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Économie - Les mots/maux de la crise

III - Le taux de change : comment ça marche ?

« À combien est le dollar aujourd’hui ? »... « Sa valeur a-t-elle encore augmenté ? »... Ces questions sont depuis des mois sur les lèvres de la grande majorité des Libanais ou étrangers résidant au Liban, qu’il s’agisse du chauffeur de taxi, du serveur, de l’entrepreneur, de l’importateur, mais aussi du travailleur immigré qui doit envoyer de l’argent à sa famille. Dans un contexte de crise, marqué par une forte limitation des liquidités en circulation sur le marché et des restrictions bancaires draconiennes, le cours du dollar a explosé ces derniers mois. Comment se fixe un taux de change : telle est la troisième entrée de notre lexique sur les mots associés aux maux de la crise.

Photo d’archives

Qu’est-ce qu’un taux de change ?
Le taux de change est la valeur d’une monnaie par rapport à une autre. Si un dollar s’échange contre 0,92 euro, alors la valeur de l’euro est supérieure à celle du dollar car il faut payer un dollar pour obtenir 0,92 euro. Supposons que le lendemain un dollar vaille 0,95 euro, alors le dollar s’est « apprécié » et l’euro s’est « déprécié ». En effet, avec un seul dollar, l’on peut désormais obtenir plus d’euro que la veille.


À quoi ça sert ?
Le taux de change sert à déterminer le pouvoir d’achat des consommateurs de pays différents. En effet, si la valeur de la monnaie d’un pays est forte, il sera moins cher pour ce dernier d’importer des biens. Il permet également à un pays de jouer sur la compétitivité de ses exportations car un pays peut dévaluer sa monnaie pour rendre ses exportations relativement moins chères et donc attractives pour les consommateurs d’un autre pays. Un taux de change avantageux peut aussi permettre à un pays d’attirer des investissements.


Les différents types de taux de change
Il existe deux grands types de taux de change : fixe ou flottant. Le taux de change flottant est adopté par la plupart des pays. Il est déterminé par l’offre et la demande de la monnaie. Si la demande d’une monnaie augmente, et que l’offre ne suit pas, alors cette monnaie s’apprécie. Elle « vaut » plus cher et « coûte » également plus cher qu’une autre monnaie. Par contre, si la demande de cette monnaie diminue et/ou l’offre augmente, elle se déprécie.

Dans le cadre d’un taux de change fixe, la valeur d’une monnaie est arrimée à celle d’une autre. C’est la Banque centrale qui décide alors de fixer la valeur de la monnaie nationale par rapport à une devise forte et qui intervient sur le marché des changes pour défendre la valeur de la monnaie nationale (voir ci-après). Une monnaie forte est une valeur refuge sur le marché des changes comme le dollar américain, l’euro, la livre sterling, le franc suisse et le yen.


Le cas du Liban
La livre libanaise a connu une forte dévaluation durant la guerre civile. Alors qu’un dollar s’achetait à 2,45 livres en 1975, il s’échangeait contre 790,45 livres en décembre 1990. La livre a poursuivi sa dévaluation jusqu’en août 1992, s’établissant à 2 382,25 livres pour un dollar.

En 1997, pour stabiliser son cours, la Banque du Liban (BDL) a ancré la livre au dollar à un taux de 1 507,5 livres pour un dollar. Depuis cette date, elle n’intervenait que lorsque la valeur de la livre sortait de la fourchette 1500-1515 livres pour un dollar. Avant cette date, le taux de change était flottant et dépendait donc de l’offre et de la demande.

Lorsque la livre passe au-dessus de 1 515 livres pour un dollar, la Banque centrale intervient sur le marché des changes en vendant des dollars et en achetant de la livre. Elle injecte donc des dollars sur le marché et récupère une partie de la liquidité en livres, pour que le taux de change reste stable. Ainsi, la demande de livres et l’offre de dollars augmentent. La BDL a donc besoin de réserves en devises conséquentes pour pouvoir défendre la monnaie nationale. À noter qu’il n’existe pas un marché de changes physique, la BDL intervient en accordant de la liquidité aux banques qui la distribuent aux autres agents économiques comme les particuliers et les entreprises.

Si la livre passe en-dessous de 1 500, la Banque centrale lance le processus contraire : elle achète des dollars et vend de la livre.

À partir de la fin de l’été 2019, et face à un creusement continu de la balance des paiements (flux de biens, de services et de capitaux entre le pays et le reste du monde) que la BDL a dû couvrir en puisant dans ses réserves en devises, les banques avaient vu leurs quotas journaliers de devises fournis par la BDL réduits. Elles avaient donc fini par limiter fortement les retraits de dollars à travers les distributeurs automatiques et les guichets, entraînant l’apparition en septembre d’un taux de change parallèle qui oscillait ces derniers jours autour 2 500 livres. Cela signifie que la BDL a arrêté de fournir des dollars sur le marché et donc de défendre efficacement la livre. L’offre de dollars ayant diminué, le prix du billet vert a flambé chez les changeurs.

Le taux de change flottant est donc celui qui prévaut chez les changeurs actuellement. Si la demande de dollars augmente et que l’offre ne suit pas, le billet vert est alors considéré comme étant « rare », et donc s’apprécie. Si au contraire, les agents économiques souhaitent vendre des dollars pour acquérir de la livre, alors la demande de monnaie nationale augmente, et donc la livre s’apprécie, alors que le dollar, lui, se déprécie.

À noter que jusqu’à présent, la valeur officielle de la livre demeure stable, puisque le taux de change officiel est toujours à 1 507,5 livres pour un dollar et que celui en vigueur dans les banques ne dépasse pas les 1 515 livres pour un dollar. Ce qui ne peut changer qu’en cas de dévaluation officielle. Une décision politique que la BDL ne pourra prendre seule, mais qui ne semble pas être à l’ordre du jour.



Repères

II. Qu’est-ce qu’une restructuration de la dette ?

I - Qu’est-ce qu’un eurobond ?


Qu’est-ce qu’un taux de change ?Le taux de change est la valeur d’une monnaie par rapport à une autre. Si un dollar s’échange contre 0,92 euro, alors la valeur de l’euro est supérieure à celle du dollar car il faut payer un dollar pour obtenir 0,92 euro. Supposons que le lendemain un dollar vaille 0,95 euro, alors le dollar s’est « apprécié » et l’euro s’est...

commentaires (5)

Il faut donc que la BDL passe le taux de change comme celui des changeurs, les gens qui ont deja leur argent en USD (ils ont deja fait des sacrifices en ayant eu des taux d'interet plus bas que les comptes en LBP) qu'ils puissent les convertir en LBP pour vivre et pour que la demande sur la LBP augmente.

Eddy

09 h 49, le 04 mars 2020

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Commentaires (5)

  • Il faut donc que la BDL passe le taux de change comme celui des changeurs, les gens qui ont deja leur argent en USD (ils ont deja fait des sacrifices en ayant eu des taux d'interet plus bas que les comptes en LBP) qu'ils puissent les convertir en LBP pour vivre et pour que la demande sur la LBP augmente.

    Eddy

    09 h 49, le 04 mars 2020

  • LSSSSOUSSSS ! LSSSSOUSSSS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 27, le 04 mars 2020

  • LES BANQUES QUI PAIENT LA MOITIE DES INTERETS EN DOLLARS EN LIVRES LIBANAISES DEVRAIENT LE FAIRE AU COURS DU DOLLAR SUR LE MARCHE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 26, le 04 mars 2020

  • Vous êtes sérieux. C’est quoi cet article qui s’adresse à des adolescents de classe de cinquième ?

    Lecteur excédé par la censure

    03 h 36, le 04 mars 2020

  • Ce qui manque dans cet article c’est la notion qu’en maintenant le taux officiel à 1507,5 les banques sont en train d’effectuer un "haircut" effectif de 40% sur tous les dépôts en dollars à partir du moment ou on retire ses dollars en livres libanaises, seul choix proposé. Ceci en toute illégalité, et au vu et su de tous...

    Gros Gnon

    00 h 44, le 04 mars 2020

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