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Agenda - Hommage

« Souvenez-vous de moi »

Je suis Hana Lababidi, je suis morte ce matin, souvenez-vous de moi !

On dit qu’il n’y pas plus triste que de vieillir seule, ou presque. Je ne peux ni attester ni démentir pareille constatation, bien que je l’aie vécue. Je ne suis pas mariée, je n’ai pas d’enfant, et à l’aube de mes quatre-vingts ans, me voilà seule depuis assez longtemps dans cette maison pourtant si riche de souvenirs, de fous rires, de musique, de danse, mais aussi de chagrin et de solitude. Je vois encore mon père et ma mère suivre les rythmes variés d’une valse à mille temps qui finalement ne s’est jamais éteinte. Je les vois toujours tourner et tourner encore sur la terrasse de ma maison. Ce n’est que ce matin que je me rends compte que la cadence de la valse ne changera pas, encore moins si c’est une valse à trois.

Je ne suis pas triste, j’ai toujours été joviale, distraite, rêveuse, discrète et authentiquement aimable. Je me contentais de peu, même en amitié, mais ce peu m’a toujours enrichie et accompagnée une vie entière.

Mes quarante ans au service de la Jaffet Library de l’Université américaine de Beyrouth ont suffi pour justifier ma vie. Entourée de livres et d’étudiants, je voyais passer le temps et les générations comme un air de musique si doux à mon oreille.

Je suis morte ce matin, dans les bras de mon neveu tant attentionné.

Il est vrai que j’ai toujours été discrète, mais ce matin, bien que confinée dans un silence absolu et incontrôlé, je refuse de partir sur la pointe des pieds, pareille à une ballerine réalisant sa dernière pirouette à la brusque tombée des rideaux. C’est la raison de ce message. Souvenez-vous de moi, je le répète, je m’appelle… Hana Lababidi.

Ce message est dédié à toute personne qui se retrouve seule au crépuscule des temps.

Ghassan, fils de son

amie de toujours

Siham Zeenny

Je suis Hana Lababidi, je suis morte ce matin, souvenez-vous de moi ! On dit qu’il n’y pas plus triste que de vieillir seule, ou presque. Je ne peux ni attester ni démentir pareille constatation, bien que je l’aie vécue. Je ne suis pas mariée, je n’ai pas d’enfant, et à l’aube de mes quatre-vingts ans, me voilà seule depuis assez longtemps dans cette maison pourtant si...