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Culture - RENCONTRE

Marc-Émile Boustany est jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées...

Le pianiste vient de donner, à l’église Saint-Joseph (USJ), son premier concert grand public. Avec, au bout des doigts, des pages de Bach, Haydn, Brahms, Ravel et Mendelssohn.

Vingt et un printemps, cheveux coupés courts, barbe naissante et minois fin avec des yeux pétillants, le jeune pianiste, étudiant en quatrième année de génie mécanique à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), n’en revient pas encore de la pluie d’applaudissements qui a conclu sa prestation en ce soir de fin de week-end entre averse diluvienne et la rue Weygand en apocalypse, enfumée par les bombes lacrymogènes… En ce lieu même où de jeunes manifestants, pour avoir osé demander leurs droits de vivre les plus basiques, ont eu l’auriculaire en bouillie ou ont perdu la vue par des balles en caoutchouc tirées à bout portant.Marc-Émile Boustany, incarnation de la phrase cornélienne « je suis jeune il est vrai, mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », a officié devant l’auditoire dans une conjoncture difficile et chaotique en s’attaquant à un programme très ambitieux de partitions panachées, vaste tour d’horizon et d’époque. Au menu de ce premier solo grand public : la Suite française n° 2 de Bach, la Sonate en mi mineur de Haydn, la Rhapsodie n° 2 de Brahms, la Sonatine de Ravel et les Variations sérieuses de Mendelssohn. Ainsi se présentait son message de paix, d’amour et de sérénité.

Il ratisse large

L’histoire de Boustany a commencé, comme moult musiciens, à l’âge de six ans. Suite à sa fascination devant un vieux piano coréen Horugel que sa mère a délaissé, il fait ses premières gammes avec le musicien père Joseph Waked, qui n’est autre que son grand-père. Il découvre ainsi les mélodies et les sons qui s’assemblent en toute harmonie. Et puis, après une phase de rupture et une période indécise, il reprend à douze ans sérieusement les études avec Kamal Moukarzel (Jamhour), puis à l’École de musique antonine, avec Rita Ahmad, Armen Keutchek et enfin le pianiste Patrick Fayad, membre de la faculté de musique de la Notre Dame University (NDU), qui s’est révélé son véritable Pygmalion.

Pour jouer ou écouter la musique, le jeune homme ratisse large et aime découvrir, tout comme le menu qu’il a proposé aux auditeurs. « Chaque époque a ses caractéristiques et ses beautés », dit-il.

Quadrilingue (français, arabe, anglais, espagnol), parfaitement dans le vent, comme tous les jeunes de sa génération, il s’active au sport (natation, jogging, gym) tout aussi bien que sur les réseaux sociaux, tout en se préoccupant de la « thaoura » car il confie qu’il a déjà, plus d’une fois, aidé à nettoyer les places publiques où les dégâts des batailles livrées ont laissé leur empreinte… Et il le dit avec un sourire désarmant. Tout comme « la torture » des gammes auxquelles l’astreint son mentor Patrick Fayad. Et ce dernier d’expliquer : « La torture des gammes, c’est la toilette de tous les jours pour les notes. C’est un peu comme la barre pour les danseurs ! »

Féru de lecture (Éric-Emmanuel Schmitt, Bernard Weber et son dernier ouvrage en main est Deir el-Qamar, une saga d’histoire et d’hommes de l’époque phénicienne au XXIe siècle d’Antoine L. Boustany), voyageur impénitent (déjà!), admiratif devant le jeu des pianistes tels France Clidat, Martha Argerich, Yvonne Lefébure et Konstantin Scherbakov, cet artiste ambitieux a plus d’une corde à son arc car la peinture le titille aussi. Il passe aisément de l’abstrait aux paysages, de l’aquarelle à l’huile ou les mixed medias. « Non, je ne regarde pas de films, dit-il, car je n’ai pas le temps. » Et on le comprend !

Pour ce cursus étonnant pour son âge, quel désir d’avenir ? La réponse fuse : « Aller en France à l’École normale de musique à Paris. Je suis certes plus porté à ce qui est artistique et musical, mais la réalité libanaise me force à mener à bon port mon diplôme scientifique d’ingénieur. Les arts au pays du Cèdre ne sont pas favorisés… »

Pour conclure, un dernier accord, quelle est sa devise dans la vie? « Quand on aime quelque chose, il faut se donner à fond et se donner les moyens de réussir. » On attend la suite, car un prince du clavier est peut-être né.

Vingt et un printemps, cheveux coupés courts, barbe naissante et minois fin avec des yeux pétillants, le jeune pianiste, étudiant en quatrième année de génie mécanique à l’Université américaine de Beyrouth (AUB), n’en revient pas encore de la pluie d’applaudissements qui a conclu sa prestation en ce soir de fin de week-end entre averse diluvienne et la rue Weygand en apocalypse,...

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