Le ski alpinisme, une irrésistible ascension olympique

« Ce serait incroyable que le ski alpinisme n’entre pas aux Jeux olympiques ! » Ophélie David, multiple médaillée olympique en ski et cheffe de mission de la délégation française ne tarit pas d’éloges sur un sport « frais et ludique ». Cette discipline est au programme, pour la première fois cette année, des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) d’hiver qui se déroulent actuellement à Lausanne.

Jadis façon de se déplacer l’hiver en montagne, la pratique s’est étendue aux loisirs avec le ski de randonnée avant de s’ouvrir à la performance avec des courses mythiques comme la Patrouille des glaciers en Suisse ou la Pierra Menta en France. Pratiqué à l’origine sur de longues distances, le ski alpinisme alterne des ascensions sur des skis légers équipés de peau de phoque ou à pied, skis dans le sac, quand la pente est trop raide, puis des descentes. Sur des formats plus courts, il présente aux JOJ une épreuve individuelle d’environ 1 heure, une épreuve sprint de 2 à 3 minutes et un relais, au plus près du public.

Encadré en France dans une fédération qui chapeaute également l’escalade et à l’international par une fédération qui ne compte encore que 38 pays membres, ce sport en pleine ascension séduit. « Le ski alpinisme se popularise de plus en plus et c’est même le monde olympique qui a du retard », assure Ophélie David, venue soutenir les Bleus à Villars, notamment la jeune Française Margot Ravinel, qui a décroché sa 2e médaille de bronze en autant d’épreuves.

« Le ski alpinisme a fait une très grosse impression. C’est très spectaculaire, compact et facile à comprendre, exactement ce dont nous avons besoin », s’enthousiasme Christophe Dubi, directeur des JO au Comité international olympique (CIO). Il était lui aussi en visite aux JOJ, en compagnie de Thomas Bach, le président du CIO, pour assister aux épreuves de sprint. Ces épreuves ont été remportées chez les dames par l’Espagnole Maria Costa Diez, et chez les hommes, elles ont été marquées par un doublé italien. « L’enchaînement dynamique des courses hommes et femmes sur un même site est également un plus », ajoute Christophe Dubi, pour qui « la notion d’universalité constitue sans doute le plus grand défi ».

De plus en plus pratiqué en Europe, ce sport est en effet beaucoup plus confidentiel en Amérique du Nord ou en Asie, où une épreuve de Coupe du monde est cependant organisée. Aux JOJ de Lausanne, seuls 17 pays, dont 12 européens, étaient alignés en ski alpinisme. Les Amériques ne comptaient que deux représentants (Canada et États-Unis) et l’Asie trois membres (Chine, Corée du Sud, Iran). « Le peu de pays pratiquants n’est pas un problème, c’est le cas d’autres disciplines qui sont déjà olympiques », rétorque Ophélie David. « C’est en train de devenir universel », renchérit Pierre-Henri Paillasson, directeur technique national de la Fédération française de montagne et d’escalade, qui a œuvré pour l’entrée de l’escalade aux JO d’été. Le sport fera ainsi ses grands débuts sous les cinq anneaux cet été aux JO de Tokyo. « Il y a dix ans, on n’imaginait pas que l’escalade soit olympique. Pour le ski alpinisme, tout est donc ouvert », assure-t-il.

S’il est trop tard pour les JO d’hiver de Pékin 2022, le rêve olympique pourrait devenir réalité en 2026 lors des JO de Milan/Cortina d’Ampezzo. « Il y a à Cortina une vraie culture de la montagne, ce serait l’écrin idéal pour l’entrée du ski alpinisme », estime Ophélie David. « Aux JOJ, les organisateurs ont bien préparé les épreuves, donc c’est une bonne publicité pour notre sport, dit pour sa part Margot Ravinel. J’espère que le ski alpinisme sera présent » aux JO de Milan. « Je pense qu’il y a une chance », veut ainsi croire la jeune femme de 17 ans.

Source : AFP