Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Éclairage

Tester systématiquement ou non, tel est le (faux) débat

Pour lutter contre le Covid-19, l’OMS appelle à un dépistage massif, une politique qui n’est pas suivie par tous les États.

Une femme suspectée d’avoir le coronavirus se fait tester dans un hôpital de Vannes. Stéphane Mahé/Reuters

Tester, tester, tester. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est on ne peut plus claire. Alors que le coronavirus a déjà fait plus de 7 000 morts dans le monde, l’OMS a demandé lundi dernier à tous les pays d’accentuer les programmes de dépistage de la population, qu’elle présente comme la meilleure manière de ralentir la progression de la pandémie. « Sans test de dépistage, on ne peut pas isoler les patients contaminés par le coronavirus et la chaîne d’infection ne peut pas être brisée », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse à Genève. Il a par ailleurs demandé que les patients présentant des formes légères du Covid-19 soient isolés et se soignent chez eux pour les pays qui ne disposent pas de capacités médicales suffisantes.

Mais la politique de dépistage massif est loin d’être mise en œuvre par tous les États. Depuis l’apparition du virus en Chine en décembre, les pays ont adopté différentes stratégies pour endiguer la maladie. La Corée du Sud, Taïwan ou Hong Kong ont opté pour un dépistage systématique afin d’isoler immédiatement les sujets malades. Les autorités sanitaires à Séoul ont ouvert près de 600 cliniques de test, dont des dizaines de « drive-in » pour dépister les gens de leur véhicule. Plus de 250 000 personnes ont ainsi été testées. Le dépistage massif dans les pays asiatiques semble avoir porté ses fruits puisque la Corée du Sud est sur la bonne voie pour endiguer l’épidémie sur son sol alors que Taïwan ou Hong Kong ont réussi à le faire.

En Europe, l’Allemagne affiche également des statistiques étonnantes. 13 979 cas de coronavirus ont été détectés, et seulement 42 décès, ce qui est bien moindre que son voisin français par exemple (243 morts). En Allemagne, plus de 160 000 tests sont effectués chaque semaine, ce qui permet de garder sous le radar même les cas asymptomatiques ou avec peu de symptômes et ainsi éviter que ces personnes n’en contaminent d’autres. La nation la plus touchée d’Europe, l’Italie, a également choisi de tester la plupart des cas suspects sur son territoire. Le pays a effectué 148 657 diagnostics depuis l’apparition des premiers cas sur son territoire, dont 31 506 se sont révélés positifs, d’après les chiffres du ministère italien de la Santé.

Pour confirmer ou infirmer la présence du virus, la démarche est simple. Des cellules nasales profondes sont prélevées à l’aide d’un écouvillon spécifique, une sorte de long coton-tige que l’on insère dans les cavités nasales. L’échantillon est ensuite analysé en laboratoire et les résultats communiqués à la personne après 24 heures. Rien de plus simple ? Et pourtant. « Il faut avoir la capacité de lancer ce genre de procédure, c’est-à-dire avoir de nombreux centres de test, du personnel, des kits de dépistage suffisants et la capacité de maintenir un tel niveau de tests », explique à L’Orient-Le Jour le docteur Chadi Saleh, directeur fondateur du Global Health Institute (GHI) de l’AUB. Les moyens à disposition de chaque État ne font pas tout. C’est aussi un choix politique. « La question est de savoir si le système de santé de chacun a la capacité d’absorber ou de surveiller un grand nombre de tests potentiellement positifs, ou si c’est une meilleure approche d’effectuer uniquement des tests pour les personnes symptomatiques ou à haut risque », poursuit le Dr Saleh.


(Lire aussi : Libertés en quarantaine : jusqu’où aller pour maîtriser le coronavirus ?)


Déjà trop tard

Certains pays, comme la France ou le Royaume-Uni, n’ont pas fait de dépistage agressif, ce qui leur a valu certaines critiques. Les autorités françaises considèrent qu’il est déjà trop tard et que le fait d’être testé positif, si l’on n’a pas de symptômes graves, ne change rien puisque dans tous les cas la personne doit rester chez elle. « Si les tests systématiques ont du sens lors de la phase initiale d’une épidémie, ils deviennent inutiles lorsque celle-ci est installée sur un territoire », a indiqué mardi sur France Inter Olivier Véran, ministre français de la Santé. « L’identification systématique permet sans doute d’isoler plus sûrement les cas qui pourraient créer un risque évident de transmission de la maladie. Au-delà de ça, tester systématiquement tous les cas suspects présente un risque certain d’engorger des systèmes de santé déjà saturés, et de mobiliser sans doute inutilement en créant un risque de propagation de la maladie », explique pour sa part Jean-Marie Januel, docteur français en épidémiologie, santé publique et économie de la santé à l’Université de Grenoble Alpes. La France affirme qu’elle est en mesure de tester 2 500 cas par jour, et les responsables de la santé ont déclaré cette semaine que plus de 40 000 personnes avaient été testées. Vu l’ampleur de l’épidémie de Covid-19, sont testés en priorité les cas graves ainsi que les personnes à risque avec symptômes et le personnel soignant qui semble atteint, comme le préconise le stade 3 des mesures épidémiologiques.

Le fait de tester systématiquement semble toutefois dépasser les simples considérations sanitaires. En jeu : des questions de ressources et d’argent. « On nous demande de rationner les tests en France, pour éviter la pénurie », dit un responsable au sein d’un hôpital parisien qui a requis l’anonymat. « Difficile de dire aujourd’hui quelle stratégie sera réellement la meilleure, à ce stade de la pandémie », conclut Jean-Marie Januel.


Lire aussi 

Le nerf de la coronaguerre, l'édito de Issa Goraieb

Les heures de silence, par Dominique Eddé

« Locked down », le billet de Médéa Azouri


Tester, tester, tester. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est on ne peut plus claire. Alors que le coronavirus a déjà fait plus de 7 000 morts dans le monde, l’OMS a demandé lundi dernier à tous les pays d’accentuer les programmes de dépistage de la population, qu’elle présente comme la meilleure manière de ralentir la progression de la pandémie. « Sans test de...

commentaires (4)

C,EST IMPOSSIBLE DE TESTER TOUT LE MONDE. ON PEUT ETRE NEGATIF UN JOUR PUIS UN AUTRE JOUR ETRE POSITIF.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 15, le 21 mars 2020

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • C,EST IMPOSSIBLE DE TESTER TOUT LE MONDE. ON PEUT ETRE NEGATIF UN JOUR PUIS UN AUTRE JOUR ETRE POSITIF.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 15, le 21 mars 2020

  • Les tests ne sont pas à 100% fiables, car il y a comme toujours de faux positifs en rapport avec d'autres virus proches. Les malades asymptomatiques semblent moins contaminants que les malades symptomatiques,et à moindre degré, mais tout n'est pas connu à ce stade. Quand la maladie atteint un stade de propagation, il devient inutile de tester à l'aveuglette.

    Esber

    12 h 20, le 21 mars 2020

  • "Tester, tester, tester". C'et la logique même, et aurait dû être une évidence pour tous les gouvernements. On se demande pourquoi rares sont les pays qui l'ont adoptée. Et pourtant, la Corée du Sud est ici exemplaire. Elle est en train de s'en sortir sans confinement.

    Yves Prevost

    07 h 23, le 21 mars 2020

  • la meilleure stratégie ? de toute évidence: le test mais .......il fait défaut !!!!!J.P

    Petmezakis Jacqueline

    00 h 30, le 21 mars 2020

Retour en haut