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Nos Lecteurs ont la Parole - Serge SCHOULIKA

« Mieux vaut prévenir que guérir »

Les dictons n’ont pas été édictés en vain, ils ne sont souvent pas anodins et grand bien en a pris celles et ceux qui les ont suivis.

Aujourd’hui plus que jamais, ce dicton qui dit : « Mieux vaut prévenir que guérir » n’a été autant d’actualité. La prévention ici est synonyme bien entendu de confinement, et la guérison, celle du coronavirus. Nous n’irons pas jusqu’à dire, confine-toi tu vis, ne te confine pas tu meurs, quoique... Mais en ne se confinant pas, les risques de contamination au Covid-19 sont grands. Il s’agit finalement de vie et de mort quand même. Quant à celles et ceux qui se déplacent pour des raisons impératives, ils se doivent de se protéger eux-mêmes pour en même temps protéger les autres.

Et que dire à la communauté médicale, aux soignants, aux infirmières et infirmiers, aux ambulanciers, et à tous les hommes et toutes les femmes de la Croix-Rouge libanaise et des hôpitaux publics et privés, à part notre respect, notre admiration et nos remerciements à l’infini.

Il y a quelques siècles, il n’y avait qu’une seule question qui interpellait Hamlet et qui valait la peine d’être posée : « Être ou ne pas être? ». Il y a quelques mois, il y en avait une autre sur les lèvres des Libanais : « Payer l’échéance des eurobonds, ou ne pas payer ? » Il y a quelques semaines et jusqu’à aujourd’hui et dans cette incertitude qui nous ronge, il y a à nouveau une seule question qui nous taraude : « De quoi demain sera fait? »

Pour revenir à celle des eurobonds, et maintenant que le gouvernement a pris la décision de ne pas payer, ne faut-il pas qu’il y ait des mesures qui, dans la foulée, accompagnent cette décision ? Des mesures immédiates, par exemple, diminuer drastiquement la TVA sur les produits de première et deuxième nécessité, l’augmenter sur les produits de luxe, augmenter les taxes sur les grandes fortunes, sur les revenus et les bénéfices dont les montants se situent au-delà d’un certain seuil à déterminer, réduire le nombre de fonctionnaires, développer et améliorer la politique agricole, récupérer l’argent volé ?... En six mots, mettre en place des réformes concrètes. Des réformes qui ne touchent en aucune façon les classes populaires et moyennes. Des mesures à prendre et une attitude à adopter qui s’apparentent au « solidarisme », une responsabilité mutuelle entre le gouvernement et le peuple. Ces différents gouvernements qui depuis plus de 30 ans nous ont conduits à cette situation et à cette restructuration inévitable, sauf que s’ils avaient été bien inspirés, ils se seraient souvenus de ce dicton, titre de ce texte : « Mieux vaut prévenir que guérir » ; la prévention ici est celle des réformes qui auraient dues être menées tout au long de ces dernières années, et la guérison, celle de la faillite de tout un système.

Quant à la question qui nous taraude toutes et tous : « De quoi demain sera fait ? » elle est intimement liée à la précédente, mais elle est tellement plus large, elle est philosophique, économique et financière, elle est politique, climatique, environnementale, sociétale et relationnelle, elle est mondiale... Nadine Labaki avait déjà posé une question plus ou moins similaire : « Et maintenant on va où ? », pour elle, une étape était atteinte et donc il fallait décider de la direction à prendre pour les autres étapes, tandis que la question : « De quoi demain sera fait ? » est toujours d’actualité et le restera longtemps, voire toujours ; longtemps par rapport à la situation actuelle que nous vivons, et toujours par rapport à l’humanité.

De quoi demain sera fait ? Bien malin qui y répondra, mais que ce soit au Liban, ou partout ailleurs, parce que nous ne sommes pas seuls au monde, il faudra remettre en question cette mondialisation tentaculaire, ce capitalisme sauvage, remettre en question la productivité, la rentabilité, le rendement et la croissance à tout prix, les notions de profit, de gain et de compétitivité coûte que coûte, remettre en question ce repli sur soi, cet égoïsme, ce communautarisme exacerbé... Et revenir sur des valeurs de solidarité et d’humanisme ; nous entreverrons alors peut-être une partie de quoi demain sera fait...

Fondateur de l’association

« La Troisième Voix pour le Liban » www.3vlebanon.org

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Les dictons n’ont pas été édictés en vain, ils ne sont souvent pas anodins et grand bien en a pris celles et ceux qui les ont suivis.Aujourd’hui plus que jamais, ce dicton qui dit : « Mieux vaut prévenir que guérir » n’a été autant d’actualité. La prévention ici est synonyme bien entendu de confinement, et la guérison, celle du coronavirus. Nous n’irons pas...

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