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Liban - Palais de justice

Melhem Khalaf prend la défense d’un avocat âgé expulsé d’une salle d’audience par un juge

« Dans une salle de tribunal pénal, le juge a un pouvoir absolu », affirme à « L’OLJ » le président de la chambre criminelle, Sami Sodqi.


Le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, a pris hier avec éloquence la défense d’un avocat âgé de 86 ans, expulsé d’une salle d’audience par un juge parce qu’il parlait trop fort, selon des éléments obtenus par L’Orient-Le Jour qui a interrogé l’un des acteurs de l’affaire, en l’occurence le président de la chambre criminelle, Sami Sodqi, ainsi qu’un membre du conseil de l’ordre des avocats, Nader Gaspard. Celui-ci, également commissaire du Palais de justice auprès du gouvernement, raconte à L’OLJ que l’avocat, qui a « des problèmes d’audition », discutait sur son téléphone portable avec son épouse au sujet de médicaments. « Le juge Sodqi présidait une audience et a entendu quelqu’un parler fort. On l’a informé qu’il s’agissait de l’avocat Malek Oueidate. Le juge a alors demandé qu’il sorte de la salle d’audience », ajoute M. Gaspard.

Informé de l’incident, le bâtonnier s’est rendu auprès de Malek Oueidate, accompagné de M. Gaspard et du secrétaire général de l’ordre, Saadeddine Khatib, ainsi que de plusieurs avocats. « Nous avons trouvé M. Oueidate en dehors de la salle d’audience, assis sur un banc », indique M. Gaspard.

La vidéo du bâtonnier rhabillant Malek Oueidate de sa robe d’avocat a fait le tour des réseaux sociaux.

« Nous sommes rentrés dans la salle du tribunal et nous nous sommes assis jusqu’à la fin de l’audience », raconte Nader Gaspard. Selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), Melhem Khalaf a ensuite pris la parole. « Nous refusons qu’un avocat soit expulsé d’une salle d’audience », a-t-il lancé. « Je ne vous permets pas de causer du chahut », a répondu le juge, leur demandant de sortir. « Nous déclarons alors que nous boycotterons les séances du juge Sodqi », a rétorqué le bâtonnier.

« Dans une salle de tribunal, plus particulièrement en chambre criminelle, le juge a un pouvoir absolu à l’intérieur de la salle », précise le juge Sami Sodqi à L’OLJ, qui dit avoir usé de son « pouvoir discrétionnaire ». « Melhem Khalaf n’avait pas à prendre la parole comme il l’a fait. Il ne peut pas se permettre de s’adresser à moi de cette façon, dans une salle pleine, ajoute-t-il. Il aurait dû attendre la fin de l’audience et m’en parler dans mon bureau. »

L’OLJ n’a pas réussi à joindre M. Khalaf pour un commentaire.

Après l’incident, M. Khalaf et plusieurs avocats se sont rendus au bureau du président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Souheil Abboud, qui a exprimé « son attachement au bon fonctionnement des deux branches de la justice, à savoir les juges et les avocats ». M. Gaspard, qui faisait partie de ces avocats, a affirmé à L’OLJ que le président du CSM s’est montré « compréhensif et coopératif ».

L’élection de M. Khalaf, un indépendant, en tant que bâtonnier de Beyrouth, a été considérée comme une victoire du mouvement de contestation populaire qui traverse le Liban depuis le 17 octobre dernier.


Le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, a pris hier avec éloquence la défense d’un avocat âgé de 86 ans, expulsé d’une salle d’audience par un juge parce qu’il parlait trop fort, selon des éléments obtenus par L’Orient-Le Jour qui a interrogé l’un des acteurs de l’affaire, en l’occurence le président de la chambre criminelle, Sami Sodqi, ainsi qu’un membre...

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