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Culture - Entretien

« Cette année, les concerts de Beirut and Beyond sont ouverts à tous, gratuitement »

Décalé de quelques mois pour des raisons sécuritaires, le Festival de musique indépendante va enfin avoir lieu et investir onze salles à travers Beyrouth, les 28 et 29 février. Sa directrice, Amani Semaan, détaille les points forts de cette septième édition qui se démarque des précédentes.

Tarek Yamani et Liliane Chlela.

Comment est né le festival ?

C’est en 2013 que le Festival Beirut and Beyond voit le jour sur une idée originale de Khaled Yassine (percussionniste), en partenariat avec Hani Siblini (musicien et compositeur), Ziad Fayed (ingénieur de son) et moi-même.

J’ai toujours travaillé dans les médias, télé ou cinéma, c’est donc grâce à mes trois partenaires que j’ai intégré le monde de la musique. Nous avions démarré l’aventure du partenariat dans la production et avions fondé en 2011 Edict Records. Nous avions réussi à mettre en place une série de concerts et même à organiser des tours avec des groupes musicaux. C’était une époque où le monde arabe regorgeait de talents et de projets artistiques novateurs. Musiciens, chanteurs ou groupes, aucune grande maison de production ne les représentait ou les soutenait. C’était une occasion à saisir. Il leur fallait une plateforme pour exposer tout ça. C’est ainsi que l’idée d’un show case festival est née. Une plateforme pour toutes les musiques du monde : tarab, jazz, rap, rock, musique électronique, etc. Aujourd’hui, Khaled Yassine, Hani Siblini, Ziad Fayed ont pris d’autres chemins et Tarek Murad est mon partenaire. Il travaille sur la production, la distribution, la programmation et la technique.

Quelle est sa mission ?

Celle de divertir le public mais surtout celle de créer des opportunités. Beirut and Beyond n’est pas un festival qui s’adresse uniquement au public, mais aussi aux professionnels du monde entier qui viennent en reconnaissance, pour essayer de signer des contrats avec les artistes ou les introduire dans des festivals à travers le monde. Se sont généralement de jeunes projets. Par ailleurs, dans le cadre du festival, nous mettons en place également des ateliers de travail, des plateformes de discussions, des forums pour comprendre l’infrastructure de la scène et les rouages du métier.

Par quels moyens assurez-vous le financement ?

On a d’abord obtenu un partenariat avec Oslo Word (festival norvégien) qui nous a accordé un financement pour six ans. Et ce après avoir fait la connaissance de la directrice du festival, présenté un pitch et défendu notre projet. On frappe régulièrement à la porte du Fonds arabe pour la culture (AFAC) qui ne manque pas de nous soutenir. Du côté du Danemark, nous sommes financés par la Roskilde Foundation. Cette année, nous avons un accord avec Spotify et SACEM France. Il ne faut pas oublier la billetterie qui, en temps normal, nous permettait aussi de couvrir certains frais. Nous avions fixé à 20 dollars le droit d’entrée par nuit et le public pouvait assister à trois concerts. Mais cette année, le festival est ouvert à tout le monde gratuitement.

Ancien format vs nouveau format ?

Le festival, depuis sa naissance, est toujours programmé le premier week-end de décembre. Mais, cette année, nous avons décidé de le suspendre. Une façon, en tant qu’institution culturelle indépendante, de soutenir la Thaoura.

Une fois que les choses sont rentrées dans l’ordre côté sécurité et comme nous avions déjà obtenu le financement pour l’édition 2019, il nous fallait reprendre le festival pour marquer notre résistance. Et ce d’autant plus que la scène musicale n’était pas très active. Pourquoi, dès lors, ne pas réaliser une édition entièrement locale, avons-nous pensé ? Et voilà le deuxième changement opéré. Alors que notre politique a toujours été d’honorer les musiciens, même avec un montant symbolique parce que la musique mérite que l’on paye pour l’écouter, la troisième modification difficile à prendre a été l’entrée libre pour tout le monde. Cela permet aussi aux lieux qui nous accueillent de profiter des consommations du public.

Comment s’est opéré le choix des lieux de concerts ?

Il est de coutume que l’on se produise dans quatre lieux principaux : Metro al-Madina, Station, Zoukak et Ballroom Blitz. Mais pour cette nouvelle édition, nous serons une nuit à Zoukak où se produiront Bachar Mar Khalifé, Tareq Yamani et Liliane Chlela, DJ Ziad Naufal et Toni Geitani. La deuxième nuit, les musiciens (au nombre de 25 au total sur deux jours) se produiront dans 11 salles différentes de la ville de Beyrouth.

Un message à délivrer avant le début des festivités ?

Nous avons toujours été une institution indépendante qui ne se mêle pas de politique. En 2015, nous avons annulé l’édition du festival suite aux événements du Bataclan et de l’attentat qui avait fait 45 victimes dans la banlieue sud de Beyrouth. Nous avions pris position pour exprimer notre solidarité. Aujourd’hui, reprendre le festival, c’est montrer au monde et aux dirigeants de ce pays que nous sommes un peuple porteurs d’initiatives, un peuple combatif et talentueux par-dessus tout. Beirut and Beyond a réussi et continuera à mettre le Liban sur la carte internationale des festivals indépendants.

De la musique indie libanaise tous azimuts

Plus de 25 artistes confirmés occuperont des lieux incontournables de la scène musicale beyrouthine dont Metro al-Madina, Zoukak, Meziane, Demo, Tota, The Ballroom Blitz, Salon Beirut, Onomatopeia, Riwaq, Anis, Mansion... Bachar Mar Khalife, reconnu à l’international, donnera le coup d’envoi du festival ce vendredi soir à Studio Zoukak qui accueille également Toni Geitani, Tarek Yamani qui fait une collaboration attendue avec Liliane Chlela et DJ Ziad Naufal. Un des pionniers de la pop arabe, Zeid Hamdan, accompagné de Marie Abou Khaled et Lynn Dibeh, le rappeur Jaafar al-Touffar qui, depuis plus de dix ans, porte dans ses chansons la cause des marginalisés et des précaires, de plus que plusieurs noms piliers de la scène locale : Munma, Sharif Sehnaoui, Kid Fourteen, Donna Khalifeh, Mme Chandelier, Alan Abi Sleiman, Escalier 301B, Postcards, Gurumiran, Bunny Tylers, The Jazzmine Bey Quartet, Jad Atoui et Pol, entre autres.

Parallèlement aux concerts, et à l’impact positif qu’il aspire à apporter, Beirut and Beyond garde sa plateforme de rencontres et invite des professionnels internationaux pour un échange privilégié avec des artistes de la scène locale. Le festival organise une session « Spotify » pour expliquer aux artistes comment fonctionne la distribution numérique de même que ses tendances.

Programme à consulter sur : https://beirutandbeyond.net/bbprogram/bbimf-2020-the-homegrown-edition/

Comment est né le festival ?C’est en 2013 que le Festival Beirut and Beyond voit le jour sur une idée originale de Khaled Yassine (percussionniste), en partenariat avec Hani Siblini (musicien et compositeur), Ziad Fayed (ingénieur de son) et moi-même. J’ai toujours travaillé dans les médias, télé ou cinéma, c’est donc grâce à mes trois partenaires que j’ai intégré le monde de...

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