Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Arabie saoudite

Une princesse saoudienne implore d’être relâchée via Twitter

Basmah bint Saoud affirme être détenue dans la prison d’al-Hayer et demande au roi Salmane et au prince héritier à être libérée pour des raisons médicales.

La princesse Basmah bint Saoud ben Abdelaziz lors d’une conférence sur le rôle des femmes au Moyen-Orient, au Middle East Institute, le 12 avril 2017, à Washington. Archives AFP

Après neuf mois de silence sur les réseaux sociaux, la princesse saoudienne Basmah bint Saoud ben Abdelaziz est mystérieusement réapparue sur son compte Twitter dans la nuit de mercredi à jeudi. « Je suis actuellement détenue arbitrairement dans la prison d’al-Hayer sans charges criminelles ou autre contre ma personne », peut-on lire dans un communiqué et une série de tweets publiés en arabe et en anglais. Située à quelque 40 kilomètres au sud de Riyad, la prison d’al-Hayer est le plus grand centre de détention haute sécurité du royaume, où est également détenue l’activiste saoudienne pour les droits de la femme, Loujain al-Hathloul, depuis février 2019.

« Mon état de santé est critique et se détériore, pouvant conduire à ma mort. Je n’ai pas reçu de soins médicaux ni de réponse aux lettres que j’ai envoyées depuis la prison à la cour royale. J’ai été enlevée sans explication avec l’une de mes filles et jetée en prison », poursuit la princesse. Affirmant « n’avoir rien fait de mal », elle s’adresse directement à son oncle, le roi Salmane d’Arabie saoudite, et à son cousin et fils du roi, le prince héritier Mohammad ben Salmane (dit MBS). « Je ne sais pas si vous avez connaissance de mon incarcération jusqu’à présent (…) passez mon cas en revue s’il vous plaît afin de me libérer et recevoir le traitement approprié car je suis dans une situation très délicate », implore-t-elle. Des propos qui ont été simultanément vérifiés comme étant « authentiques » par son service de communications sur Twitter. La princesse Basmah est portée disparue depuis février de l’année dernière. Selon un article publié en novembre sur le site du réseau international de diffusion allemand Deutsche Welle, elle aurait été enlevée avec sa fille, « soupçonnée d’avoir tenté de fuir le pays ». Deux mois plus tôt, elle était empêchée de se rendre en Suisse pour suivre un traitement médical. Selon Leonard Bennett, l’avocat qui avait arrangé le voyage, une correspondance devait être effectuée en Turquie, alimentant des soupçons de la part des autorités considérant le pays comme hostile au royaume. « Elle a disparu sans laisser de traces, personne ne savait où elle était. Nous avons craint le pire », a-t-il confié à DW. « Elle a refait surface (deux mois après), sa voix ressemblait à celle d’un otage », a rapporté l’avocat après avoir pu la joindre, précisant alors qu’elle était assignée à domicile sans charges retenues à son encontre. Selon des images de caméra de surveillance obtenues par le journal espagnol ABC, huit hommes armés auraient attendu la princesse et ses filles dans leurs maisons à Djeddah le 26 février 2019 et couvert les écrans des caméras avant de les enlever.


(Pour mémoire : Basma, fille du roi Saoud, petite-fille du roi Abdelaziz: Ce que j'aimerais changer en Arabie...)




Prises de position

Fille de l’ancien roi Saoud, la princesse Basmah est la dernière d’une fratrie de plus de 100 enfants. Née en 1964, elle a grandi à Beyrouth avant de déménager à Londres pendant la guerre civile libanaise. Elle revient au Liban dans les années 80 où elle étudie la psychologie, la médecine et la littérature anglaise à l’Université arabe de Beyrouth. Mère de cinq enfants, elle se lance dans le journalisme au milieu des années 2000 après son divorce et écrit pour diverses publications à l’instar d’al-Hayat, al-Ahram, The Huffington Post ou encore Vanity Fair. Elle fonde ensuite l’entreprise Inseed, avec trois branches spécialisées dans la restauration et une dans les médias. La princesse se démarque toutefois de ses pairs par ses prises de position, dénonçant la corruption et plaidant pour la mise en place de réformes en Arabie saoudite. Lors d’une interview accordée à la BBC en 2012, elle avait notamment fait part des « choses qu’elle aimerait voir changer » dans le royaume pour une meilleure protection des Saoudiennes, sous la forme de cinq demandes : la Constitution pour mettre les hommes et les femmes « sur un pied d’égalité », les lois sur le divorce, le système éducatif, les services sociaux et le rôle du tuteur masculin. Des demandes répétées à de multiples reprises lors de ses interventions médiatiques, tandis qu’elle a également appelé en 2018 à la fin de la guerre au Yémen où Riyad mène une coalition avec Abou Dhabi pour soutenir les forces gouvernementales contre les rebelles houthis.

Si ses prises de position pouvaient avoir été la raison de son enlèvement car trop dérangeantes pour Riyad, différentes possibilités auraient été avancées dans les médias. Profitant de ses liens étroits avec son cousin et ancien prince héritier Mohammad ben Nayef ainsi qu’avec le roi Salmane, elle serait notamment rentrée au royaume en 2016 pour demander la restitution d’un terrain à Taëf et deux milliards d’euros déposés dans des comptes suisses appartenant au roi Saoud, ont rapporté des sources citées par ABC. La détention de la princesse Basmah n’est pas sans rappeler les méthodes utilisées par Riyad pour faire taire les voix dissidentes ou les personnes trop menaçantes pour le pouvoir, à l’instar des purges du Ritz-Carlton ordonnées par MBS en 2017, les arrestations arbitraires d’activistes en 2018 ou encore l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul la même année. Accusés de trahison, quatre membres de la famille royale ont également été arrêtés le mois dernier, dont le dernier frère vivant du roi Salmane, Ahmad ben Abdelaziz et l’ancien prince héritier Mohammad ben Nayef, accusés de trahison pour avoir supposément planifié de renverser le jeune dauphin saoudien.


Lire aussi

L’émir de Dubaï a fait enlever deux de ses filles, révèle la justice britannique

Après neuf mois de silence sur les réseaux sociaux, la princesse saoudienne Basmah bint Saoud ben Abdelaziz est mystérieusement réapparue sur son compte Twitter dans la nuit de mercredi à jeudi. « Je suis actuellement détenue arbitrairement dans la prison d’al-Hayer sans charges criminelles ou autre contre ma personne », peut-on lire dans un communiqué et une série de tweets...

commentaires (4)

Tout en espérant qu'elle soit relâchée je me demande bien si tweeter lui aurait été disponible si elle était emprisonnée en Iran qui évidemment a un régime bien plus democritique

Wlek Sanferlou

16 h 51, le 17 avril 2020

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Tout en espérant qu'elle soit relâchée je me demande bien si tweeter lui aurait été disponible si elle était emprisonnée en Iran qui évidemment a un régime bien plus democritique

    Wlek Sanferlou

    16 h 51, le 17 avril 2020

  • je trouve qu elle a eu de la chance d etre encore vivante.la démocratie n a pas de limites chez les petro dollars

    youssef barada

    12 h 43, le 17 avril 2020

  • Braveheart, vous êtes une femme courageuse, il en faudrait beaucoup comme vous qui dénonceraient les tords et crimes de notre monde pourri.

    Christine KHALIL

    12 h 27, le 17 avril 2020

  • Franchement, nous avons d’autres priorités au Liban qu’a lire les péripéties des dignitaires saoudiens! Un peu de mesure, Messieurs!

    Cadige William

    10 h 24, le 17 avril 2020

Retour en haut