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Moyen-Orient - Conflit

Erdogan réclame un soutien européen en Syrie

Nouveaux heurts entre réfugiés et policiers à la frontière turco-grecque.

Des réfugiés tentent de franchir une barrière à Edirne, à la frontière entre la Turquie et la Grèce. Ozan Kose/AFP

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé hier qu’une résolution de la crise migratoire passait par un soutien européen à Ankara en Syrie, au moment où de nouveaux heurts ont éclaté entre réfugiés et policiers à la frontière grecque. Selon les autorités turques, un migrant a été tué et cinq ont été blessés par des « tirs à balles réelles » des forces grecques alors qu’ils tentaient de franchir la frontière. Athènes a « catégoriquement démenti ».

Des dizaines de milliers de personnes ont afflué vers la Grèce depuis que M. Erdogan a ordonné vendredi l’ouverture des frontières de son pays, réveillant en Europe la peur d’une crise migratoire similaire à celle de 2015. Face à ce nouvel afflux, plusieurs dirigeants européens ont dénoncé un « chantage » d’Ankara qui, aux termes d’un accord conclu avec Bruxelles en 2016, s’était engagé à lutter contre les passages illégaux en échange notamment d’une aide financière.

« Si les pays européens veulent régler le problème, alors ils doivent apporter leur soutien aux solutions politiques et humanitaires turques en Syrie », a cependant déclaré hier M. Erdogan lors d’un discours à Ankara. À l’issue d’une visite de deux jours dans la capitale turque, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé le déblocage d’une aide d’urgence de 170 millions d’euros « pour les plus vulnérables en Syrie ».

« Ils tirent »

Sur le terrain, de nouvelles échauffourées ont éclaté au poste-frontière de Pazarkule (Kastanies, côté grec). Des migrants ont lancé des pierres en direction des forces de sécurité grecques qui ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogènes. Le gouvernorat d’Edirne (nord-ouest de la Turquie) a affirmé dans un communiqué que six migrants qui tentaient de traverser à Pazarkule avaient été blessés par des tirs grecs. L’un d’eux a succombé à ses blessures à la poitrine, selon cette source. « Ils tirent avec des armes. Ceux qui vont là-bas (près de la frontière) se font immédiatement tirer dessus. Ils lancent aussi des grenades lacrymogènes », a déclaré un réfugié syrien, Mustafa. Athènes, qui accuse Ankara de propager de fausses informations, a affirmé que des policiers turcs avaient tiré des grenades lacrymogènes contre les policiers grecs à Pazarkule. Depuis l’ouverture des frontières par Ankara, quelque 1 720 migrants ont rejoint les îles de la mer Égée, selon Athènes, s’ajoutant aux 38 000 exilés déjà présents sur ces territoires grecs.

Négociations

Dans son discours hier, M. Erdogan a accusé les Européens de « piétiner » les droits humains en « battant, coulant les embarcations et même en tirant » sur les migrants qui cherchent à se rendre en Europe. Alarmée par l’afflux de migrants, l’Union européenne a dépêché, outre M. Borrell, le président du Conseil européen Charles Michel qui a été reçu hier par M. Erdogan.

La veille, plusieurs hauts responsables européens s’étaient rendus en Grèce pour exprimer leur soutien et promettre « toute l’aide nécessaire » à Athènes. « Ceux qui cherchent à tester l’unité de l’Europe seront déçus », avait mis en garde la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La « protection des frontières » de l’UE doit se faire « dans le plein respect des droits fondamentaux », a rappelé en outre la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, tout en soulignant que la Grèce était confrontée à une situation « exceptionnelle ».

La décision prise par Ankara d’ouvrir ses frontières intervient au moment où la Turquie cherche à obtenir un appui occidental en Syrie, où elle mène une offensive et où elle est confrontée à un afflux de déplacés.

Pour sa part, le chef de la diplomatie française a assuré hier que l’Europe ne « cédera pas au chantage » migratoire exercé par la Turquie et ses frontières resteront « fermées » aux migrants envoyés par ce pays. Selon lui, l’OTAN doit avoir une « explication franche » avec la Turquie pour savoir de « quel côté » penche cet allié, qui s’est beaucoup rapproché de Moscou dans le cadre du conflit syrien. « Nous sommes dans la même alliance (...). Je pense qu’il nous faudra avoir rapidement avec la Turquie une grande explication, lourde, franche, publique pour savoir de quel côté est l’un, de quel côté est l’autre et là où sont nos intérêts communs et dire tout cela, fortement, sinon on ne s’en sortira pas », a affirmé Jean-Yves Le Drian.

L’offensive que mène depuis décembre le régime à Idleb, dernier bastion rebelle et jihadiste dans le nord-ouest de la Syrie, a en outre provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d’un million de personnes déplacées vers la frontière turque.

Trêve en Syrie ?

Ankara, qui accueille déjà 3,6 millions de Syriens sur son sol, réclame depuis plusieurs mois la création d’une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie pour y installer les personnes déplacées. Une position relayée hier par Berlin. Angela Merkel a demandé à la Russie et la Turquie d’établir une zone de sécurité dans la région d’Idleb pour assurer l’approvisionnement des populations déplacées, a indiqué hier une porte-parole de la chancelière.

Après plusieurs semaines d’escalade des tensions dans cette région, Ankara a déclenché la semaine dernière une offensive contre le régime. Le ministère turc de la Défense a annoncé hier la mort de deux nouveaux soldats dans des tirs du régime, portant à près de 40 les pertes depuis la semaine dernière à Idleb. La Turquie, qui a abattu mardi un avion du régime, le troisième depuis dimanche, a multiplié ces derniers jours les frappes de drones. Neuf combattants prorégime ont été tués hier dans une attaque de drone, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une ONG.

Ces affrontements se produisent à la veille d’une rencontre cruciale à Moscou entre M. Erdogan et le président russe Vladimir Poutine, dont le pays appuie militairement le régime de Bachar el-Assad. Le président turc a indiqué hier qu’il espérait arracher « un cessez-le-feu le plus rapidement possible » lors de ce sommet.

Source : AFP

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé hier qu’une résolution de la crise migratoire passait par un soutien européen à Ankara en Syrie, au moment où de nouveaux heurts ont éclaté entre réfugiés et policiers à la frontière grecque. Selon les autorités turques, un migrant a été tué et cinq ont été blessés par des « tirs à balles réelles » des forces...

commentaires (2)

La Turquie ne fait plus partie de l'OTAN de facto .

Chucri Abboud

13 h 52, le 05 mars 2020

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Commentaires (2)

  • La Turquie ne fait plus partie de l'OTAN de facto .

    Chucri Abboud

    13 h 52, le 05 mars 2020

  • La seule chose que erdog-ane aura réussit sur Poutine , c'est d'avoir réussit à se faire détester partout et par tous . Quand on parle de LA Russie on fait mention de son alliance avec le héros syrien BASHAR EL Assad, et quand on parle de erdog-ane on parle plus de son alliance avec des terroristes que de son alliance avec l'OTAN. La Russie va lui faire accepter ce qu'elle voudra de lui .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 19, le 05 mars 2020

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