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Campus - TÉMOIGNAGES

L’enseignement en ligne vu par les étudiants

Maria Magdalena Chalah, 3e année de psychologie clinique à l’USJ. Photo Alia Kachach

Sarah Barakat, 3e année d’architecture à l’ALBA : La motivation est essentielle

« Au début, je me suis dit que ça allait être impossible de suivre mes ateliers d’architecture en ligne, vu que l’interaction physique est primordiale dans notre domaine. Que ce soit une observation de plans, de croquis ou une manipulation de maquettes, il est absolument nécessaire de bien comprendre ces documents.

L’expérience se passe plutôt bien en ce qui concerne les cours théoriques. Les cours pratiques, eux, se font en scannant les sketches, les croquis ou les plans.

Techniquement parlant, le plus grand problème réside dans la connexion internet et les coupures d’électricité occasionnelles. Il est également difficile de débattre d’un sujet avec la classe lors d’un appel virtuel. C’est également la disparition de l’interaction humaine devant l’écran. Il est difficile de garder le contact avec tout un groupe d’étudiants et surtout avec les professeurs.

La motivation est la seule chose qui peut nous faire avancer. Il est impératif pour l’étudiant de définir un espace propre pour y effectuer son travail chaque jour. Pour moi, il est essentiel que j’organise mon emploi de temps d’une façon stricte, et que je rende mon bureau confortable.

Je trouve que l’avantage le plus important de cet enseignement en ligne est qu’il nous permet de concilier études et confinement chez soi. Il nous permet d’être quelque part plus à l’aise dans notre façon de travailler et la manière dont on organise notre journée. Et vraiment d’avoir tout à portée de main.

Mes conseils ? Il faut éviter de rester devant l’écran. C’est mieux de se perdre dans autre chose, que ce soit dans un livre ou dans un film.

C’est une période difficile mais c’est surtout une occasion où l’on peut vraiment rester chez soi et en profiter. Il faut essayer de se lancer dans d’autres projets personnels. De mon côté, j’ai créé un répertoire sur Instagram, j’y collectionne les espaces dans lesquels nous sommes confinés. Une sorte de collection qui cherche à explorer la complexité de la sphère intime. »


Maria Kabalan, 3e année d’audiovisuel et cinéma à l’ALBA : Éliminer les distractions

« Après l’annonce de la fermeture des établissements d’enseignement, je n’étais pas surprise par la décision de l’ALBA de dispenser ses cours en ligne. Vu la situation, nous avions annulé nos tournages pour la sécurité de tous, soudainement, voire brutalement, conscients du sérieux que représente le coronavirus.

Nous avons fait face à plusieurs difficultés, notamment l’adaptation aux plateformes digitales à utiliser pour nos cours, ainsi qu’une surcharge du réseau utilisé qui, surtout au début, présentait des défauts techniques.

De même, être plusieurs à la maison, avec des parents qui travaillent aussi en ligne et des frères et sœurs qui ont leurs cours, pose des problèmes d’espace, d’entente et de wifi.

La communication avec les enseignants s’améliore par rapport au début. Il s’établit une entente avec eux. Tout d’abord, ils donnent leur cours puis laissent une place aux questions. Partager des documents aide aussi à suivre.

L’enseignement en ligne permet de limiter la perte de temps qui se produit avec les cours donnés dans les campus, due aux déplacements.

Les étudiants doivent faire preuve de patience et d’écoute. Il n’est jamais facile de suivre un cours, assis confortablement sur le canapé ou dans son lit, à observer l’écran de notre ordinateur ou de notre téléphone portable. Ainsi, pour ne pas décrocher, il faut être dans l’ambiance, présent mentalement et se préparer physiquement pour optimiser l’attention, éliminer les distractions, arranger la posture. »


Yara Aboulhosn, 1re année de soins infirmiers à l’Université de Balamand : Effectuer les études au jour le jour

« J’étais un peu sceptique au début parce que, dans notre domaine, nous apprenons en pratiquant et en observant, ce qui fait que certaines compétences sont impossibles à acquérir en ligne. Quand le nombre d’étudiants est élevé, le professeur fournit une présentation en voix off car le wifi est faible. Les sessions sont consacrées aux questions-réponses pour mieux comprendre.

De plus, certains concepts sont très difficiles à saisir en ligne, surtout que nous ne suivons pas le cours dans un environnement “propice” à l’étude, ce qui signifie que nous pouvons facilement nous laisser distraire par tout et n’importe quoi.

Dans la plupart des cas, la communication entre nous et les enseignants est réussie, parce que ces derniers font de leur mieux et répondent toujours à nos questions, que ce soit pendant le cours en ligne ou sur WhatsApp.

Comme les conférences sont enregistrées, nous pouvons les réécouter. Il est donc plus facile d’étudier. Par ailleurs, nous sommes dans un milieu confortable lorsque nous étudions. L’enseignement en ligne nous permet également d’avancer dans nos études afin que nous ne soyons pas trop submergés une fois de retour à l’université.

Personnellement, pour bien m’organiser, j’utilise une méthode appelée “time-blocking” : je divise ma journée en blocs de temps et je consacre chaque bloc pour une activité, comme l’entraînement, les études ou même du temps libre.

Les étudiants doivent certainement être disposés à apprendre lors d’un cours en ligne et à faire de leur mieux pour éviter de se laisser distraire. Il faut aussi effectuer les études au jour le jour, afin de ne subir aucune pression lorsque tout cela se termine. »


Rosy Tawil, 3e année de génie informatique et télécommunication à l’ESIB : S’isoler pour se concentrer

« Lorsque j’ai appris que nous devions suivre des cours en ligne, j’ai été soulagée car cela voulait dire que je n’allais pas passer tout mon été à l’université et que je pourrai donc effectuer mon stage d’été qui était déjà prévu.

Les travaux pratiques ont été annulés, ce qui rend la compréhension des études plus complexe. Certains enseignements sont trop lourds pour être appris à travers des cours magistraux.

Enfin, l’enseignement en ligne donne une certaine liberté à l’étudiant, et lui permet de réorganiser son emploi de temps.

Par contre ce qui est difficile, c’est d’être assidu. Quand nous nous trouvons en classe, l’enseignant peut nous pousser à suivre son cours, alors qu’à la maison, rien ne nous empêche de nous endormir sur notre clavier. Rien ne nous oblige d’ailleurs à suivre les cours. Pour éviter de décrocher, il faut donc être sérieux, bien se concentrer, ne pas faire d’autres activités en même temps, s’isoler du reste de la famille et éteindre son téléphone portable. »


Maria Magdalena Chalah, 3e année de psychologie clinique à l’USJ : Aborder les sujets sensibles en ligne

« La reprise des cours en ligne m’a réjouie parce qu’il m’est important de recevoir mon diplôme en été.

La psychologie est une discipline qui nous pousse à aborder des sujets sensibles et confidentiels, mais ce n’est pas facile de débattre en ligne. De plus, certains professeurs refusent d’enregistrer les sessions, ce qui ne facilite pas notre tâche d’étudiant parce que la connexion internet n’est pas toujours bonne.

Malgré les circonstances difficiles, la communication est assez réussie parce que les professeurs essaient d’interagir avec les étudiants en demandant par exemple si nous avons compris, en faisant l’appel, en posant des questions à certains étudiants qui ne participent pas. Ils sont aussi compréhensifs.

Continuer son année grâce aux cours en ligne nous évite de ressentir le stress ou de déprimer d’être bloqué sans rien faire.

En tant qu’étudiants, nous devons être responsables, nous installer dans un endroit silencieux pour nous concentrer et surtout être ponctuels. »


Joséphine Balaa, 1re année de master à la faculté de médecine dentaire, de l’USJ : Il faut bien s’organiser

« Malgré le fait que le travail pratique est toujours suspendu, mieux vaut compléter la partie théorique que de ne rien faire du tout. Nous devons continuer autant que possible.

Les informations nous sont intégralement transmises et nous pouvons poser toutes nos questions sans problème. Le seul inconvénient, c’est qu’il n’y a plus de contact humain, ce qui est pour moi primordial pour une communication optimale.

J’essaie de profiter de ce temps à la maison et d’être productive. La clé est de reconnaître les tâches à réaliser, de les classer par ordre de priorité et enfin de les distribuer sur un programme fixe sur la journée. La motivation est nécessaire pour arriver à faire cela, sans oublier la nécessité de se reposer et de passer du temps en famille aussi. Lors des cours en ligne, nous ne sommes pas limité par un emploi de temps, donc si nous souhaitons approfondir une notion, rien n’empêche de fixer une réunion supplémentaire. Nous avons la chance de pouvoir faire immédiatement une recherche sur une notion donnée et de discuter des résultats, puisque nous sommes branchés en ligne. Ceci nous pousse à nous initier à de nouvelles plateformes numériques. Les principales qualités requises de la part des étudiants, pour bien arriver à suivre les cours, c’est d’être sérieux, mature, honnête, flexible et respectueux.Pour éviter les problèmes techniques, si la vidéo n’est pas nécessaire, mieux vaut l’éteindre pour ne pas ralentir la connexion, essayer de désactiver la connexion wifi sur les appareils non nécessaires, et programmer les cours le matin, car j’ai constaté que la connexion est meilleure que l’après-midi. »


Nicholas Douglas, 5e année d’architecture à l’AUB : Faire preuve d’autonomie

« Je me suis senti soulagé d’apprendre que les cours allaient se poursuivre malgré tout.

La plus grande difficulté est liée à mon domaine. Pour ma thèse, je dois réaliser un projet avec un professeur. C’est un échange dont la procédure ne suit pas vraiment un chemin tracé, ce qui fait que c’est assez compliqué de pouvoir faire passer mes idées en ligne.

J’essaie d’équilibrer ma journée autant que possible. Travailler sur mes projets, mais aussi consacrer du temps pour faire du sport ou me reposer en regardant des séries, écouter de la musique ou dessiner.

Pour arriver à suivre les cours, je pense que l’une des plus importantes qualités serait l’autonomie. C’est l’étudiant qui contrôle encore plus qu’avant son éducation.

Afin de ne pas décrocher, il ne faut pas trop penser à la situation, ni suivre les nouvelles 24h sur 24. Cela pourrait démotiver l’étudiant et le stresser encore plus. »


Joey Malek, 2e année de business-marketing, mineure en psychologie à la LAU : S’appliquer comme si c’était une journée universitaire normale

« Honnêtement, j’étais rassurée quand j’ai appris que les cours allaient être donnés en ligne, de cette façon, nous pourrions terminer le semestre à temps.

L’avantage de l’éducation en ligne est que nous pouvons nous concentrer sur notre évolution de carrière et nos loisirs, de sorte à améliorer nos compétences et nos capacités, parallèlement à nos études.

Puisque nous travaillons à domicile, j’ai décidé de postuler à un programme de leadership, et j’ai pris l’initiative de m’inscrire à un cours en ligne sur le marketing numérique pour développer mes compétences.

Pour réussir l’enseignement numérique, les étudiants doivent agir comme si c’était une journée universitaire normale : s’engager à assister aux cours et s’appliquer. »

* * *

Les enseignants libanais, comme des centaines de milliers de collègues de par le monde, se sont vus propulsés en ligne, parfois sans préparation. Certains se sont rapidement adaptés aux outils numériques, d’autres demeurent récalcitrants.

Ursula el-Hage, enseignante à l’ESIB de l’USJ, partage son expérience de l’enseignement en ligne.

« L’usage des outils numériques offre la possibilité d’accéder à une information riche et de la partager plus facilement. Les statistiques en temps réel assurent un retour immédiat de l’acquis des étudiants. Les activités interactives en ligne sont amusantes et formatrices. L’interaction entre l’enseignant et l’étudiant peut se produire à tout moment, ainsi que le suivi de l’avancement des travaux des étudiants.

L’enseignement en ligne a besoin d’une transformation des cours. Les enseignants doivent revoir leurs activités faites en classe et développer une version en ligne plus claire, plus précise et plus détaillée. Les trois points-clés pour réussir sont : la communication continue, la simplicité des activités et des outils et la formation de l’enseignant sur les différentes plateformes et méthodologies d’enseignement en ligne.

La plus grande difficulté que j’ai rencontrée, durant le passage à l’enseignement en ligne, c’est l’accès à internet chez les étudiants qui se déconnectent à plusieurs reprises. Pour conserver la bande passante, les étudiants ont dû éteindre leur caméra. Ceci m’a isolée, je ne savais pas qui m’écoutait et qui était déjà déconnecté. J’ai dû souvent répéter l’explication. Je ne peux pas mesurer l’énergie des étudiants en ligne pour savoir comment m’y prendre durant la session. D’autre part, comme les présentations orales et les discussions sont plus difficiles en ligne avec une mauvaise connexion, j’ai dû faire la plupart du travail par écrit, ce qui n’est pas optimum techniquement. »

Créer un nouveau langage

Souhaitant garder son anonymat, un enseignant vacataire de cours pratiques, dans un domaine artistique, partage son avis quant aux cours prodigués en ligne.

« J’ai été réticent au début pour différentes raisons. La première est la qualité de l’interactivité lors de l’enseignement en ligne. Le langage n’est pas uniquement verbal, surtout dans le domaine de l’art. L’expression corporelle et le regard sont une partie essentielle de la communication qui se perd lorsqu’on discute en ligne. En classe, l’étudiant interagit avec les autres, il y a un dynamisme qui se crée. Il faut beaucoup de temps pour que ceci prenne forme en ligne où l’on perd l’inimitié que l’espace de la classe fournit.

La deuxième raison concerne en particulier les aspects visuels et tactiles du travail artistique, comme voir un projet ou toucher une texture, qui sont quasi inexistants lors de l’enseignement en ligne.

En tant qu’enseignant vacataire, la reconnaissance financière est dérisoire par rapport au temps consacré, surtout avec la dévaluation aujourd’hui de la livre libanaise par rapport au dollar. En effet, c’est un travail supplémentaire qui n’est pas payé. Pour passer à l’enseignement en ligne, je dois changer mes méthodes éducatives, les genres d’exercices et la façon d’effectuer le suivi. Sans compter que l’enseignant doit être perpétuellement disponible.

Le plus grand défi serait de réussir la communication avec ce changement de moyen. Même si l’on perd beaucoup de la valeur du studio, même si on n’arrive pas à atteindre nos objectifs, il faut essayer autant que possible de communiquer.

D’ailleurs, je trouve que les plateformes numériques offrent une facilité dans la transmission des informations, que ce soit oralement ou à travers des documents ou des vidéos.

Il a fallu que je me lance dans l’enseignement en ligne suite à la décision des universités. C’est une expérience nécessaire pour toutes ces institutions. C’est le monde d’aujourd’hui, il est impératif de s’y intégrer déjà. »

C.E.



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