolution de la faim", lance un manifestant.

Une manifestante sur le toit d'une voiture à Zouk Mosbeh, le 27 avril 2020. Photo Suzanne Baaklini

L'armée et les forces de l'ordre, présentes en nombre, ont dans un premier temps empêché les contestataires de fermer l'axe routier et de légers heurts les ont opposé aux manifestants. Mais la tension est de nouveau remontée un peu plus tard et des affrontements ont eu lieu entre l’armée et les contestataires qui ont réussi à bloquer la route. Une route intérieure de la localité a été bloquée au moyen de pneus enflammés.

Un peu plus au Nord, à Jbeil, des manifestants ont bloqué plusieurs voies au moyen d'un barrage de pneus enflammés, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).

Conteneurs incendiés
Dans le centre-ville de Beyrouth, un petit groupe de manifestants s'est également rassemblé, sous haute surveillance des forces armées, selon notre photographe sur place Joao Sousa. Des échauffourées mineures ont opposé les protestataires aux agents présents. Quelques-uns d'entre eux seulement portaient des masques de protection contre le virus. Un peu plus loin, sur la voie-express du Ring, des manifestants ont bloqué la route au moyen de conteneurs de déchets incendiés puis ont été rapidement évacués par les forces armées. En fin d'après-midi, la Croix-Rouge libanaise a annoncé avoir transporté une personne blessée à l'hôpital.

Quelques manifestants entourés d'agents des forces de l'ordre, sur la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, le 27 avril 2020. Photo Joao Sousa

A Naamé, au sud de la capitale, les contestataires ont également bloqué brièvement les voies. A Nabatiyé, au Liban-Sud, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le Sérail au son de chants révolutionnaires, bloquant la route, selon des vidéos publiées sur le groupe Facebook Akhbar al-Saha.

A Saïda (Sud), une vingtaine de jeunes ont organisé un sit-in près de la place du marché de primeurs de la localité, au cours duquel ils ont protesté contre l'inflation et les répercussions de la crise, rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah. Dans la localité, d'autres contestataires ont décidé de cueillir des nèfles, dont c’est la saison, sur les terres de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, originaire de la ville et accusé de corruption, et de les répartir entre des familles de la région, affirmant qu’il doit aux Libanais des milliards de dollars. Les jeunes gens, qui ont appelé leur action "Campagne de restitution des fonds volés", ont affirmé avoir cueilli 25 kilos de nèfles, d’une valeur totale de 100.000 livres, et laissé sur place un message à l’ancien Premier ministre, lui disant qu’ils déduisaient cette somme des 11 milliards de dollars qu’il doit au peuple libanais.


Photo M. A.


A Nabatiyé, des contestataires ont organisé une marche pour protester contre la cherté de la vie.


Marche à Nabatiyé. Photo Ani


Dans la Békaa, des blocs ont été installés sur la route de Marj, afin d'empêcher toute circulation, selon notre correspondante sur place Sarah Abdallah, avant d'être rouverte en fin d'après-midi tandis que la route de Taalabaya-Sednayel a été bloquée. A Zahlé, la route a été coupée en début de soirée à hauteur du carrefour à l'entrée de la ville. La route a été brièvement coupée à Chtaura, tout comme dans la localité d'al-Aïn, dans le Hermel, où une personne touchée à la tête au moment où l'armée tentait de rouvrir la route, a été hospitalisée.

Dans le Akkar, au Liban-Nord, les routes de Biré et Mouhammara ont été bloquées. La route entre Minié et Abdé a également été coupée.


Route coupée entre Minié et Abdé. Photo Ani

A Tripoli, des dizaines de Libanais se sont rassemblés lundi soir sur la place al-Nour. Une dispute a éclaté entre l'armée et des manifestants qui se trouvaient devant le domicile de Fayçal Karamé. L'armée a eu recours à des bombes lacrymogènes. Des tirs en l'air à balles réelles ont été entendus dans la ville. Des protestataires s'en sont également pris à différentes agences bancaires, aux alentours de la place al-Nour et de la rue des Banques.

Dans un communiqué, la troupe a affirmé "son respect du droit de manifester", appelant toutefois les protestataires à ne pas fermer les routes et à ne pas s'en prendre aux biens publics et privés.

Toujours en soirée, près d'une centaine de Libanais se sont rassemblés lundi soir devant le siège de la Banque du Liban, à Hamra. Les forces de sécurité sont déployées sur les lieux.

Dimanche soir, des centaines de personnes étaient descendues dans les rues du pays pour manifester contre la pire crise économique et financière des 30 dernières années au Liban. Au fil des heures, les coupures de routes se répandaient sur tout le territoire, comme une véritable traînée de poudre.


Des dizaines de Libanais se sont à nouveau mobilisés lundi dans la rue alors que la grogne continue d'enfler dans le pays contre la dégradation galopante de la situation socioéconomique, et ce malgré la pandémie de coronavirus et les mesures de prévention imposées par le gouvernement.Dans plusieurs régions du pays, comme à Beyrouth, à Zouk Mosbeh et Jbeil, Naamé, Nabatiyé, ou dans le...

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AVEC LES ACTES UNILATERAUX ET ILLEGAUX DES PREDATEURS BANQUIERS ET LES SUGGESTIONS IRRESPONSABLES DE HAIRCUT MEME PARTIEL DE HASSAN DIAB LA CONTESTATION SE MUE EN REVOLUTION.

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 11, le 27 avril 2020

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Commentaires (1)

  • AVEC LES ACTES UNILATERAUX ET ILLEGAUX DES PREDATEURS BANQUIERS ET LES SUGGESTIONS IRRESPONSABLES DE HAIRCUT MEME PARTIEL DE HASSAN DIAB LA CONTESTATION SE MUE EN REVOLUTION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 11, le 27 avril 2020

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