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Culture - Exposition

« Ni un livre, ni une toile, ni une sculpture, mais tout cela à la fois »

De grands bouquins en carton, surnommés par l’artiste Waleed R. Qaisi « Dafater », sont exposés à la galerie Agial jusqu’à fin mars. Ils recèlent à travers les plis de leurs pages (en carton) mots, dessins et mixed media, mais surtout, une relecture de la poésie. Un nouveau regard.

L’exposition de Walid Quaisi « Training the Gaze », à la galerie Agial, offre à voir 23 livres à l’allure de sculptures. Photo DR

Il est d’usage que, pour mieux traduire la pensée d’un poète, des dessins illustrent son recueil. Waleed R. Qaisi est allé au-delà de ce concept. Transgressif, l’artiste irakien a repoussé les limites de l’ordinaire. Son exposition, Training the Gaze, qui se déroule à la galerie Agial (jusqu’au 28 mars), offre à voir 23 livres à l’allure de sculptures. Dans chaque œuvre, l’artiste a adapté un poème. Il a intégré les vers dans les dessins et mixed medias, donnant forme (en 3D) aux mots. Ce travail est né d’une collaboration avec le poète et écrivain libanais Charbel Dagher, récipiendaire du Sheikh Zayed Book Prize, qui dira de son travail : « Ce n’est ni un livre, ni une toile, ni une sculpture, mais tout à la fois. Qaisi cherche à créer une forme à la phrase. » Pour mieux traduire cette osmose de tous les arts, leur imbrication et leur interaction continues, l’artiste rebelle a mêlé le verbe au geste ainsi qu’au médium, vecteurs de toutes sortes de sensations tactiles et imaginatives. Ainsi, tout se mélange dans un ouvrage livresque. D’apparence, donc, c’est un grand livre en carton où les pages s’ouvrent et se referment, se plient ou se déplient de multiples façons. On peut le poser à l’horizontal ou à la verticale. À peine ouvert, il laisse s’échapper des images, des mots et des sensations magiques. Chaque lecteur peut le regarder ou le toucher à sa façon, ou même s’embarquer dans cette aventure artistique différemment. L’œuvre de Waleed R. Qaisi ne donne pas de réponses, mais soulève de multiples questions.


Dépasser toute limite
Charbel Dagher sait que sa poésie est née d’images qui sont devenues, avec le temps, enfouies dans son esprit. Waleed R. Qaisi les sonde, les remet à la surface en leur redonnant une autre dimension. « C’est ma première expérience, dit-il. Elle comprend 23 poèmes dans un seul et invite l’œil à observer d’une autre manière. La clef du livre en carton et qui recèle des émotions enfouies réside dans un seul vers. » Sculpter le mot, le personnifier et le rendre vivant et sensible au toucher, telle est son approche qui ressemble également à un travail d’architecte. « J’aime construire mais aussi déconstruire, précise Walid R. Quaisi. Structurer et déstructurer. »

L’artiste, né à Bagdad et diplômé par la suite de l’Institut des beaux-arts, commence par s’initier à l’art de la céramique auprès du célèbre céramiste, Tareq Ibrahim. Il ne va pas tarder à rejeter tout académisme et tout traditionalisme. Si son matériau favori demeure l’argile, il travaillera cependant la céramique en la détournant de sa caractéristique principale et fonctionnelle. La taille n’est pas confinée dans le matériau et dépasse toute dimension pour atteindre celle d’une sculpture. De Amman où il construit une fabrique de céramique et un studio dédié à l’expérimentation, en passant par le Qatar, avant de revenir en Jordanie, l’artiste ne cessera de se nourrir de littérature et d’enseigner aux élèves son approche de l’art. Si cette vision va changer et évoluer avec le temps, Waleed R. Qaisi voyage, remplit son regard de nouveautés afin de les transmettre : « Pour moi, il n’y a pas de génial et de moins génial. L’art est à la portée de tous et tout le monde peut être poète ou peintre, mais chacun selon sa capacité et ses connaissances. » Et d’ajouter :

« J’aime les erreurs. Elles m’apprennent quelque chose de nouveau et j’aime à travailler là-dessus. Ceci m’entraîne plus loin encore. »

Rebelle et révolté, malgré son air pondéré, Waleed R. Qaisi aime provoquer le regard. « Je prends tout ce qui me tombe sous la main et je lui donne une moulure à ma manière. »

Galerie Agial 63, rue Abdel Aziz, Hamra

Jusqu’au 28 mars 2020.

Il est d’usage que, pour mieux traduire la pensée d’un poète, des dessins illustrent son recueil. Waleed R. Qaisi est allé au-delà de ce concept. Transgressif, l’artiste irakien a repoussé les limites de l’ordinaire. Son exposition, Training the Gaze, qui se déroule à la galerie Agial (jusqu’au 28 mars), offre à voir 23 livres à l’allure de sculptures. Dans chaque œuvre,...

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