Une précieuse icône maronite restaurée par les ateliers du Petit Palais

Une précieuse icône du XVIe siècle, représentant la Dormition de la Vierge et provenant de la collection du Patriarcat maronite, a été restaurée durant deux ans en France par les ateliers du Petit Palais où elle est désormais exposée. Ce panneau fragile en bois de cèdre, d'une hauteur de 1,8 mètre, a retrouvé ses couleurs vives, grâce à un minutieux travail de restauration mené par six artisans.

Au moment de l'exposition "Chrétiens d'Orient" à l'Institut du monde arabe (IMA) en 2017, cette oeuvre était apparue "en danger, des parties de la couche de peinture risquant de tomber", a expliqué Rosaria Motta, restauratrice qui a piloté le projet. D'où la décision de procéder à une restauration fondamentale. Le chef d'oeuvre dans les rouges et ors, avec la Vierge allongée endormie, surmontée d'un Christ entouré d'anges, d'évêques et d'apôtres, est exposé pour un mois au Petit Palais avant son retour au Liban. 

Une lecture sous lumière UV a permis de dater l'icône à l'année 1523, période où la région passe sous les Ottomans. L'on ne connaissait pas d'icônes peintes au Liban à cette période, cet art s'étant interrompu dans la région entre le XIIIe et le XVIIe siècle.

"C'est une icône unique qui vient, tout d'un coup, éclairer le début du XVIe siècle au Liban", a expliqué Raphaëlle Ziadé, conservatrice des icônes au Petit Palais.

"Ce n'est pas anodin que l'engagement de l'Institut national du patrimoine (INP) aille dans le sens d'un soutien à ce patrimoine oriental, mis en péril par les violences, les guerres, mais aussi la bêtise de l'homme", a déclaré Rami Adwan, ambassadeur du Liban en France. 

L'icône s'inscrit dans la continuité des fresques médiévales de style byzantin. L'Église maronite connaîtra quelques décennies plus tard une latinisation importante.

Le Petit Palais, qui conserve le plus important fonds d'icônes en France, avait proposé au Patriarcat de conduire ce projet en sein de ses ateliers. 

Cette restauration a bénéficié du soutien de l’Oeuvre d'Orient et de mécènes privés. Des examens scientifiques ont été menés par l'INP, l'INHA (Institut national de l'Histoire de l'Art) et le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des Musées de France).