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Nos Lecteurs ont la Parole - par Joëlle ASSAF

L’histoire de la Révolution d’Octobre

« Maman, Maman c’est quoi une révolte ? »

La révolte, ma petite, est toute attitude de refus devant une contrainte. La révolte commence par chacun de nous et en chacun de nous ! Elle commence dans nos maisons, dans nos écoles, dans nos boulots, dans nos esprits avant d’atteindre les rues.

À chaque fois qu’on refuse d’être humilié... On se révolte !

À chaque fois qu’on impose d’être respecté... On se révolte !

À chaque fois qu’on dit notre opinion sans hésiter... On se révolte !

À chaque fois qu’on défend nos droits et les droits des autres... On se révolte !

À chaque fois qu’on avance vers nos rêves sans avoir peur... On se révolte !

À chaque fois qu’on lutte contre l’inégalité, l’injustice, la pauvreté... On se révolte !

La révolte n’est pas seulement de porter notre drapeau et de descendre dans les rues. La révolte, c’est un état d’esprit, c’est une façon d’être, c’est un sentiment qui doit nous envahir à tout moment... »

« Maman s’il te plaît raconte-moi l’histoire de la révolution d’octobre ! »

« La révolution, ma chère, a commencé lorsque les Libanais ont brisé la barrière de la peur, cette barrière qui nous a empêchés d’avancer depuis des années. La nuit du 17 octobre, un très grand nombre de manifestants ont envahi les places et les rues dans plusieurs régions libanaises après l’annonce d’une taxe sur WhatsApp. En fait, ce n’était pas la seule raison derrière cette révolution mais il s’agissait plutôt d’un cumul datant depuis trente ans et plus. Les Libanais en avaient marre de tout ce système corrompu ainsi que de tous les politiciens qui ont mené le pays à la crise. Ils désiraient l’instauration d’un État laïc et avaient beaucoup de demandes dont la majorité sont leurs droits en premier lieu.

D’ailleurs, c’était très émouvant de les voir tous unis, tenant leurs mains pour construire ensemble une chaîne humaine reliant le nord de notre pays à son sud. Mais certaines personnes tenaient leurs mains pour leurs propres intérêts, ayant des intentions cachées, voulant profiter de cette révolution pour des enjeux politiques. Pour cela, il fallait que les révolutionnaires soient prudents comme les serpents et simples comme les colombes.

Leur révolution était pacifique et à son centre se tenaient les jeunes de mon pays. Tandis que le cœur de cette révolution était les femmes de mon pays.

D’une part, la nouvelle génération était ce changement qu’on a prié de voir un jour ! Ils sont notre espoir car ils n’ont pas vécu la guerre civile et de ce fait ils refusent radicalement le confessionnalisme politique, le sectarisme, le fanatisme et l’appartenance stéréotypée. Ils sont le futur du Liban, notre fierté et le meilleur avenir qu’on attend !

D’autre part, une femme libanaise courageuse a donné un coup de pied à un homme armé qui protégeait un politicien... Cette femme sans le savoir a réveillé toutes les femmes de mon pays d’une longue hibernation ! Elles envahissaient alors les rues et criaient au monde entier nous les Libanaises nous sommes beaucoup plus qu’une belle figure ! C’est vrai, nous avons une féminité remarquable mais aussi quand il le faut, on donne un coup de pied et on renverse la table ! Elles portaient avec elles leurs ustensiles de cuisine en métal et leurs pots et claquaient fort sur eux, exprimant ainsi leur révolte. Leurs voix étaient si hautes que tout le monde a dit après : La révolution est une femme ! »

« Et après maman, qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce qu’ils ont pu bâtir un nouveau Liban ? »

« Ça va être dur de bâtir un nouveau Liban, ce n’est pas une question de jours et même pas de mois, c’est un long parcours qui va durer des années. Il y aura de la souffrance avant la naissance mais il faut toujours avoir de la patience, de la sagesse et surtout de la persévérance. Le voyage de mille pas commence toujours par le premier pas... Ils ont commencé par le premier pas et maintenant il faut continuer et ne pas accepter ce que nos parents et grands-parents ont accepté, et surtout ne pas refaire leurs erreurs ! Ces erreurs dont on paye le prix trop cher jusqu’à ce jour! Il faut continuer et se souvenir toujours du fait que la vraie révolution doit être dans les urnes. Quand c’est le temps des élections, c’est notre devoir en tant que citoyens libanais de poursuivre l’histoire de la révolution contre la corruption. Il faut que nos voix résonnent comme le cor et fassent entendre au monde entier la voix de la justice et de la liberté ! »

« Maman j’aime le Liban, je veux rester ici, je ne veux pas émigrer ! »

« Ma chère, personne ne désire émigrer mais c’est trop difficile de chercher un emploi et ne pas en trouver un ou d’exercer un métier qu’on n’aime pas, juste pour survivre. Notre argent, dans ce pays, a été volé mais ce qui est pire que cela, c’est le vol de nos années. L’argent pourra être récupéré mais nos années, jamais ! Nous avons vendu nos rêves pour acheter du pain, mais vous, rêvez, rêvez, rêvez et faites de votre mieux pour réaliser vos rêves ! Vos rêves en tant que tels sont une révolution en elle-même ! »


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

« Maman, Maman c’est quoi une révolte ? » La révolte, ma petite, est toute attitude de refus devant une contrainte. La révolte commence par chacun de nous et en chacun de nous ! Elle commence dans nos maisons, dans nos écoles, dans nos boulots, dans nos esprits avant d’atteindre les rues. À chaque fois qu’on refuse d’être humilié... On se révolte ! À chaque fois...

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