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Société - Vie rurale

La FAO forme les femmes de Deir el-Ahmar à la gestion durable de leurs projets

L’organisation onusienne propose une nouvelle méthodologie de travail pour éviter les erreurs du passé.

Deux dames bénéficiant du projet devant les confitures et les condiments de leur confection. Photo Blandine Lavignon

Nichée sur une petite colline surplombant le village, la Maison des femmes de Deir el-Ahmar (WADA) fourmille d’activités en ce mercredi. Et pour cause, le centre accueille une délégation du bureau de l’organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Liban, ainsi que des responsables du ministère de l’Agriculture, et une délégation de l’ambassade du Canada. La FAO s’est rendue dans ce village pour y rencontrer les coopératives et les associations de femmes de la région, et finaliser le lancement de sa nouvelle méthode de financement des programmes, basée sur la soutenabilité. Un programme d’aide particulièrement attendu dans cette région, l’une des plus pauvres du Liban. Les futures potentielles bénéficiaires ont été invitées à exprimer leurs attentes vis-à-vis du projet et à faire découvrir leurs coopératives.

Ce jour-là, les femmes sont une vingtaine à s’être réunies dans l’enceinte du centre de Deir el-Ahmar. Toutes ne font pas partie de la coopérative WADA, qui accueille l’événement, mais viennent des villages voisins de la Békaa-Ouest. Chaque petit groupe a disposé devant lui les denrées phares de sa production artisanale : fleurs d’oranger, confitures, fruits séchés, bocaux de légumes sont autant de produits qui témoignent du patrimoine culinaire de cette région, autrefois surnommée le grenier à blé de l’empire romain.

Dans la Békaa-Ouest, la FAO a mis en place depuis 2018 un programme de soutien aux coopératives de femmes qui met l’accent sur la promotion de l’égalité entre les genres et la construction de la capacité à long terme des coopératives, en collaboration avec l’ambassade du Canada. La plupart des femmes présentes connaissent donc bien la FAO. Mais le nouveau projet vient accompagné d’une nouvelle méthodologie.


Repenser le suivi du financement
« Nous avons déjà sélectionné les coopératives potentiellement bénéficiaires du nouveau projet et celles-ci vont commencer la formation, explique à L’Orient-Le Jour Maurice Saadé, responsable de la FAO au Liban. Nous avons divisé le pays en 25 zones et avons placé un facilitateur de la FAO dans chacune d’entre elles. La Békaa-Ouest ayant des coopératives très actives, nous avons choisi de lancer ici la mise en œuvre du projet, avec le cycle de formation qui va s’ouvrir prochainement. »

La nouvelle méthodologie pilote profitera à 150 coopératives sélectionnées. Lors de ses précédents projets, la FAO a observé que les femmes bénéficiaires manquent d’une base de compétences pour gérer les coopératives et que les projets tombent en faillite avec l’arrêt des financements. Il lui était donc essentiel de mettre en place une méthode qui favorise la durabilité de ces coopératives.

« Nous sommes convaincus que cette nouvelle méthodologie donnera de meilleurs résultats que les expériences précédentes, précise Maurice Saadé à L’OLJ. Dans ce projet, il y a une composante-subvention, mais aussi une importante composante-formation à la gestion de projets. Tous les bénéficiaires doivent passer par une période assez longue de formation et préparer leur business plan en utilisant leurs propres données, pour voir si leurs idées sont et vont être profitables et durables. S’ils passent le test, ils accèdent aux financements. »

« Si nous voulons exporter, nous devons avoir une spécialité. C’est compliqué pour les femmes d’aller vendre leurs produits en milieu urbain, d’où l’importance des liens entre coopératives localement », déclare de son côté à L’OLJ Dunia el-Khoury, présidente et fondatrice de WADA.

Les sessions de formation pourront commencer prochainement, d’ici une à deux semaines. Chaque coopérative devra apprendre à cibler un secteur précis de spécialisation, où les membres seront assignés à une tâche précise. Et le financement ne commencera qu’à la fin du projet, souligne Maurice Saadé. Cette nouvelle méthodologie devrait à terme s’étendre à tout le Liban.


Des coopératives très actives
Une telle réunion est une occasion pour les femmes d’exprimer leurs idées, de raconter leurs réalisations et d’exposer leur souci concernant le financement des projets. Le centre WADA, où cette réunion a lieu et qui a obtenu son statut légal en 1994, illustre le dynamisme des coopératives de femmes dans la région. Il met l’accent sur le développement durable et le dialogue intercommunautaire.

« C’est un projet de vie », affirme Dunia el-Khoury. « Beaucoup de femmes profitent déjà des services de notre centre dans le secteur de l’agro-alimentaire, en préparant des produits du terroir, poursuit-elle. À travers ces produits traditionnels, nous essayons de conserver notre identité. Chaque année, des centaines de femmes participent à la production. Nous avons beaucoup d’attentes par rapport à ce projet de la FAO. »

WADA dispose d’un centre d’accueil des femmes, d’une cuisine équipée et de logements pour l’écotourisme. Il met l’accent sur l’importance de la sauvegarde du patrimoine culinaire de la région, notamment de sa spécialité, la « friké » (blé vert utilisé en cuisine), que les membres de la délégation ont pu déguster en fin de visite.

Si les autres coopératives n’ont pas encore atteint ce stade de développement, les idées ne leur manquent pas. Et de telles rencontres sont aussi l’occasion de discuter du développement de partenariats et de synergies entre les femmes. À l’instar de Najura el-Hussein, qui a lancé son projet en famille il y a trois ans. Diplômée de chimie, elle a la compétence nécessaire pour réaliser des tests bactériens visant à contrôler la qualité de ses produits. Elle a proposé aux autres groupes de leur transmettre son savoir et ses services de contrôle de qualité. Elle explique qu’un jeune homme est mort pas plus tard que la semaine dernière d’une intoxication alimentaire en mangeant du poulet. Pour elle, attester de la qualité alimentaire des coopératives est un axe essentiel. Marie-Louise Hayek, assistante de programme de la FAO, suggère pour sa part la mise en place d’une coopération où Najura el-Hussein mettrait son expertise au service des autres coopératives de la région.

Nichée sur une petite colline surplombant le village, la Maison des femmes de Deir el-Ahmar (WADA) fourmille d’activités en ce mercredi. Et pour cause, le centre accueille une délégation du bureau de l’organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Liban, ainsi que des responsables du ministère de l’Agriculture, et une délégation de l’ambassade du Canada....

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