L’offense faite à May Chidiac

Les commentaires, réservés ou virulents, d’une partie de la classe politique au discours tenu par le chef de l’État mercredi, à la veille du lancement du forage dans le premier puits d’exploration d’hydrocarbures du bloc 4 dans la zone économique exclusive du Liban (ZEE), ont suscité des réactions de la part des partisans du Courant patriotique libre. Parmi ces réactions, celle de la vice-présidente du parti a suscité une polémique, May Khoreiche, perdant le contrôle d’elle-même, s’étant laissé aller à une sortie particulièrement déplacée visant la députée May Chidiac. Les « handicaps physico-psychologiques de certains, a ainsi lancé Mme Khoreiche, n’empêcheront pas l’extraction du pétrole ».

« Désolé pour mon tweet, mes paroles m’ont trahie…», s’est-elle excusée plus tard, réalisant l’énormité de ses propos et sachant bien dans quelles conditions May Chidiac a perdu l’usage d’une jambe et d’un bras. « C’est sans doute la quantité de haine que j’ai vu sur un sujet important pour l’avenir du Liban… et je le répète, la haine de ceux-là n’empêchera pas l’extraction du pétrole », a-t-elle répété.

« Le véritable handicap est celui de l’immoralité du caractère », a sagement répondu Mme Chidiac, qui a exprimé « tout son amour » à celle qui l’a offensée.

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Exagération « à la libanaise »
En gros, les critiques ont porté sur « l’exagération à la libanaise » de l’importance du moment et la volonté du chef de l’État de mettre au crédit de son mandat, voire à celui de son gendre Gebran Bassil, le forage qui a commencé. Dans un message télévisé mercredi soir, le chef de l’État avait qualifié la journée d’« historique (…), une journée qui sera longtemps commémorée par le présent et l’avenir du Liban comme le jour où notre pays a fait son entrée officielle dans le cercle des pays pétroliers ».

Le député Mohammad Hajjar (courant du Futur) a critiqué « un discours présidentiel dont on fait une tribune partisane destinée à servir les intérêts des amis et de la parenté ». « N’exagérons pas à la libanaise et cherchons des solutions réalistes et à notre portée à nos problèmes ; n’hypothéquons pas à l’avance politiquement nos ressources en hydrocarbure », a conclu le député.Pour sa part, Fayçal Sayegh (Rencontre démocratique) a rappelé que le forage pour l’extraction du pétrole est encore au stade « exploratoire » et qu’il faut donc éviter de « vendre du poisson en mer, avant de l’avoir pêché ». Par contre, a-t-il ajouté sur son compte Twitter, « dans les filets sont pris quelque 50 milliards de dollars perdus par les épargnants, des milliards en eurobonds à échoir dans une dizaine de jours, un FMI choqué par notre incapacité à établir un plan de sauvetage, l’indifférence de nos frères du Golfe, sans compter le coronavirus venu d’Iran et les sanctions venues des Américains ».

Pour sa part, le député Bilal Abdallah (PSP) a tenu à rendre hommage « aux soldats connus et inconnus aux efforts silencieux, à qui nous devons cette réalisation scientifique et technique ainsi que le début du forage ».

L’ancien ministre Salim Jreissati, conseiller du chef de l’État, a qualifié de « mesquines et haineuses » les personnes « qui veulent empêcher Michel Aoun et Gebran Bassil de concrétiser les projets d’électricité et d’extraction du gaz au bénéfice du Liban ».

Enfin, le député Edgar Traboulsi (CPL), a jugé que « ceux qui n’apprécient pas et minimisent l’importance de cette réalisation sont soit des aveugles, soit des ingrats, soit encore des personnes haineuses ».Le Liban a donné hier le coup d’envoi de ses premières explorations d’hydrocarbure menées par Total. Pour l’occasion, le président Aoun et le Premier ministre Hassane Diab ont participé à une cérémonie officielle sur le navire de forage qui a jeté l’ancre à environ 30 km au large des côtes libanaises, au nord de Beyrouth.

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