L’Italie est ma patrie de cœur. Le roman (*) que je lis en ce moment, par le hasard des publications, se déroule en Italie. Publié en allemand en 2018, bien avant le maudit coronavirus, l’auteure après la disparition d’un être cher fait le voyage et redonne vie aux morts. Des morts, des églises et des cimetières. Signe des temps sombres.
En Italie, comment meurt-on à Bergame ? (**) En Italie, où s’entassent les morts dans les églises faute de place dans les morgues, où les médecins des unités de soins intensifs trient les personnes atteintes, et qu’au-delà de soixante ans, un bon nombre ne sera pas pris en charge. Ils sont parmi nous et nous regardent. Lisons page 27 : « … le cimetière était une loge de pierre cernée d’ombre d’où le regard plongeait vers la vallée que ravinaient de profonds sillons. Depuis leur balcon, les morts pouvaient apercevoir les véhicules du SAMU qu’on nettoyait à grande eau en bas du versant tandis que les secouristes passaient quelques appels et fumaient, les marchands ambulants chinois… » Où ? À Olevano, dans le Latrium.
Les morts pouvaient nous apercevoir, et nous suivons le mouvement de camera de la narratrice.
Pendant le confinement, devant la télévision, nous sommes morts de chagrin, de peur, face-à-face avec la mort…
* « Le Bosquet » d’Esther Kinsky, chez Grasset, (2020 pour la traduction française)**Lire le correspondant de « Libération » à Rome le 20 mars 2020
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