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Lifestyle - Rencontre

Bruno Zalum, voyage autour de soi

Ce designer, aujourd’hui yogi, a trouvé son langage, celui d’un corps et d’une âme en harmonie avec sa quête d’un monde meilleur et plus sincère. Une sérénité bienvenue en ces temps troubles et troublés.


Photo DR

C’est au détour des réseaux sociaux, et notamment d’Instagram, que cet étrange monsieur Zalum est apparu, comme sorti de nulle part, des eaux peut-être, ou de la nature exubérante de Hawaï où il réside. De ses photos calmes et silencieuses se dégageait tellement de bien-être que notre curiosité (parfaitement saine) s’est aiguisée. Une connexion s’est ensuite établie, à travers des milliers de kilomètres, permettant ainsi la découverte, plus en profondeur, de ce jeune homme beau (surtout dans des postures de yoga improbables), de l’extérieur mais aussi certainement de l’intérieur. En ces moments de trouble, ses mots et sa vision consolent un moment nos âmes fatiguées.


Fuites

Né à Beyrouth où il a grandi, Bruno Zalum, qui a « toujours eu une affinité pour la culture, la philosophie et les arts », a entrepris des études de graphisme à la LAU avant d’embarquer pour Dubaï en 2005 et d’y démarrer une carrière dans la publicité. « Durant ces années, j’ai réalisé que cet univers ne m’épanouissait pas. Le manque d’intégrité et d’humanité que j’y ai ressenti m’a poussé à rentrer au pays et fonder mon propre studio de design. Ce qui m’a permis de choisir mes clients et des projets qui me ressemblaient. » Mais il va vite se rendre compte que le Liban n’est pas la destination idéale pour un individu épris de liberté, de transparence et d’honnêteté, « sur tous les plans », et qui cherchait à vivre sa vie « sans avoir à justifier (s)es choix personnels et sexuels ». C’est ainsi qu’il repart en 2010, destination New York, et y décroche un master en beaux-arts. « Là, poursuit-il, j’ai commencé à utiliser le design comme outil de changements sociaux et économiques, un moyen qui va au-delà du simple discours esthétique. Pour ma thèse, l’année suivante, j’ai créé une application baptisée LFNTV (Elephant TV), en réaction au temps inutile que nous passons à la recherche de contenus, sur nos téléphones portables et autres appareils. En ajoutant à cet exercice une touche de magie et une dimension culturelle. » « Il y avait alors, précise-t-il, de nombreuses vidéos, très intéressantes, postées en ligne par des artistes inconnus et des étudiants, mais que l’on pouvait difficilement trouver vu la manière dont les algorithmes des grandes plates-formes comme YouTube ou Vimeo sont programmés. » L’app va ainsi permettre de sélectionner ces petits films par genres, personnalisés en fonction de la demande ponctuelle de l’utilisateur, de son humeur et du moment où il doit être vu. « Si vous avez 6 minutes à perdre dans le métro, je vous proposerai une minichaîne de vidéos pour cette occasion, pareil si vous attendez votre tour chez le dentiste ou que vous êtes chez vous en mode relaxation. » Après avoir dévoilé sa thèse à des investisseurs, Bruno s’associe avec un philanthrope et entrepreneur, Don McKinnon, transformant LFNTV en un plus grand projet, Milq, lancé en 2012, devenant ainsi une plate-forme qui connecte les gens avec les mêmes passions et goûts. En raison de son succès, la start-up est rachetée par un grand groupe canadien. Bruno Zalum quitte ses fonctions à la tête du design et de la stratégie de Milq en 2015, happé par le désir d’un silence nécessaire à son épanouissement, une philosophie de vie qui porte le nom de yoga. « J’étais persuadé qu’une super carrière ne suffirait pas à me rendre heureux et que j’avais besoin de trouver le chemin qui me mènerait à cette plénitude. »


Ancrage

Ce chemin vers soi passait par l’Inde et le Pérou, et par un apprentissage de son être à travers des rencontres avec des gourous et des chamans, le tout accompagné d’un langage spirituel enrichissant. « Dès lors, j’ai commencé à adapter ma façon de penser, en termes de design, à ma philosophie, à l’esprit et au corps humain. Après tout, l’univers est le plus beau design de tous les temps. En nous alignant à cette intelligence divine nous pouvons atteindre une vie saine et heureuse. » En trouvant un langage commun entre yoga et design, il met sur pied, instinctivement, une nouvelle manière de vivre et de travailler, qui le rapproche de lui-même et de la nature. Depuis plus de deux ans, sentant l’appel d’une vie différente, d’un autre rythme, Bruno Zalum quitte New York la trépidante pour Hawaï. « J’ai adoré chaque instant vécu là-bas, mais il était temps pour moi de partir vers un nouveau chapitre de ma vie en tant que yogi et designer. Je n’ai pas choisi Hawaï, c’est elle qui m’a choisi, précise-t-il. J’en rêvais toutes les nuits alors que je n’avais jamais visité ces îles. Ma vie se résumait à une valise, un sac à dos et une confiance totale dans le mystère du lendemain. C’était un grand pas pour moi dans l’inconnu. À la fois angoissant et excitant, car tout était possible et je n’avais aucun plan sauf celui, justement, de n’en avoir aucun… »

Depuis qu’il a ouvert cette nouvelle page, Bruno Zalum enseigne le yoga et la méditation à Maui où il vit, et travaille sur quelques projets précis qui, évidemment, lui ressemblent. Sa technique passe par le hatha yoga, le vinyasa, katonah, yin, iyengar et yoga nidra. Un mélange de philosophies indiennes, de médecine chinoise, de taoisme et de physique quantique.


Et le Liban ?

« J’aime le Liban et je m’y rends de temps à autre pour voir ma famille. Ma pratique du yoga m’a aidé à faire la paix avec les raisons qui m’ont poussé à partir quand j’étais plus jeune. Je suis très reconnaissant pour toutes les expériences qui m’ont amené là où je suis aujourd’hui. Et très excité de découvrir tous les mystères qu’il me reste encore à vivre. » Et d’ajouter : « Je suis si fier de la manière dont la révolution a été menée, civilisée et inspirante. J’ai le sentiment qu’en quelques mois, le niveau de la conscience nationale s’est élevé plus qu’en un siècle. Les anciennes méthodes de gouvernance sont en train de mourir. Le système patriarcal, sexiste, népotique et homophobe est dépassé et n’est plus toléré. Les personnes encore attachées à ces anciennes méthodes vont couler ; celles qui vont embrasser le changement fleurir et s’épanouir. » Et de conclure, avec la sagesse qui le caractérise : « Parfois, l’obscurité et le doute sont essentiels lorsque des changements radicaux ont lieu. J’ai confiance en ce processus, mais j’espère simplement qu’il n’y aura pas de victimes en cours de route… »

C’est au détour des réseaux sociaux, et notamment d’Instagram, que cet étrange monsieur Zalum est apparu, comme sorti de nulle part, des eaux peut-être, ou de la nature exubérante de Hawaï où il réside. De ses photos calmes et silencieuses se dégageait tellement de bien-être que notre curiosité (parfaitement saine) s’est aiguisée. Une connexion s’est ensuite établie, à...

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