L’incident de Maameltein se transforme en bataille judiciaire

L’indignation soulevée par l’agression perpétrée par des gardes du corps du député de Jezzine, Ziad Assouad, dans la nuit de mercredi à jeudi contre des manifestants venus le déloger d’un restaurant de Jounieh-Maameltein n’est toujours pas retombée. Pour le moment, toutefois, cette agression, au cours de laquelle plusieurs activistes ont été sévèrement battus et humiliés, s’est transformée en une bataille judiciaire. En effet, aussi bien l’ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, que le député Ziad Assouad, ont réagi à ce grave incident, le premier en déposant une note d’information devant le bureau du procureur général près la Cour de cassation contre le député aouniste et plusieurs de ses partisans, accusés d’avoir « attaqué un citoyen libanais et menacé la paix civile », le second en se constituant partie civile contre dix activistes, dont Rabih Zein, le chef du groupe tripolitain Thaourat al-Mahroumine (« Révolution des déshérités ») (voir encadré). Les autres activistes poursuivis sont Habib Najem, Alain Waked, Wajdi Arja, Carlos Zgheib, Ghassan Boustany, Michel Boustany, Charbel Antoine Zgheib dit « Younan » et Roger Michel Akiki. Ces derniers sont accusés d’avoir agressé l’un des gardes du corps du parlementaire et dégradé des biens publics et privés.

Dans sa note d’information, M. Rifi, originaire de Tripoli (Nord), défend les activistes attaqués et accuse le député aouniste de les avoir « piégés » en les attirant vers le parking où ses hommes les attendaient. L’ancien ministre de la Justice accuse également les partisans de M. Assouad d’avoir lancé des paroles « haineuses et à caractère confessionnel qui menacent la paix civile, l’unité nationale et le vivre-ensemble », en référence à l’attaque contre le jeune Tripolitain Walid Raad. « On est au Kesrouan ici, animal ! » avait lancé l’agresseur de Walid Raad, en le rouant de coups après s’être assuré qu’il venait de Tripoli. Avec d’autres activistes, le jeune homme était accouru du stade Fouad Chéhab, où des militants campent depuis quelques semaines, et était tombé dans le piège tendu par les fiers-à-bras du député Ziad Assouad. La veille, le service de renseignements de l’armée avait annoncé qu’une des personnes impliquées dans l’attaque contre Walid Raad a été arrêtée. Ses complices, toutefois, courent toujours.

(Lire aussi : Un esclandre à Maameltein prend une tournure confessionnelle, Ziad Assouad se défend)

Pétition
Pour sa part, le rassemblement de Saydet el-Jabal, dont l’ancien député Farès Souhaïd, a fait circuler une pétition signée par une centaine de personnalités réclamant que « la vérité soit faite et que des comptes soient demandés » dans l’affaire de Jounieh-Maameltein, considérée comme « une grave atteinte à la coexistence ».Par ailleurs, un groupe de cinq avocats, Fadi Saad, Amr Kouch, Mohammad Ziad Jaafil, Jihad Abou Ammo et Michel Fallah, a déposé le 5 février une note d’information devant le parquet de Cassation contre M. Assouad, l’accusant « de prendre prétexte de son immunité pour se dérober (à la justice) ». La note incrimine un certain nombre de gardes du corps et de partisans du député « d’incitation à la haine et à la discorde ».

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