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Politique - Syndicats

Ce dimanche, la bataille pour les délégués des ingénieurs aura une autre saveur

Contrairement aux échéances passées, cette première phase du scrutin à l’ordre des ingénieurs sera un indicateur très important pour l’élection de cinq membres du conseil et du président, le 4 avril.

Le siège de l’ordre des ingénieurs à Beyrouth. Photo d’archives Nasser Traboulsi

Ce dimanche aura lieu la première phase des élections de l’ordre des ingénieurs de Beyrouth, qui permettra d’élire la moitié des membres du conseil des délégués de l’ordre. La seconde phase, le 4 avril, sera celle de l’élection de cinq membres du conseil de l’ordre ainsi que du nouveau président (issu de la communauté musulmane cette fois, suivant la coutume qui prévoit une alternance à la tête de cet ordre). Cette année devrait être marquée par une confrontation sérieuse entre les forces de l’opposition, qui présentent des listes unies, et les partis traditionnels dont les alliances ne sont toujours pas claires. Cette consultation est la deuxième depuis le début du soulèvement, après l’élection de l’indépendant Melhem Khalaf à la tête de l’ordre des avocats en novembre dernier.C’est peut-être la première fois que le gros des ingénieurs, et le grand public par conséquent, va s’intéresser de près à l’élection des délégués dimanche. Ceux-ci sont supposés jouer un rôle crucial au sein de l’ordre. L’architecte Abir Saksouk, qui fera en principe partie des candidats indépendants, explique que « ces délégués représentent une centaine d’ingénieurs chacun, et leur conseil est similaire au rôle que joue le Parlement au sein de l’État, c’est-à-dire qu’ils surveillent les actions du président et des membres du conseil de l’ordre, demandent des comptes et prennent part aux grandes décisions structurelles ». Elle ajoute que ces délégués sont au nombre de 506 (représentant près de 50 000 ingénieurs et architectes), dont la moitié est élue chaque deux ans. En d’autres termes, 253 délégués seront élus dimanche.

« Toutefois, poursuit-elle, le rôle de ce conseil est marginalisé depuis une trentaine d’années. Les élections n’étaient que de pure forme, puisque les partis imposaient carrément leurs candidats, élus d’office. Il y a deux ans, nous avons fait une première tentative pour une percée de candidats indépendants, mais l’envergure de notre implication cette année est beaucoup plus importante, puisqu’elle couvrira la majorité des sièges en lice. La bataille sera d’autant plus rude cette année que les ingénieurs de toutes les régions, sous l’impulsion de la révolution, seront beaucoup plus actifs. »


Des listes unifiées

Même s’il s’agit d’élections syndicales, cette échéance dans le plus grand syndicat du pays est un indicateur politique à ne pas négliger. Jusque-là, si l’opposition semble s’organiser en une seule liste dont sont exclus tous les partis qui ont traditionnellement participé au pouvoir, même ceux qui sont dans l’opposition depuis un certain temps, le schéma des alliances au niveau des partis au pouvoir reste nébuleux. Sachant que, comme le dit un syndicaliste chevronné, « le plus souvent, les alliances se nouent à quelques heures de l’échéance ».

Du côté des forces politiques indépendantes, on prend ces élections très au sérieux. « Nous nous rassemblons sous le thème de “l’ordre qui se soulève”, dans une référence très claire à la révolution, souligne Ibrahim Hijazi, ingénieur électromécanique, candidat aux élections des délégués et représentant la région de Saïda. Les partis au pouvoir dominent les syndicats depuis trente ans afin de les marginaliser et de les empêcher de jouer leur rôle. »

Selon lui, les partis tenteront d’empêcher les indépendants d’atteindre leur but et ces derniers voudront leur barrer la route. « Je vois deux scénarios d’alliances possibles, dit-il. Soit des alliances sous la table où le tandem chiite (Hezbollah-Amal) accordera la présidence au courant du Futur et maintiendra ses postes et ceux de ses alliés, soit deux listes bien distinctes où se reflétera en gros l’ancien schisme 8 et 14 Mars. Je crois que dans la conjoncture actuelle de querelles politiques, il sera très difficile à ces partis de constituer une liste commune et de la faire accepter par leur public. »


« Privilégier l’expérience »

Du côté des partis, il semble effectivement que rien ne soit clair pour l’instant. Pierre Geara, ancien membre du conseil de l’ordre et responsable des élections syndicales au sein du Parti national libéral, estime que « certains recherchent le changement, mais le plus important est d’opter pour des personnes ayant une véritable compétence dans le travail syndical, sous peine de nuire gravement à la gestion de l’ordre ». Bien qu’il soit, ainsi que son parti, en faveur de nombre de revendications brandies par la révolution, il affirme qu’il conseillera aux partisans de privilégier l’expérience syndicale.

Dany Ghafari, un responsable du Courant patriotique libre au sein de l’ordre, affirme que son parti « n’a pas donné de directives claires pour l’instant, voulant privilégier les candidats honnêtes et compétents, qu’ils soient partisans ou non, afin de remédier aux difficultés que traverse cette institution ». Le CPL, selon lui, n’a pas de candidat pour la présidence de l’ordre, mais des candidats pour les élections préliminaires de dimanche. « Les candidats potentiels pour la présidence ne sont toujours pas connus et nous n’avons pas encore été approchés pour appuyer quiconque », poursuit-il.

De son côté, Paul Maarawi, un responsable des Forces libanaises au sein de l’ordre, fait remarquer que l’identité des candidats n’est pas encore connue pour décider des alliances, ajoutant que les FL seront appelées à choisir suivant la compétence et l’expérience. « Si le cas de figure de listes 8 et 14 Mars se concrétise, les FL n’en feront pas partie », dit-il.

En définitive, comme le souligne Ibrahim Hijazi, « le plus dur, pour toutes les parties, sera de mobiliser les électeurs ». Et, pour lui, « les élections de dimanche seront un indicateur important pour la suite ».


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commentaires (2)

Tant que les partis politiques continueront de jouer un rôle préondérant dans les élections syndicales, en particulier l'Ordre des Ingénieurs et Architectes dont je suis membre, on n'aboutira à rien. C'est pour cela que je n'irai pas voter cette année!

Georges MELKI

16 h 39, le 05 mars 2020

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Commentaires (2)

  • Tant que les partis politiques continueront de jouer un rôle préondérant dans les élections syndicales, en particulier l'Ordre des Ingénieurs et Architectes dont je suis membre, on n'aboutira à rien. C'est pour cela que je n'irai pas voter cette année!

    Georges MELKI

    16 h 39, le 05 mars 2020

  • Rejeter définitivement toute liste où seraient inclus des membres des partis inféodés aux Ayatollahs : Aounistes, Amal, Hezbollah , PSNS.

    Saleh Issal

    12 h 21, le 05 mars 2020

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