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France: bataille parlementaire sur les retraites après un chamboulement ministériel



L'Assemblée nationale à Paris, le 17 février 2020. / AFP / Christophe ARCHAMBAULT

La bataille de la réforme des retraites s'est ouverte lundi en France avec l'arrivée du projet controversé du camp présidentiel à l'Assemblée nationale, dans une atmosphère électrique et juste après un chamboulement ministériel.

Le camp du président Emmanuel Macron va devoir défendre d'arrache-pied le texte défendu par le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran, qui a été l'un de ses rapporteurs.

Jusqu'alors détentrice du portefeuille de la Santé, Agnès Buzyn a remplacé au pied levé dimanche le candidat de la majorité présidentielle à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux, qui s'est retiré, moins d'un mois avant le premier tour du scrutin, après la diffusion de vidéos intimes.

Ces turbulences interviennent alors que ce projet phare du président Macron a rencontré une vive opposition en France, déclenchant à partir de début décembre un conflit social exceptionnellement long.

Elles viennent aussi s'ajouter aux couacs et aux voix discordantes qui se sont récemment élevées dans la majorité. Au point que le président Emmanuel Macron avait appelé mardi les députés "à l'unité" pour "gagner la bataille des retraites" et "vendre" ce projet hautement sensible visant à créer un "système universel" de retraite par points.

Combattue dans la rue, la réforme va également l'être dans l'hémicycle. Les partis d'opposition ont déposé 41.000 amendements, alors qu'initialement seuls quinze jours de débats étaient prévus, soit 84 heures.

Selon une source parlementaire, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a proposé lundi, sans succès, de les limiter à 100 heures sur trois semaines.

Le gouvernement table toujours sur une adoption en première lecture avant les élections municipales et espère un feu vert définitif "d'ici à l'été".

Face à l'obstruction de l'opposition et notamment du parti de la gauche radicale La France Insoumise (LFI), les responsables de la majorité martèlent qu'un recours à l'article 49-3 --arme de la Constitution qui permet l'adoption sans vote-- "n'est pas l'objectif" mais certains députés ne l'excluent pas si le débat est "clairement impossible".


"Impréparation"
Droite comme gauche dénoncent un "mépris" du Parlement et un projet "nébuleux" et "à trous", avec notamment une trentaine d'ordonnances programmées.

Les trois groupes de gauche -- parti socialiste, parti communiste et LFI-- qui dénoncent un "amateurisme coupable" du gouvernement, tablent en plus des amendements (près de 37.000 à eux trois) sur une éventuelle motion de censure qui pourrait ralentir un peu plus les débats.

Lundi, 15 députés communistes sont arrivés dans une salle proche de l'hémicycle arborant chacun un t-shirt blanc comportant l'une des lettres du mot "referendum", ou le message "votons", pour réclamer une consultation sur la réforme.

La droite (LR) fustige également "l'impréparation" du gouvernement et estime que pour le financement, "on marche sur la tête".

Le vote de la réforme est programmé avant les conclusions d'une "conférence de financement" avec les partenaires sociaux, censée trouver d'ici à avril des mesures permettant d'atteindre l'équilibre en 2027.

Côté majorité, on affiche la volonté de faire aboutir cette réforme "de progrès social", "contre vents d'obstruction et marées d'amendements".

"On s'est organisés pour durer", indique à l'AFP le co-rapporteur Jacques Maire (LREM, majorité), une source parlementaire tablant sur le fait que l'opposition va "mettre du bazar" les premiers jours mais que cela ne durera pas.

Si le groupe soutient globalement la réforme, des interrogations ont émergé sur son impact budgétaire, et certains à l'aile gauche comptent faire entendre leur voix sur des sujets comme la pénibilité.

La réforme vise à instaurer un système "universel" de retraite et à supprimer les régimes spéciaux qui permettent à certaines catégories professionnelles de partir plus tôt.

Son but est également d'assurer l'équilibre financier à long terme du système en incitant les Français à travailler plus longtemps, point sur lequel se cristallise l'opposition.

Le mécontentement s'est traduit à partir du 5 décembre par des manifestations et des grèves, notamment dans les transports.

La bataille de la réforme des retraites s'est ouverte lundi en France avec l'arrivée du projet controversé du camp présidentiel à l'Assemblée nationale, dans une atmosphère électrique et juste après un chamboulement ministériel. Le camp du président Emmanuel Macron va devoir défendre d'arrache-pied le texte défendu par le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran, qui a ...