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Moyen-Orient - eclairage

Face à un possible désastre humanitaire, Gaza retient son souffle

Dans l'enclave palestinienne, deux cas officiels de coronavirus ont été déclarés.

Une fillette portant un masque de protection, à Gaza, le 22 mars, alors que les deux premiers cas officiels de contamination au coronavirus ont été annoncés. AFP / MOHAMMED ABED

L’état de grâce gazaoui face à la propagation de la pandémie de coronavirus n’aura pas duré longtemps. Dimanche dans la matinée, le ministre de la Santé en fonction dans l’enclave palestinienne sous blocus israélien et dirigée par le Hamas a déclaré les deux premiers cas officiels. Il s’agit de deux Gazaouis qui venaient de rentrer du Pakistan. Selon les autorités, les deux hommes, âgés respectivement de 30 et 40 ans, n’auraient pas quitté un centre de quarantaine situé près de la frontière avec l’Égypte et ne se seraient pas mêlés à la population.

Ces récents développements font craindre une expansion rapide du Covid-19 dans ce territoire qui vit au rythme d’un blocus israélien depuis plus de 13 ans – à la suite de la prise de pouvoir du Hamas en 2007 - et d’un embargo partiel égyptien. Cet isolement aurait, selon de nombreux commentateurs, contribué à retarder l’arrivée du virus dans l’enclave palestinienne.

Mais avant même qu’il n’atteigne la bande de Gaza, des voix s’étaient élevées pour avertir des conséquences dramatiques que la pandémie pourrait avoir dans cette langue de terre surpeuplée et presque coupée du monde. « Le blocus pourrait certes aider à contenir le coronavirus mais, s'il se déclare, la situation sera comparable à celle du bateau de croisière au large du Japon », indiquait à l’AFP il y a quelques jours Matthias Schmale, directeur de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Gaza. Une référence au « Diamond Princess », navire de croisière japonais à bord duquel le Covid-19 s’est propagé à la vitesse de l’éclair au début du mois de février, contaminant plus de 700 personnes sur les 3700 passagers. « Il est illusoire de penser qu'on peut gérer une telle situation dans un espace clos comme celui-ci », avait-il ajouté.

Les autorités gazaouies semblent avoir compris la gravité de la situation en amont, tentant autant que faire se peut de sensibiliser la population à quelques mesures de prévention. « Des équipes médicales et sanitaires ont formé une cellule de crise et élaboré des plans pour faire face à l’éventualité d'une propagation du virus, notamment à travers ceux qui reviennent à Gaza en provenance de pays touchés par la pandémie », explique le docteur Marwan Chafiq el-Hams, anesthésiste réanimateur à Rafah, dans le sud de l'enclave. « Parmi les procédures : la mise en place de salles d'isolement et la mise en quarantaine au passage de Rafah. Il y a également eu des contrôles de la température de tous les voyageurs de retour à Gaza », poursuit le médecin.

Selon le ministère de la Santé à Gaza, plus de 1270 personnes auraient été mises en quarantaine dans des écoles, des hôpitaux et des hôtels, après avoir pénétré le territoire en provenance d’Israël ou de l'Égypte. Par précaution, le ministère de l’Intérieur a ordonné dès samedi la fermeture des salles de mariage et l’interdiction des marchés hebdomadaires. Le pouvoir est conscient de le gravité d’une potentielle propagation du coronavirus dans l'enclave. Ici encore plus qu’ailleurs dans les territoires palestiniens, elle pourrait tourner au désastre sanitaire.

A Gaza, huit habitants sur dix dépendent de l’aide humanitaire pour vivre. Surnommée « Prison à ciel ouvert », l’enclave abrite l’une des plus fortes densités de population au monde, avec près de 5200 habitants au kilomètre carré. Cernés par ciel, terre et mer, les deux millions de personnes qui y vivent doivent composer avec des taux de pauvreté et de chômage vertigineux, s’élevant respectivement à 50% et 52%.



Pénurie
Des années de blocus ont mis à genou un système de santé aujourd’hui totalement défaillant. La déliquescence des infrastructures sanitaires rendrait d’autant plus difficile la mise en œuvre de mesures d’urgence pour contrer la propagation de la pandémie. « Le blocus a des conséquences désastreuses sur la vie à Gaza et notamment sur le système sanitaire de l'enclave. Nous faisons face à un manque d’équipements, de fournitures et de médicaments, à la destruction de certains équipements médicaux pour lesquels on ne trouve pas de pièces détachées à Gaza et dont l'introduction est interdite. Nous faisons face, aussi, au manque de médecins généralistes et spécialisés », souligne Marwan Chafiq el-Hams. « L'une des difficultés découle également du fait que nous n’avons pas pris au sérieux la pandémie au début de sa propagation dans le monde, ce qui pèse sur nos services et réduit les chances de prévention », dit-il.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’enclave palestinienne ne dispose à ce jour que de 60 lits en soins intensifs et doit faire face à une grave pénurie de personnel. Le système de santé s’est tant consumé au gré des années qu’il est aujourd’hui en manque de ressources vitales, à commencer par l’électricité, les médicaments et l’eau potable.

« Nous sommes inquiets et nous savons que notre responsabilité est très grande vis-à-vis de la population. Cette pandémie nécessite beaucoup d’hospitalisations et de réanimations et nous sommes face à une immense pénurie dans ces deux domaines », confie le docteur Hams. « Nous espérons ne pas arriver à une situation qui nous condamnerait à une médecine de guerre nécessitant de faire des choix entre les patients en fonction de leur âge et de la gravité de leur état. C’est pour cela que nous insistons beaucoup sur la protection et le respect des consignes en amont », ajoute-t-il.

Les autorités israéliennes affirment à ce jour avoir acheminé près de 500 kits de dépistage vers la bande de Gaza. Bien qu’Israël se soit officiellement retiré de la bande de Gaza en 2005, la communauté internationale le considère toujours comme une puissance occupante. Au-delà de l’état des infrastructures médicales à Gaza, la propagation du virus place l’État hébreu face à ses responsabilités légales vis-à-vis de la population gazaouie : lever au moins partiellement le blocus pour permettre l’acheminement des biens nécessaires ou s’engager à fournir une assistance médicale à la population.


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commentaires (1)

Une fois le nombre de palestiniens infectés venaient à être plus important , ils devraient commencer à embrasser leurs geôliers usurpateurs .

FRIK-A-FRAK

11 h 42, le 23 mars 2020

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Commentaires (1)

  • Une fois le nombre de palestiniens infectés venaient à être plus important , ils devraient commencer à embrasser leurs geôliers usurpateurs .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 42, le 23 mars 2020

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