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Économie - Coronavirus

Les instances arabes du tourisme lancent une cellule de crise

Les organisations régionales chiffrent à environ 25 milliards de dollars les pertes en termes de recettes touristiques depuis le début de l’année.

L’Aéroport international de Beyrouth est fermé depuis le 18 mars. Mohammad Azakir/Reuters

L’Organisation arabe du tourisme, l’Organisation arabe de l’aviation civile et l’Organisation des transporteurs aériens arabes ont annoncé cette semaine la création d’une « équipe stratégique régionale » composée de représentants des trois organisations et d’autres acteurs « concernés ».

La mission de cette cellule de crise sera d’appuyer auprès des gouvernements de la région la mise en place « de mesures et de plans » pour relancer rapidement le secteur dès la fin de l’épidémie mondiale de coronavirus.

À elles trois, ces organisations représentent 22 pays, dont le Liban, l’Algérie, l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Comores, Djibouti, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Irak, la Jordanie, le Koweït, la Libye, la Mauritanie, le Maroc, le sultanat d’Oman, les territoires palestiniens, le Qatar, la Somalie, le Soudan, la Syrie, la Tunisie et le Yémen. Tous ne sont toutefois pas membres des trois organisations en même temps (les Comores, Djibouti et la Somalie ne font notamment pas partie de l’Organisation des transporteurs aériens arabes). Dans leur communiqué conjoint, les trois instances ont souligné l’impact catastrophique de la pandémie sur le tourisme mondial et régional, en contraignant les compagnies aériennes à suspendre la quasi-totalité des vols tandis que l’ensemble des acteurs touristiques ont dû se plier aux mesures de confinement décrétés par la majorité des États touchés par la pandémie. L’Aéroport international de Beyrouth est, lui, fermé depuis le 18 mars, suite à l’état d’urgence sanitaire décrété par le gouvernement trois jours plus tôt.

Aucune date de retour à la normale n’a pour l’instant été fixée avec certitude que ce soit au Liban ou dans le monde, alors que la maladie continue de progresser à des rythmes variant d’une région à l’autre. Cette situation est d’autant plus problématique pour les pays producteurs de pétrole qui font face à une baisse historique des cours du brut.



(Lire aussi : Coronavirus au Liban : lancement d’une pétition pour sauver les professionnels du tourisme)



Un million d’emplois permanents menacés
À l’image de l’Association internationale du transport aérien (IATA), qui avait évoqué début mars l’une des plus graves crises de l’histoire du secteur, les organisations arabes ont exprimé dans leur communiqué la crainte que la crise sanitaire mondiale ne provoque l’effondrement du tourisme par voie aérienne. En 2019, ce dernier a pesé 10,3 % du PIB mondial « en contributions directes et indirectes », soit 8 900 milliards de dollars, selon les dernières prévisions du World Tral & Tourism Council, un forum international qui suit l’évolution de l’activité touristique dans 185 pays du monde. Cette proportion grimpe à 14,2 % pour les pays arabes, selon les chiffres relayés dans le communiqué des trois instances.

Ces dernières déplorent en outre « des millions de réservations annulées », que ce soit pour des vols ou des séjours dans « les principales destinations touristiques arabes », ainsi que 800 avions appartenant aux compagnies aériennes de la région qui ont été cloués au sol. Elles chiffrent de plus les pertes depuis le début de l’année à « environ 25 milliards de dollars de recettes touristiques » pour les pays arabes, 8 milliards de dollars de revenus « pour leurs compagnies aériennes et de 12,96 milliards de dollars en investissements. Elles alertent enfin contre la destruction de pas moins « d’un million d’emplois permanents » et « de centaines de milliers d’emplois saisonniers » qui dépendent du tourisme dans le monde arabe si aucune mesure n’est prise. Selon une déclaration publique récente de la directrice exécutive du WTTC, Gloria Guevara, pas moins de 75 millions d’emplois au total seraient menacés dans le monde. Hier, l’IATA a indiqué que le trafic aérien passager s’était effondré de 14,1 % dans le monde en février, en rythme annuel, soit la plus forte baisse depuis les attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain.



(Lire aussi : Les compagnies aériennes du Golfe auront besoin d’aide pour redécoller)



Simplification des procédures de visa
La cellule de crise montée par l’Organisation arabe du tourisme, l’Organisation arabe de l’aviation civile et l’Organisation des transporteurs aériens arabes a enfin dressé une liste de mesures devant aider le secteur à se relever. Elle suggère la mise en place d’exonérations fiscales pour les filières concernées pendant une période de « deux ans au moins » ; l’adoption de plans de sauvetage et de mesures d’incitations pour permettre aux sociétés d’assurer une « protection sociale » à leurs employés et « leur permettre de reprendre rapidement le travail dès que la crise sera passée » ; le lobbying auprès des institutions financières pour les convaincre d’accorder des périodes de grâce pour le paiement des dettes contractées par les acteurs de la profession ; la suppression pendant une période déterminée de certains frais d’aéroport (redevance de stationnement, notamment) ; ou encore la simplification des procédures de visa pour doper la demande.

Au Liban, les professionnels – voyagistes, hôteliers, restaurateurs notamment – sont déjà montés au créneau pour alerter contre un effondrement « historique » de leurs activités respectives. La Middle East Airlines (MEA), la compagnie aérienne nationale, a indiqué en mars au Commerce du Levant s’attendre à une baisse de 15 à 20 % de son chiffre d’affaires. Le magazine rappelait alors que l’IATA avait tablé sur des baisses de 7 % du nombre de passagers sur l’ensemble des vols à destination du Moyen-Orient (Iran exclu) en cas de propagation limitée du Covid-19 et de 23 % si l’épidémie s’étendait davantage.

Si le gouvernement libanais n’a pas proposé pour l’instant de mesures de soutien, d’autres pays arabes ont déjà commencé à prendre les devants. Aux Émirats arabes unis, Emirates Airlines a été autorisée par Dubaï à reprendre, dès le 6 avril, un nombre limité de vols passagers. En début de semaine, les autorités locales ont de plus annoncé leur volonté de soutenir financièrement la compagnie aérienne, via une injection de capital.


L’Organisation arabe du tourisme, l’Organisation arabe de l’aviation civile et l’Organisation des transporteurs aériens arabes ont annoncé cette semaine la création d’une « équipe stratégique régionale » composée de représentants des trois organisations et d’autres acteurs « concernés ». La mission de cette cellule de crise sera d’appuyer...

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