L’envolée d’Angèle semble sans limite

Elle vient du plat pays, de la terre de Jacques Brel, Salvatore Adamo, Lara Fabian, Axelle Red, Stromae et bien d’autres… Angèle est son nom de scène, et à vingt-quatre printemps, mademoiselle Van Laeken brille de mille feux. Les plateaux de télé lui font un triomphe. Ses chansons, ses clips et sa jeune carrière cartonnent aussi bien en Wallonie, Flandre que dans l’Hexagone et tout l’espace francophone. Ses quatre concerts prévus à la mi-février à Bercy (à Paris) affichent complet. Et il semblerait, selon le magazine Les Inrocks, que la chanteuse fera en 2020 ses premiers pas au cinéma dans la comédie musicale Annette, aux côtés d’Adam Driver et de Marion Cotillard, devant la caméra de Leos Carax, pas moins !

L’histoire de son ascension n’est pas un conte de fées qui vient de nulle part. De parents artistes (fille du chanteur Marka et de la comédienne Laurence Bibot, plus connus récemment sous le nom du duo pop-rock électro Monsieur et Madame avec son tube Mercy sur l’immigration pour Eurovision), un frère rappeur, Roméo Elvis, déjà un pied sur l’étrier du show-business, Angèle semblait avoir un chemin tout tracé pour le monde du spectacle et des variétés. Tout pouvait lui sourire d’emblée…

Auteure, compositrice, interprète, instrumentiste (piano), Angèle, blonde comme les blés, un visage rieur avec des lèvres pulpeuses à la Lolita, enflamme ses nombreux fans, non seulement par un physique d’ange à la séduction diabolique, mais surtout par son talent. Celui de chanter et d’être (et de se mettre) sur scène.

Après des études en musique, tâtant du jazz qu’elle affectionne, la jeune artiste donne des concerts furtifs dans les cafés si fréquentés de Bruxelles. En fille de son époque, c’est sur Instagram (où aujourd’hui elle compte 2,5 millions d’abonnés) qu’on découvre, en 2016, sa frimousse et son filet de voix avec un mélange d’humour et d’esprit festif.

« Je veux tes yeux »

Tout en donnant la réplique à certains artistes rappeurs et cubains plus ou moins connus, elle fait son bonhomme de chemin jusqu’en 2017. Avec la sortie de son premier single La loi de Murphy, elle sort de l’anonymat. C’est sur YouTube que l’attention se concentre sur sa personne et son style qui sort du rang. Un second single Je veux tes yeux talonne le premier, ce qui la conduit au Trianon à Paris pour un concert tapageur où les jeunes (et moins jeunes) lui font un triomphe.

En 2018, à l’occasion des festivals d’été, elle concrétise encore plus son statut de véritable révélation face à un public de plus en plus sous le charme. Phénomène auquel s’accroche d’ailleurs aussi le jury des Victoires de la musique qui lui décerne en 2019 deux récompenses, clip et album révélation pour Brol, certifié disque de platine et diamant. Rebelote cette année avec trois nominations pour les Victoires 2020, dont le prix convoité d’artiste de l’année.

Et l’envolée d’Angèle semble sans limite car, avec un album et sept singles, la chanteuse s’est tracé une voie (voix !) royale. Avec malice et un charme fou, elle mène sa campagne contre le sexisme et le machisme dont elle est une intransigeante suffragette. Son vidéoclip Balance ton quoi, tourné dans un esprit ludique, un soupçon de bouffonnerie, un grain de crudité (certaines séquences ont subi les ciseaux de la censure !) s’attaque aux mâles suffisants. Avec la furtive contribution de Pierre Niney, Guillaume Delorme et Nikita Belluci (ancienne reine de porno), pour ne citer qu’eux… Le public, qui s’amuse de ses provocations mais aussi de ses rengaines et de ses mimiques, mort à l’hameçon.

Fille au grand cœur, tout comme Slimane ou Line Renaud du côté des seniors, Angèle a la philanthropie vrillée au doigt comme une alliance. Comme ses parents, sans doute, qui ont célébré en une chanson, devant des millions d’auditeurs, la naissance d’une Nigérienne sur un bateau de migrants clandestins. Elle contribue à des opérations caritatives et collabore avec l’association KickCancer, engagée dans la lutte contre le cancer des enfants.

Étonnante et superbe jeunesse actuelle qui ne se contente pas de la gloire ou du talent mais s’implique pour les autres. On attend la suite, car à vingt-quatre ans, elle n’en est qu’au début de tout, comme une note sur une partition aux clefs ouvertes, aussi bien du côté de la chanson et des variétés que de l’engagement social. Ou du cinéma !