Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Tout va très bien !

Mais oui ! Mais oui ! Tout va très bien. Et non, je n’exagère pas ! Tout va même excellemment bien !

D’abord, nous sommes classés parmi les meilleurs pays à avoir pu maitriser le coronavirus… pour le moment. Ceci dit, nous attendons toujours le fameux pic. Les plus optimistes disent que nous en aurons jusqu’à fin juin, et les pessimistes, les gâcheurs de plaisir, n’y vont pas de main morte : 2020 est foutue jusqu’au 31 décembre. Remarquez, ça nous fera toujours une économie de cadeaux. On veut se préserver et préserver nos enfants avant tout.

Mais oui ! Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possible !

On vient de dire qu’un vaccin sera prêt d’ici à fin juin avec des tests, et tout, et tout, et tout. C’est une bonne nouvelle ! Reste à voir son efficacité, et combien de rats, de souris et autres muridés et murinés seront décédés et guéris d’ici là. Mais ce n’est pas grave, le virus avait commencé par un pangolin très prisé en Chine pour sa chair, paraît-il. En fait de chair fraîche, à cause de leurs goûts culinaires, le reste du monde est en plein cataclysme viral. Enfin, l’espèce étant protégée, espérons qu’ils feront plus attention, au moins, à ceux qui restent.

Mais oui ! Tout va très bien ! Nous nageons en plein bonheur.

Le prince Charles est guéri. La reine soutient son peuple et Boris est sorti d’hôpital. La sortie de l’Europe ne lui a pas porté bonheur. Bon, il ne faut pas être mauvaise langue et mélanger l’eau et l’huile. Dans tous les pays du monde, il y a au moins un député qui a attrapé en passant un peu de virus ; chez nous, ils sont en pleine forme. Et vous n’êtes pas heureux avec ça ? Nos dirigeants sont en bonne santé et ils travaillent ! Ils continuent à donner des avis et à refuser ou accepter telle ou telle décision et à se disputer, même confinés ! Ils ont le moral ! C’est ce qui compte. Nous, nous l’avons perdu car nous ne savons pas positiver. Apprenez à voir la partie pleine du verre, ce sera mieux. Sinon, versez dans un plus petit récipient, et la coupe sera pleine. Vous pourrez être heureux.

Tout va très bien, je vous le dis !

Les dernières nouvelles sont positives. Un peu trop ! Il paraît qu’il y a un nouveau record pour le virus. Avant, après un éternuement, nous étions dans une zone à risque d’un mètre cinquante à deux mètres. Maintenant, ça a quadruplé. Huit mètres ! Rien que ça ! Le virus et les gouttelettes qui sortent de la bouche peuvent se balader huit mètres et, paf, se coller sur vos narines, sur vos vêtements ou autre part (ce n’est pas le choix qui manque !). Sachant que le record du monde du crachat était aux alentours de onze mètres, il y a de la marge encore. Bientôt, on marchera avec une zone sécuritaire autour de nous.

Mais tout va très bien ! Car il y a encore mieux !

Eh oui ! Enfin, elle est venue. Nous l’attendions avec impatience pour peupler nos nuits déjà sans trop de sommeil. L’étude, the study : le monceau de feuilles qui va changer le monde et aller vers un monde meilleur plus serein et joyeux et qui, bien évidemment, éradiquera le peu de gaieté que nous gardions en réserve jalousement. Selon une étude japonaise ou américaine, il paraît que le virus se transmet en parlant. Oui, oui, simplement. Tout bêtement ! Je passe, je dis bonjour au concierge sans le toucher à une distance de deux mètres cinquante-trois, et si jamais il est infecté et qu’il ouvre la bouche, je suis foutu. Je n’invente rien. C’est passé aux nouvelles.

Je me permets de développer ce que j’ai compris. Quand nous expirons (car il faut bien le faire à un certain moment), de fines particules s’échappent de notre bouche et vont se balader dans l’air. Si la personne qui expire est infectée sans le savoir (ça peut arriver) et qu’elle est en train de parler avec une autre, saine, la personne en bonne santé, lors de son inspiration, humera le souffle de l’expiration et ces particules iront se loger soit sur la bouche, soit plus loin. Et le tour est joué ! Il faudrait déjà que nous soyons en contact avec une personne potentiellement infectée et que cette personne nous parle. Par contre, l’étude ne spécifie pas si les communications téléphoniques font partie du souffle d’air frais ; auquel cas je n’ouvrirais plus les messages de blagues de mes amis.

Mais je vous rassure ! Tout va très bien !

Et maintenant ! La der des ders, il faut rouler pair ou impair, comme à la roulette au casino. J’admire le zèle des policiers (sincèrement !) qui ont bien ouvert les yeux sur les contrevenants. De ce côté, y a pas photo. Ils ont brillé. C’est une bonne initiative et il fallait la prendre depuis longtemps, avant même cette histoire de plaques d’immatriculation. Mais il y aura toujours des personnes qui sauront utiliser des chemins détournés. Car il y a des Libanais qui aiment leur travail et risqueraient leur peau pour y arriver. Oui! Oui ! Vous avez bien lu. Cette catégorie de personnes existe vraiment. Parfois, ils n’ont pas vraiment le choix. Mais c’est un autre débat.

Tout va très bien ! Il faut le reconnaître !

Certaines mesures économiques ont été prises par la Banque du Liban et saluées par Morgan Stanley. Ce n’est pas rien non plus. Jusque-là, tout va bien ! Pour le moment, on attend toujours qu’elles s’appliquent car rien n’est évident, surtout si les circulaires sortent vendredi soir avec application immédiate dès lundi. Allez demander aux banques de s’organiser après ça ! Nous ne sommes pas sortis de l’auberge.

Mesdames, Messieurs, tout va très bien ! Rassurez-vous, éteignez votre télévision et ne lisez plus les journaux. Au moins, ça vous garantira d’avoir la tête tranquille.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Mais oui ! Mais oui ! Tout va très bien. Et non, je n’exagère pas ! Tout va même excellemment bien ! D’abord, nous sommes classés parmi les meilleurs pays à avoir pu maitriser le coronavirus… pour le moment. Ceci dit, nous attendons toujours le fameux pic. Les plus optimistes disent que nous en aurons jusqu’à fin juin, et les pessimistes, les gâcheurs de plaisir, n’y vont pas de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut