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Économie - Finances

Fitch estime que le Liban devrait restructurer sa dette

L’agence évalue à environ 10 milliards de dollars les besoins « bruts » de financement du Liban en 2020 et 9 milliards en 2021.

L’agence pense que le scénario le plus probable pour permettre au pays d’envisager une sortie de crise passera par un accord avec le FMI. Reinhard Krause/Reuters

Fitch a indiqué une nouvelle fois mardi qu’il était plus que probable que le Liban se retrouve contraint de procéder à une « certaine forme de restructuration » de sa dette publique, une perspective qu’elle avait déjà soulevée en décembre après avoir dégradé la notation souveraine du pays, pour la seconde fois en un an – d’abord de « B- » à « CCC », puis à « CC ».

S’exprimant dans un commentaire publié à l’occasion d’un rapport plus dense – et payant – sur la situation financière du pays, l’agence de notation américaine – l’une des trois principales avec Moody’s et Standard & Poor’s – a ainsi jugé que le pays avait « techniquement » assez de réserves pour honorer le service de sa dette en 2020 et 2021, mais que le coût très élevé de l’opération rendait cette perspective « irréaliste sur le plan politique ».

Réserves nettes négatives

L’agence évalue à environ 10 milliards de dollars les besoins « bruts » de financement du Liban en 2020 et 9 milliards en 2021, dont elle pense qu’ils seront principalement puisés dans les réserves brutes de devises de la Banque du Liban. Or ces dernières, qui se seraient élevées à 29 milliards de dollars à fin janvier selon les calculs de Fitch (et à 30,5 milliards de dollars à mi-février selon la BDL), devraient continuer de baisser. L’agence souligne également que, selon ses estimations, les réserves nettes de devises de la BDL sont en réalité négatives – c’est-à-dire que ce que la banque centrale doit sur le long terme est supérieur à ce qu’elle détient et ce qu’on lui doit.

Fitch est également revenue sur le swap volontaire proposé un temps par la BDL aux détenteurs d’eurobonds-titres de dette publique libanaise en dollars, arrivant à maturité en 2020 avec des obligations de même nature mais de maturité plus longue, indiquant que l’idée serait toujours d’actualité, même si le gouvernement de Hassane Diab semblait l’avoir écartée. Pour rappel, le gouvernement libanais est en train d’étudier s’il doit rembourser ou non 1,2 milliard de dollars d’eurobonds arrivant à échéance en mars et a officiellement adressé la semaine dernière une demande pour obtenir une assistance technique du Fonds monétaire international. Le but du swap envisagé par la BDL était de lui permettre de récupérer les eurobonds arrivant à échéance en 2020 et qui sont détenus par les banques du pays, pour ainsi pouvoir se payer à elle-même les échéances dues et donc éviter au minimum de puiser dans ses réserves. Problème, les banques ont préféré brader, ces dernières semaines, leurs eurobonds de 2020 sur le marché secondaire pour empocher quelques liquidités plutôt que de donner suite à la requête du gouverneur, faisant ainsi grimper la part d’eurobonds détenus par des créanciers étrangers.

Mesure de détresse

Mais Fitch rappelle que ce swap en particulier « pouvait être considéré comme une mesure de détresse » (Distressed Debt Exchange – DDE), selon ses propres critères, un avis que partagent également ses pairs. Selon ses standards, une opération d’échange de titres de dette peut être assimilée à un DDE si sa finalité est justement d’éviter un défaut, en reportant artificiellement le terme des échéances à court terme. Fitch affirme en outre que la possibilité qu’un tel swap puisse encore être mis en œuvre pouvait contribuer à dégrader la note du pays à « C » et que l’annonce de sa mise en œuvre la ferait descendre d’un cran de plus à « RD ».L’agence considère en même temps que le fait de mettre la priorité sur le paiement des échéances à venir entraînera le pays vers une « récession sévère, accompagnée par des taux d’inflation et de chômage plus élevés et un prolongement de la crise dans le secteur financier ». Un scénario renforcé par la difficulté pour le gouvernement dans le contexte actuel de lancer les réformes budgétaires et structurelles qui lui permettraient de commencer à stabiliser sa situation financière, et à relancer la confiance dans le système monétaire et financier du pays.Au regard de tous ces éléments, l’agence pense que le scénario le plus probable pour permettre au pays d’envisager une sortie de crise passera par un accord avec le FMI, qui ouvrirait la voie à d’autres sources de financement extérieur, « issues de la Banque mondiale et d’autres partenaires bilatéraux du Golfe », mais inclurait une restructuration au moins partielle de la dette publique du pays.

Cette dernière opération « pourrait prendre plusieurs formes et les négociations avec les détenteurs d’eurobonds pourraient être compliquées », poursuit Fitch. Elle souligne de plus que le fait que plus de 60 % de la dette libanaise soit libellée en livres libanaises minimiserait les effets d’un haircut (décote) sur les titres en devises. Un haircut de 60 % sur les eurobonds ne réduirait la dette publique que de 33 points de pourcentage du PIB, en se basant sur le taux officiel actuel, ramenant le ratio dette/PIB à environ 120 %, ce qui restera très élevé.

Fitch rappelle enfin que la restructuration de la dette ne constituera qu’une partie du défi qui attend les autorités qui, en plus des réformes de fond visant à assainir les finances publiques et restructurer l’économie, devront également « adresser la question du passif » de la BDL et des banques et de l’interdépendance de leurs bilans qui représente une menace pour les déposants.

Fitch a indiqué une nouvelle fois mardi qu’il était plus que probable que le Liban se retrouve contraint de procéder à une « certaine forme de restructuration » de sa dette publique, une perspective qu’elle avait déjà soulevée en décembre après avoir dégradé la notation souveraine du pays, pour la seconde fois en un an – d’abord de « B- » à...

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